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Actualités - CHRONOLOGIES

Liban-Syrie - Le président syrien a accordé 2 heures au Premier ministre et 60 minutes au chef du PSP - Les menaces israéliennes ont réconcilié Assad avec Hariri et Joumblatt

À quelque chose malheur est bon. Enfin, tout dépend de l’angle sous lequel les Libanais voient cette «chose»-là. Parce que, n’est-ce pas, ils ne sont pas tous d’accord sur le bien-fondé de ce proverbe qui dit, en gros, que des événements pénibles, voire même extrêmement alarmants, pourraient revêtir un aspect positif. Dimanche, le ministre israélien de la Défense, Benyamin Ben Eliezer, avait menacé la Syrie de lancer des représailles contre ses troupes au Liban si le Hezbollah attaquait des positions de l’État hébreu. Et deux jours plus tard, c’est-à-dire hier, le président syrien Bachar el-Assad recevait tour à tour, en son palais des Mouhajerine, le Premier ministre Rafic Hariri et le chef du PSP, Walid Joumblatt. S’entretenant deux heures avec le premier et soixante minutes avec le second. Les deux buts du jeu Un : se réconcilier d’abord. Bien sûr. Tant avec le patron d’al-Mostaqbal dont la rencontre avec Bachar el-Assad avait été annulée – à la suite des critiques, en manchette du journal, de l’opération du Hezbollah contre les fermes de Chebaa à la veille de la tournée de Rafic Hariri au Vatican, aux USA, au Canada et à Paris, qu’avec, surtout, le leader druze. L’un des chantres les plus constants de l’indispensable rééquilibrage des relations libano-syriennes – il l’avait encore une fois prouvé lors de la rencontre du Forum démocratique – et qui avait été déclaré, pendant un certain temps, persona non grata à Damas. Walid Joumblatt n’avait pas foulé les rives du Barada depuis près de sept mois, c’est-à-dire depuis son désormais fameux discours du Parlement, lors du débat de confiance, en novembre dernier. Deux – et l’essentiel, pour Damas, doit sûrement être là : faire en sorte de «renforcer la solidité de la relation libano-syrienne» face aux invectives et au danger israéliens. Deux rencontres qui viennent donc à la suite de trois menaces israéliennes – et non des moindres – en huit jours. Deux rencontres qui coïncident jour pour jour avec le dixième anniversaire du traité de fraternité, de coopération et de coordination, qui avait été signé le 22 mai 1991 entre Beyrouth et Damas. Un traité qui a entériné un renforcement de la collaboration syro-libanaise dans les domaines politique, économique, militaire et de la sécurité. «Il faut réactiver les clauses de ce traité, en renforçant la coopération économique pour arriver à une véritable complémentarité», écrivait, hier même, Techrine, le quotidien gouvernemental syrien. Deux rencontres dont le timing a été «particulièrement accéléré», et dont les retombées, sur la scène politique locale, risquent fort de n’être pas insignifiantes. Le donnant-donnant Assad-Hariri Avec Rafic Hariri d’abord, «le climat était très cool, très positif, très amical», selon une source beyrouthine informée. Et la majeure partie de l’entretien a porté sur la situation régionale, la question-leitmotiv entre les deux hommes ayant été la suivante : «Comment pourrait-on affronter, encercler et faire face aux politiques d’Ariel Sharon ?» Et toujours selon ces mêmes sources, les deux hommes auraient été «parfaitement d’accord» sur l’analyse de la situation régionale. «On n’envisage plus de confrontation totale et directe, et le climat est à la désescalade», a-t-on assuré. Quant à ce sur quoi Bachar el-Assad aurait insisté, c’est «la nécessité d’une situation interne libanaise qui soit cohérente». Qu’il ne faudrait pas qu’il y ait «de quelconques parasites sur la relation entre les deux pays, qu’il n’y ait aucun déséquilibre dont Israël pourrait tirer profit». Et à propos de l’incident qui avait suscité l’ire de Damas, provoquant l’annulation de la rencontre Assad-Hariri prévue avant la tournée de ce dernier, le Premier ministre aurait expliqué au chef de l’État syrien, «en toute franchise», le pourquoi et le comment de la manchette d’al-Mostaqbal, mettant les points sur les i et réaffirmant qu’il «n’était absolument pas contre la résistance». Ainsi, c’est vers un donnant-donnant que la discussion entre les deux hommes a semblé s’acheminer, l’un – Rafic Hariri – promettant qu’il «ferait attention» à la situation régionale, l’autre l’encourageant à poursuivre son programme économique, en le rassurant : «Pour l’instant, le Hezbollah ne réactivera pas le front». Enfin, le Premier ministre aurait mis Bachar el-Assad au courant des résultats de ses rencontres américaines. Et où L’Orient-Le Jour a appris qu’un sommet Lahoud-Assad, après la visite officielle du premier en France, serait assez envisageable, «si la situation le demandait, et ce même si les contacts et les échanges de points de vue entre les deux hommes sont quasiment quotidiens». Avec Walid Joumblatt Rafic Hariri n’a pas rencontré Walid Joumblatt à Damas. C’est ce dernier qui s’est rendu hier, en début de soirée, à Koraytem. L’agence syrienne Sana a indiqué que «le président syrien Bachar el-Assad et le député libanais Walid Joumblatt avaient discuté des relations syro-libanaises, ainsi que sur des questions d’intérêt commun». Le seigneur de Moukhtara, quant à lui, a affirmé qu’il avait eu «un entretien positif, amical et franc, et qui a porté sur les divers dossiers soulevés. La discussion a été axée sur les dangers de la politique israélienne et sur la nécessité pour les Arabes de rester attachés aux résolutions internationales, sans se laisser entraîner vers des initiatives partielles et isolées, hors du cadre de ces résolutions». Inutile, dans le cas du leader druze, de se lancer dans des spéculations. Ses «retrouvailles» avec le président syrien, désormais indiscutable moteur de la ligne dure à Damas, et malgré ses velléités de dialogue, n’ont certainement pas dû être anodines. Quoi qu’il en soit, le constat est le suivant : un front arabe uni face aux menaces et aux invectives israéliennes est indispensable. Bachar el-Assad l’a rappelé, si tant est que cela soit nécessaire, à Rafic Hariri comme à Walid Joumblatt. Encore faut-il que ce front-là ne vienne pas taire, au nom de sa sacro-sainte nécessité, les voix infatigables – et dont fait partie le député du Chouf – des femmes et des hommes, simples citoyens comme dirigeants politiques, qui ne cessent d’appeler à cette indispensable révision des relations libano-syriennes.
À quelque chose malheur est bon. Enfin, tout dépend de l’angle sous lequel les Libanais voient cette «chose»-là. Parce que, n’est-ce pas, ils ne sont pas tous d’accord sur le bien-fondé de ce proverbe qui dit, en gros, que des événements pénibles, voire même extrêmement alarmants, pourraient revêtir un aspect positif. Dimanche, le ministre israélien de la Défense,...