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Actualités - CHRONOLOGIES

VISITE D’ÉTAT - Lahoud à Paris - Chirac : Il faut éviter que l’embrasement s’étende au Liban

Le président Jacques Chirac a souligné hier soir que «la France suit avec attention et intérêt» le débat sur l’évolution des relations libano-syriennes. Dans son discours prononcé au cours du dîner d’État offert en soirée au palais de l’Élyse en l’honneur du président Émile Lahoud, le président Chirac a déclaré qu’il faut «éviter que le nouveau déchaînement de violence au Proche-Orient ne s’étende au Liban». Le chef de l’État français a ajouté sur ce plan que le règlement du problème des réfugiés palestiniens ne devrait pas se faire au «détriment du Liban et de ses équilibres». «Monsieur le président, Madame, Que les pensées des Français se tournent vers le Proche-Orient, elles se portent naturellement vers le Liban ! Que la France plaide et s’engage en faveur de la paix dans cette région déchirée par l’histoire, elle le fait en particulier pour le Liban ! Qu’elle reçoive les autorités libanaises à Paris, alors s’exprime dans toute sa profondeur la fraternité du cœur ! C’est tout cela, Monsieur le président, Madame, qui donne sa force à votre visite. C’est aussi la première fois, depuis l’accueil solennel à Paris par le général de Gaulle du président Charles Hélou, dont je veux saluer ici la mémoire, que le Liban est l’hôte d’honneur de la France. Le Liban dont le chef de la France libre dira qu’il est “pour les Français comme la porte de l’Orient, tandis que, depuis beaucoup de siècles, la voix de l’Occident est, pour les Libanais, avant tout celle de la France”. Avec l’ensemble de mes compatriotes, mon épouse et moi-même sommes donc particulièrement heureux de vous y souhaiter la bienvenue. Il y a tout juste trois ans, j’étais l’invité du Liban, à l’heure où la Résidence des Pins redevenait la Résidence de France, la maison de la France et des Français au pays du cèdre, et celle aussi de tous les Libanais. J’avais vu alors les extraordinaires changements intervenus à Beyrouth qui, après avoir si longtemps porté les marques tragiques de la guerre, arborait le sourire de l’espoir revenu. Déjà, les mille chantiers, les mille projets de Beyrouth, le bruit actif de la vie et de la paix retrouvées nous avaient comblés de bonheur. Nos frères libanais reprenaient foi en l’avenir. Oui, ce qui s’est passé et se passe encore au Liban force le respect. Ce soir, je veux rendre hommage au grand peuple libanais, entreprenant et inventif, fidèle à sa légendaire ingéniosité, à cette activité inlassable sur toutes les rives de la Méditerranée qui lui a donné, de toute époque, la prospérité et le rayonnement. Là où d’autres, aussi profondément meurtris, auraient eu tant de mal et mis tant de temps, le pays du cèdre s’est vite relevé. Dix ans seulement pour laisser loin en arrière les stigmates des affrontements et de la souffrance ! Dix années au cours desquelles la France est demeurée à vos côtés, comme elle l’était aux heures les plus sombres de la guerre. Sitôt la paix rétablie, nous avons spontanément mobilisé l’ensemble de nos moyens de coopération, pour appuyer vos efforts, plaçant d’emblée le Liban au premier rang de nos aides et de nos dispositifs de solidarité prioritaire. Pendant toutes ces années, nous n’avons cessé d’encourager les entreprises françaises à investir et à s’installer dans votre pays pour accompagner la dynamique de la reconstruction. Les efforts du gouvernement libanais, nous entendons plus que jamais les soutenir, à l’heure où la croissance est attendue. Pour relancer le moteur économique, la seule voie possible a été choisie : celle courageuse des réformes et de la modernisation. Cet effort mérite d’être soutenu avec conviction et détermination. C’était l’objet de la conférence que j’ai conviée à Paris, le 27 février dernier, autour du président du Conseil des ministres libanais, en présence des institutions financières internationales et du président de la Commission européenne. Tous ont marqué avec conviction leur confiance dans la politique économique présentée par M. Rafic Hariri. La mise en œuvre de ces réformes encouragera les partenaires du Liban à y apporter leur contribution. Dans le même esprit, je me réjouis de votre souhait de conclure prochainement un accord d’association entre votre pays et l’Union européenne. Accord dont nous espérons la signature pour cette année et qui accélérera l’insertion du Liban dans l’espace euro-méditerranéen, cette grande ambition de mon pays pour les années qui viennent. La politique du Liban, outre le relèvement économique, passe aussi par le réforme de l’État et le renforcement de ses institutions administrative, judiciaire, sociale. En conduisant résolument cette refondation, vous redonnez au Liban, Monsieur le président, une part essentielle de lui-même et de son prestige. La France pense aussi à la tradition de tolérance de votre pays comme à ce souci qu’ont les Libanais des libertés publiques dans cette région du monde où l’esprit de dialogue et la démocratie peinent à se frayer un chemin. Précisément, depuis un an, que de bouleversements au Proche-Orient ! Ce fut, en mai 2000, le retrait des troupes israéliennes du Liban-Sud, en application de la résolution 425 du Conseil de sécurité. La France, qui avait condamné dès 1978 l’occupation israélienne, n’a jamais cessé de soutenir l’intégrité territoriale, l’indépendance et la souveraineté du Liban. Elle a applaudi au retour des terres du Sud dans le sein libanais. Elle encourage la réaffirmation de l’autorité de l’État dans la zone libérée. Il n’est pas moins essentiel que le Proche-Orient dans son ensemble recouvre la stabilité. Ces derniers mois ont vu, hélas, s’embraser Israël et les territoires palestiniens. Il faut éviter que ce nouveau déchaînement de violence ne s’étende au Liban. Il faut épargner de nouvelles souffrances au peuple libanais qui aspire si légitimement à la paix et à la sécurité. La France reste plus que jamais convaincue que seul un accord global, conforme aux résolution 242 et 338 du Conseil de sécurité, permettra de parvenir à la paix juste et durable qu’attendent depuis trop longtemps les peuples de la région. La terre contre la paix, nous en avons parlé, Monsieur le président. Fidèle à l’esprit de Madrid, la France, avec ses partenaires de l’Union européenne, s’efforce par tous les moyens de convaincre les parties de revenir à la table des négociations, en favorisant l’apaisement et la reprise du dialogue politique sans lesquels aucune vraie solution ne pourra être dégagée. L’Union accompagnera par une aide financière, matérielle et humaine la conclusion et la mise en œuvre d’une paix globale au bénéfice de tous. Le jour, proche je l’espère, où le dialogue reprendra, les intérêts de votre pays doivent être pleinement pris en considération. Cela vaut tout particulièrement pour la question des réfugiés. Le règlement de ce délicat problème ne devra pas se faire au détriment du Liban et de ses équilibres. La réconciliation nationale engagée, les Libanais réfléchissent à l’évolution des relations libano-syriennes. Ce débat essentiel est suivi avec attention et intérêt par la France qui est l’amie du peuple libanais comme du peuple syrien. Je ne doute pas que les autorités des deux pays sauront répondre aux attentes qui s’expriment, dans une démarche fraternelle, ouverte et progressive, tenant compte de leurs intérêts respectifs. Nouveau temps fort de cette renaissance libanaise : l’important sommet qui, cet automne, va réunir à Beyrouth les chefs d’État et de gouvernement de la francophonie. Temps fort pour le Liban, qui marque ainsi son retour au premier plan de la scène internationale. Temps fort pour la région tout entière, puisque notre sommet sera placé sous le signe du dialogue des cultures. Temps fort pour la francophonie, qui tient là son premier sommet en terre arabe. Temps fort pour la paix, la démocratie et les droits de l’homme, désormais placés en tête de nos ambitions. Temps fort pour la solidarité aussi, puisque nous voulons faire de la francophonie une clé pour la mondialisation. À Beyrouth, nous franchirons de nouvelles étapes. Avec les autres grandes familles linguistiques, au premier rang desquelles le monde arabophone, nous construisons le front commun des défenseurs de la diversité culturelle, les partisans d’une mondialisation humanisée, civilisée, au bénéfice de tous. Et c’est d’abord en pensant à la paix revenue entre toutes celles et tous ceux qui composent le Liban et qui, par-delà leurs origines et leurs croyances, ont su retrouver leur unité profonde, la paix qui doit s’installer entre voisins, aujourd’hui déchirés alors qu’un règlement au Proche-Orient était naguère encore à portée de main, c’est à cette paix qui est le bien le plus précieux et sans lequel on ne peut bâtir l’avenir, que je vais maintenant, Monsieur le président, lever mon verre».
Le président Jacques Chirac a souligné hier soir que «la France suit avec attention et intérêt» le débat sur l’évolution des relations libano-syriennes. Dans son discours prononcé au cours du dîner d’État offert en soirée au palais de l’Élyse en l’honneur du président Émile Lahoud, le président Chirac a déclaré qu’il faut «éviter que le nouveau...