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Actualités - CHRONOLOGIES

Liban-France - Entretien cordial et utile entre les deux présidents - Lahoud réaffirme : L’état de guerre persistera - tant que nos objectifs n’auront pas été atteints

On savait depuis dimanche que Jacques Chirac ne serait pas à Orly pour accueillir l’invité de la France en visite d’État et Mme Émile Lahoud mais on n’a appris qu’hier après-midi, à l’heure prévue pour une première rencontre entre les présidents français et libanais à l’Élysée, que ce ne serait pas un tête-à-tête (comme cela se passe avec Rafic Hariri) mais une réunion en présence des membres des deux délégations officielles. Ce deuxième élément surprenant, au premier jour du voyage, est officiellement expliqué par l’absence de dossiers délicats et aussi par la volonté des deux présidents de ne pas disséquer les sujets inscrits à l’ordre du jour de leurs entretiens mais de se contenter de survoler les dossiers, laissant aux ministres compétents le soin d’approfondir le débat. Il n’y avait d’ailleurs du côté libanais que le ministre des Affaires étrangères, M. Mahmoud Hammoud, pour un éventuel énoncé détaillé de l’argumentaire diplomatique libanais sur la conjoncture régionale et la tension à la frontière libano-syro-israélienne. Au chapitre économico-financier et sur le volet sommet francophone, les ministres compétents n’étaient pas là pour entrer dans les détails. On en est donc resté aux têtes de chapitre et les rares informations qui ont filtré sur la réunion de l’Élysée ne permettent pas de savoir si telle était réellement la volonté des deux chefs d’État ou s’il y avait d’inavouables raisons liées au manque de coordination dans les rangs libanais. Mais cela n’a affecté ni l’importance ni l’éclat de cette visite qui a commencé dans le respect des règles de l’art protocolaire et la rigueur des usages diplomatiques de la République. À l’accueil du couple présidentiel libanais à Orly, c’est le ministre de la Défense, M. Alain Richard, qui a fait les honneurs de la maison et non le ministre de l’Équipement, des Transports et du Logement, M. Jean-Claude Gayssot, comme annoncé précédemment. L’avion spécial de la MEA s’était posé avec trente minutes de retard mais le cérémonial prévu s’est déroulé dans la rigueur et la ponctualité. Accueil au pied de l’avion, honneurs de détachements de la garde républicaine, de fantassins et de fusiliers marins (clin d’œil et délicate attention à l’égard de l’officier de marine que fut le président libanais), hommes nationaux des deux pays et rencontre au pavillon d’honneur des membres du corps diplomatique arabe et de représentants de la colonie libanaise en France. Le trajet jusqu’à l’hôtel Marigny a finalement été effectué par la route par la porte d’Orléans, Montparnasse et le boulevard des Invalides alors que dimanche la possibilité d’un transfert par hélicoptère était évoquée. Après la réunion de l’Élysée, les services d’information de la présidence ont souligné le caractère cordial et utile des entretiens sans détailler le contenu des discussions. Du côté libanais, on a voulu s’en tenir aux déclarations officielles soulignant l’importance et la grande signification de cette première visite d’État d’un président libanais en France, depuis Charles Hélou, en 1965. À sa sortie du palais de l’Élysée, le président Lahoud s’est adressé aux journalistes et correspondants de presse, réitérant, une fois de plus, la position officielle du pouvoir libanais concernant la situation au Liban-Sud. Après avoir réaffirmé que les fermes de Chebaa sont bel et bien libanaises et que la Syrie avait adressé une note en ce sens au secrétariat général de l’Onu, le chef de l’État a déclaré : «Je voudrais préciser une nouvelle fois que l’armée libanaise est présente dans la région frontalière. Mais lorsqu’un pays est en guerre, l’armée n’est pas déployée le long de la frontière, en l’occurrence à portée de main de la partie adverse. Cela se produit partout dans le monde. L’armée est présente à un quart d’heure des frontières. Depuis le retrait israélien, aucune victime n’est tombée (au Liban-Sud). Ceux qui réclament le déploiement de l’armée sont motivés par des raisons inavouées. Ils veulent qu’on puisse dire qu’il existe une situation de paix indirecte avec Israël». Sur ce plan, le président Lahoud a affirmé que «l’état de guerre se maintiendra tant que les objectifs suivants n’auront pas été atteints : le rétablissement de la souveraineté libanaise dans le secteur des fermes de Chebaa ; le retour des réfugiés palestiniens à leur terre ; la libération des Libanais détenus dans les prisons israéliennes ; le retrait du Golan jusqu’à la ligne du 4 juin 1967, conformément à la résolution 242». Interrogé, d’autre part, sur l’opportunité des opérations du Hezbollah après le retrait israélien, le président Lahoud a déclaré : «Je voudrais affirmer que sans la coopération du Hezbollah, de la Résistance et de l’armée libanaise nationale, les Israéliens ne se seraient pas retirés du Liban. En se tenant aux côtés du Hezbollah et en le soutenant, l’armée libanaise a obligé Israël à se retirer. Il serait erroné de croire que les Israéliens se sont retirés de leur propre gré». Pour en revenir à l’accueil réservé au chef de l’État, il faut souligner que les fastes de la République étaient aussi au rendez-vous au dîner d’État. Dans la cour de l’Élysée, aux sons de la fanfare républicaine sur fond de crissement du gravier sous les pas des invités ou des pneus des limousines officielles, le Tout-Paris politique et diplomatique a défilé en tenue de soirée. Il y avait là le Premier Ministre Lionel Jospin, le minisitre Jean-Claude Gayssot, le maire de Paris Bertrand Delanoë, la présidente du RPR Michèle Alliot-Marie, l’ambassadeur d’Égypte en qualité de doyen du corps diplomatique arabe, M. Hervé de Charette, ancien ministre des Affaires étrangères, le baron Ernest Antoine Seillière, président du MEDEF. Du côté libanais, outre les membres de la délégation officielle et les présidents des syndicats de la presse et des rédacteurs, on remarquait M. et Mme Tammam Salam, Mme Nazek Hariri, M. Ralph Lahoud, M. et Mme Raghid Chammah ainsi que des confrères libanais de Paris, triés on ne sait sur quel volet. À leur arrivée, les invités étaient conduits par les services du protocole au salon Napoléon III pour l’apéritif et les rafraîchissements. À l’arrivée des officiels français et du couple présidentiel libanais, les convives ont gagné la salle des fêtes pour le dîner d’apparat.
On savait depuis dimanche que Jacques Chirac ne serait pas à Orly pour accueillir l’invité de la France en visite d’État et Mme Émile Lahoud mais on n’a appris qu’hier après-midi, à l’heure prévue pour une première rencontre entre les présidents français et libanais à l’Élysée, que ce ne serait pas un tête-à-tête (comme cela se passe avec Rafic Hariri) mais...