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Actualités - CHRONOLOGIES

CONCERT - À l’ Assembly Hall-AUB - Heureux dialogue du vent et des cordes

Encore heureux qu’on va vers l’été… C’est en empruntant un des titres de l’un des romans de Christiane Rochefort qu’on aborde un des derniers concerts de la saison. Présenté par le Conservatoire national supérieur de musique, qui est loin de chômer, un duo où flûte et piano, tout en entamant un heureux dialogue, mélangent douceur du vent et riches accords du clavier. À la flûte Maté Szigeti et au piano Renata Gniatkowska. Deux musiciens inspirés et talentueux. Au menu des pages choisies de J.S. Bach, A.F. Doppler, Gabriel Fauré, Claude Debussy et F. Borne. Ferveur, piété et atmosphère empreinte d’élévation avec le concerto pour flûte (en a mineur) du Kantor. Narration subtile et architecture fine d’une mélodie lumineuse surtout avec la présence de cette flûte particulièrement éloquente dans ses échappées belles. Entre rondeur, tendresse et douceur, voilà la gaieté et un nuage de mélancolie bachienne en trois mouvements prestement enlevés. Buccolique, originale, légère comme une brise insaisissable, d’une grande fraîcheur inventive dans la mélodie et un rythme alerte, une «fantaisie» pastorale hongroise aux sonorités à la fois douces et bondissantes. Un soupçon d’«air du pays» magyar, une ritournelle prenante, de la vivacité sur fond d’une nature élégiaque, telle se présente et se déploie cette œuvre de Doppler à la mélodie soyeuse et chantante. Après les premiers accords graves du piano en début de la narration, c’est sur un ton d’une délicieuse agitation que se termine cette fantaisie. Après l’entracte, place à l’inspiration française avec Gabriel Fauré, l’un des plus fins mélodistes du siècle. Fanluisic qu’on écoute ici confirme le sens d’une imagination fertile. Non seulement dialogue subtil de la flûte et du piano, mais aussi modulations faites d’assonances hardies pour une partition aux notes luisantes et à l’énoncé souvent précipité. Dans le même registre, mais sur un thème plus «aquatique», Claude Debussy, lui, qui est le magicien des «reflets dans l’eau», emmène l’auditeur «en bateau». Sans être une barcarolle, cette «promenade» recherche la nouveauté plutôt dans l’expression que dans les harmonies. Debussy brosse là une jolie aquarelle sonore aux teintes pastellisées. Surgissent alors des images peintes avec une incomparable richesse de dégradés et de camaïeu. Impressionnisme aux frémissements à peine retenus atteignant l’émotion la plus profonde avec une incroyable économie de moyens. Pour terminer, de F. Borne, une brillante «fantaisie» de Carmen. Vive, sensuelle, rythmée, d’une féminité provocante, d’une liberté délicieusement coquine, voilà Carmen caracolant entre vent et cordes, le nez mutin, cheveux au vent, jupons relevés, jambes cavalières… Dès les premiers acccords du piano, espiègles et «à l’espagnole», Carmen prend le devant de la scène dans un éblouissant collier de notes nacrées. Variations autour des thèmes qui ont fait la fortune et la réputation d’un opéra. De l’amour est un oiseau rebelle à la habanera en passant par l’air du toréador, tout Carmen défile dans une atmosphère des plus festives. Du baume au cœur cette musique vive et ensoleillée. Un tonnerre d’applaudissements d’un public relativement peu nombreux pour une prestation remarquable où la flûte et le piano, en parfaite harmonie, avaient à travers un programme bien concocté conclu un des plus heureux mariages.
Encore heureux qu’on va vers l’été… C’est en empruntant un des titres de l’un des romans de Christiane Rochefort qu’on aborde un des derniers concerts de la saison. Présenté par le Conservatoire national supérieur de musique, qui est loin de chômer, un duo où flûte et piano, tout en entamant un heureux dialogue, mélangent douceur du vent et riches accords du...