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Actualités - CHRONOLOGIES

Parlement - Ouverture ce matin du débat budgétaire - Politique et économique s’enchevêtrent - place de l’Étoile

Avec un retard de six mois sur le délai constitutionnel, la Chambre s’attaquera ce matin au projet de budget 2001 dont l’exposé des motifs a été distribué hier aux parlementaires. Étalé sur trois jours, à raison de deux séances quotidiennes, matinale et nocturne (retransmises en direct par les chaînes de télévision), le débat budgétaire s’ouvre sur fond d’un malaise politique qu’accentuent les tout derniers tiraillements au sein du pouvoir. Moins de vingt-quatre heures avant que la Chambre ne passe au crible la gestion du gouvernement Hariri, le chef du Parlement a lancé une attaque en bonne et due forme contre la politique économique du Cabinet, égratignant au passage la présidence de la République. «Après Israël, c’est incontestablement la situation économique qui représente le plus grand danger pour le Liban. Elle commande davantage de solidarité et davantage de mesures à prendre. Malheureusement, celles sur lesquelles on s’était entendu (avec le chef du gouvernement Rafic Hariri) durant les réunions de Faqra ne sont pas exécutées. De manière générale, le gouvernement et l’État ne règlent pas le dossier économique comme ils devraient le faire. En d’autres termes, nous sommes face à un cancer que nous tentons de guérir avec de l’aspirine alors que nous sommes supposés employer les grands moyens». Vendredi, dans son discours à l’Unesco, M. Nabih Berry avait reproché au chef de l’État le général Émile Lahoud le retard dans l’exécution de projets de développement au Liban-Sud. Bien que, de sources parlementaires, on n’ait pas hésité à situer la prise de position du chef du Parlement dans le cadre des querelles politiciennes, elle reste très significative, d’autant qu’elle est intervenue à la veille du débat budgétaire et juste quelques minutes après un entretien de quarante-cinq minutes, place de l’Étoile, entre MM. Berry et Hariri. De sources proches du chef du gouvernement, on a indiqué que les discussions entre les deux responsables ont porté sur des questions d’ordre «organisationnel». En d’autres termes, sur le déroulement des séances. Le vote du budget est prévu par M. Berry pour jeudi soir. Le Conseil des ministres ne se réunira donc pas cette semaine. Pas un mot entre MM. Berry et Hariri sur les griefs du président de la Chambre contre la gestion économique du gouvernement ou les délais au niveau du lancement du programme de développement du Liban-Sud. C’est ce qu’on a du moins assuré de mêmes sources. Quoi qu’il en soit, les membres des blocs parlementaires du Hezbollah et de M. Berry axeront leurs interventions sur ce retard. Le bloc Berry tiendra ce matin une réunion pour s’entendre sur les sujets qui seront abordés durant le débat, selon une source de ce groupe parlementaire qui ne manquera pas, le moment venu, de voter le budget quels que soient les reproches que ses membres auront formulés à l’encontre du gouvernement. «Ce qui importe davantage que le vote, c’est le fait d’adopter une position de principe», selon la même source. Ce qui n’est peut-être pas le cas pour le Hezbollah qui, rappelle-t-on, avait justement adopté une «position de principe» en s’abstenant, en novembre dernier, d’accorder sa confiance au gouvernement. «Certaines habitudes sont contraignantes», a affirmé un député hezbollahi qu’on interrogeait sur le point de savoir s’il votera avec ses collègues le budget 2001. Les rôles ont été déjà répartis entre les députés du Hezbollah dont chacun axera son intervention sur un sujet déterminé : politique, économique et social. Pas d’assainissement économique sans une réforme politique Le politique et l’économique justement. Une majorité parlementaire fera la part belle aux deux dossiers, simultanément, partant du principe qu’il est pratiquement utopique d’espérer un redressement économique tant que l’activité politique dans le pays laisse à désirer et tant que la liberté de décision libanaise reste hypothéquée. Un thème récurrent qui a été soulevé sans succès durant le débat de confiance puis au cours des réunions parlementaires consécutives et sur lequel les principales figures parlementaires comptent revenir aujourd’hui encore. Albert Moukheiber, Nayla Moawad, Nassib Lahoud, Boutros Harb, Omar Karamé, Hussein Husseini, Salah Honein et d’autres peut-être tenteront encore une fois de sensibiliser le gouvernement sur ce point tout en dénonçant les anomalies qui caractérisent, selon eux, l’exercice politique. Il faut s’attendre à ce que le dossier de la présence syrienne et des relations entre Beyrouth et Damas soit abordé, a-t-on indiqué de sources parlementaires. Les problèmes sociaux et le déploiement de l’armée au Liban-Sud ou le dossier de l’Université libanaise aussi. Sur le plan économique, les réserves parlementaires semblent innombrables. Les mesures prévues par le gouvernement en vue d’un redressement économique et d’un assainissement financier ne font pas l’unanimité à la Chambre, bien que leurs avantages et leurs finalités aient été présentés en long et en large dans l’exposé des motifs du projet de budget. Le ton a déjà été donné en commission lorsqu’une majorité parlementaire avait refusé l’autorisation demandée par le gouvernement pour émettre des bons du Trésor en devises sur les marchés internationaux, estimant qu’une telle démarche est hasardeuse pour un pays en butte à d’énormes difficultés économiques et qui croule en même temps sous une dette qui va plafonner à 30 milliards de dollars à la fin de l’année, selon des sources parlementaires. Six mois après sa formation, le gouvernement Hariri n’a toujours pas réussi à dissiper les appréhensions de nombreux parlementaires qui jugent insuffisantes, à l’instar du président de la Chambre d’ailleurs, les mesures économiques et financières du gouvernement, voire qui contestent leur opportunité. Aujourd’hui, on entendra M. Nassib Lahoud, et d’autres parlementaires peut-être, réclamer un calendrier-programme du plan de redressement avec des précisions sur les objectifs escomptés et, surtout, un délailimite pour les atteindre. Dans l’exposé des motifs du budget, le gouvernement réitère ses objectifs qui consistent à stimuler la croissance en encourageant les initiatives du secteur privé, en réduisant le volume du secteur public et en réformant la politique financière de l’État tout en œuvrant, par une série de mécanismes longuement détaillés, à alléger le poids de la dette publique. Le texte est réparti en trois chapitres : le premier porte sur le programme de redressement économique et d’assainissement financier. Dans ce chapitre, le gouvernement souligne d’emblée, dans ce qui semble être un message indirect adressé à ses détracteurs, que «la politique (qu’il a) tracée débouchera dans un avenir plutôt proche sur les résultats escomptés, si elle est appliquée à la lettre, si les mesures appropriées continuent d’être prises et si les conditions propices d’entente et d’exécution lui sont assurées». Le deuxième chapitre expose l’évolution économique et financière au cours des deux dernières années alors que le troisième comporte le projet de budget de 2001, qui prévoit, après son approbation par la commission des Finances et du Budget, des dépenses de 9 900 milliards de livres contre 4 900 milliards pour les recettes. Le déficit prévu est donc de 50, 5 %.
Avec un retard de six mois sur le délai constitutionnel, la Chambre s’attaquera ce matin au projet de budget 2001 dont l’exposé des motifs a été distribué hier aux parlementaires. Étalé sur trois jours, à raison de deux séances quotidiennes, matinale et nocturne (retransmises en direct par les chaînes de télévision), le débat budgétaire s’ouvre sur fond d’un...