ENCYCLOPÉDIE - « J’ose Demander » - S’il te plaît, pose-moi une question

Les adultes ont rarement le temps et la patience de bien répondre aux questions de leurs enfants, lorsqu’ils en connaissent les réponses. D’où l’originalité de l’idée de la société Books & Acts : créer une encyclopédie pour les jeunes, qui répondrait à des questions posées par des jeunes. En français. Un projet inédit, qui sera achevé très prochainement. Les neufs premiers volumes de J’ose Demander attendent actuellement d’être corrigés et adaptés aux jeunes, côté style. Ils seront imprimés à la fin de l’année 2001. L’initiative de cette entreprise revient à Saïd Deeb, un des propriétaire de Books & Acts. «Lorsque j’étais enfant, à l’école, on nous donnait souvent des recherches à faire et j’avais du mal à trouver les informations dont j’avais besoin. Par ailleurs, j’étais assez curieux et beaucoup de questions me tracassaient, auxquelles je ne trouvais pas de réponses. Je me disais que je ferai quelque chose pour remédier à cela lorsque je serai grand». Cette idée l’accompagne pendant des années. En 1988, il devient directeur de la maison d’édition Nobilis et repense sérieusement à son projet. «Les encyclopédies imposent toujours leurs questions au lecteur. Moi je voulais vraiment répondre aux besoins des enfants qui ont des questions étonnantes». Mais il lui faudra attendre encore dix ans avant de pouvoir passer à l’action, et avant que lui vienne l’idée de se rendre dans les écoles et de demander aux enfants de lui poser leurs questions. Deux cent mille écoliers libanais de 500 établissements, âgés de 8 à 16 ans, participent à l’opération. Leurs questions sont ensuite sélectionnées, complétées et classées par thèmes. La politique et l’univers ayant été écartés «pour le moment», dix sujets principaux se détachent du lot : technologie, cinéma, religion, plantes, pays, célébrités histoire, célébrités littérature et art, animaux, sports. Books & Acts se met alors à la recherche de spécialistes capables de répondre à ces questions. Professeur de génie civil à la faculté de génie de l’Université libanaise, Georges J. Nasr supervise l’étape «réponses». Le groupe de recherches est confié à Cécile N. Accad, diplômée en sciences de l’éducation, professeur à l’Institut de psychomotricité de la faculté de médecine de l’Université Saint-Joseph. Dix volumes illustrés Dans sa première édition, l’encyclopédie J’ose Demander comprendra donc neuf volumes et un index qui seront distribués gratuitement à toutes les écoles participantes et disponibles dans toutes les librairies. Des ouvrages format A4, joliment illustrés, au style simple, adapté aux jeunes. Toutes les photographies sont signées Tino Kahouch, «sauf celles des personnalités disparues que nous avons dû acheter, avec les droits de publication», précise Saïd Deeb. Docteur ès sciences, ingénieur agronome, professeur à l’Université libanaise, Hassan Makhlouf est intervenu en ce qui concerne le volume Plantes. «Les 500 questions collectées ont été regroupées en 110 questions. Certaines étaient très simples, d’autres très compliquées, mais elles exprimaient toutes, chez l’enfant, un désir de savoir, un point d’intérêt, indique-t-il. Nous avons essayé d’y répondre de manière lisible, mais en apportant le maximum de données scientifiques et d’informations». Pour l’ethno botaniste, qui a également surveillé le volume Technologie, «cette encyclopédie est une idée innovatrice et une excellente initiative qui va pousser les enfants à la recherche. Par ailleurs, elle permettra aux adultes de connaître les intérêts de leurs enfants, et de mieux les aider dans leurs recherches scolaires». Pourquoi Books & Acts a choisi le français ? «Parce qu’en général, dans les écoles, les recherches se donnent en français, et que les thèmes traités dans cette encyclopédie sont également enseignés en français, répond Saïd Deeb. D’autre part, nous avons voulu soutenir cette langue et lui redonner un nouvel élan». L’Internet ne risque-t-il pas de concurrencer J’ose Demander ? «Non. Il y a des choses que l’on ne peut pas trouver sur Internet, notamment les questions métaphysiques. De plus, Internet ne s’adresse pas particulièrement aux enfants et utilise souvent un langage trop compliqué pour eux. Enfin, l’Internet n’est pas encore accessible à tous». Et à propos d’Internet, J’ose Demander aura son propre site Web sur lequel plusieurs activités seront organisées. À l’avenir, d’autres volumes de J’ose Demander pourraient être publiés. Par ailleurs, une version «mise à jour» sortira chaque année. Directeur des ventes, Mario Moussa souligne que «le souhait de Books & Acts est de distribuer gratuitement “J’ose Demander”. Pour cela, il nous faut des sponsors. Plus nous en auront, moins notre encyclopédie sera chère», dit-il, précisant que des offres intéressantes seront faites aux intéressés. «Nous avons également besoin de photos, pour compléter et enrichir notre collection de 20 000 clichés». À bon entendeur…