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Actualités - CHRONOLOGIES

Sismologie - Journée portes ouvertes au centre de géophysique de Bhannès - Mieux comprendre les risques de tremblements de terre

Nul n’ignore qu’il existe un très grand nombre de failles géologiques dans le sous-sol libanais. Et par conséquent, le risque de tremblements de terre est grand dans le pays. Pas plus loin que le 29 avril dernier, une secousse de magnitude 4 sur l’échelle de Richter a été ressentie par la population. Cependant, les idées fausses et les mythes continuent d’entourer ce genre de phénomènes. Au Liban, l’organisme chargé de les dissiper et de fournir les informations à ce sujet est le Centre national de géophysique relié au Conseil national de la recherche scientifique libanais (CNRSL). Or, le nombre des employés ne dépasse pas les cinq personnes, et celui des stations auxiliaires n’est que deux (bientôt deux autres). Sur le manque de personnel, sur les procédés à suivre en cas de tremblements de terre et sur d’autres sujets, Mouïne Hamzé, secrétaire général du CNRSL, et Iskandar Sursock, directeur du centre de géophysique, se sont exprimés lors d’une journée portes ouvertes organisée par ce centre, hier, à l’intention des journalistes. Répondant aux critiques adressées aux responsables qui n’ont pas divulgué rapidement les informations après la dernière secousse du 29 avril, M. Hamzé a précisé les points suivants : «Quand un tremblement de terre a lieu, connaître sa magnitude est l’opération la plus simple de toutes. Elle est possible à partir non seulement d’un centre au Liban, mais d’un observatoire dans n’importe quelle partie du monde. Or le plus important, c’est de déterminer le lieu exact de la secousse et de comparer nos informations à celles des observatoires des pays voisins. Nous les communiquons ensuite aux forces de l’ordre avant d’en faire part aux médias. Pour cela, il faut nous donner le temps nécessaire». Selon M. Hamzé, «les médias ne devraient pas contribuer à la panique en mettant l’accent sur le retard, parce que la panique peut s’avérer plus dangereuse que le séisme si celui-ci est de faible intensité». Il a rappelé qu’«il est impossible, au Liban, comme ailleurs, de prédire une secousse, ou encore la force des répliques après un tremblement de terre, parce qu’elles n’obéissent à aucune règle». Il a poursuivi «les bâtiments en béton ne risquent pas grand-chose lors de séismes de magnitude 5 à 6. Voilà pourquoi il est conseillé aux habitants de ne pas quitter les lieux, comme ils auraient tendance à le faire, parce qu’il serait plus risqué de se trouver dans la rue. L’endroit le plus sûr, en fait, n’est autre que la cage d’escalier». Toutefois, le problème le plus important auquel fait face le centre de géophysique est bien le manque de ressources humaines. «Depuis vingt ans que nous sommes là, nous sommes passés de huit employés à cinq», explique M. Sursock. M. Hamzé fait remarquer que le gouvernement continue d’interdire aux institutions publiques de recruter, et il demande aux universités «d’inclure cette discipline primordiale qu’est la géophysique dans leurs cursus». Il a précisé que le nombre réduit de scientifiques explique le fait qu’il est difficile d’assurer une permanence de 24 heures sur 24, tout au long de la semaine. Que se passe-t-il en cas de secousses, si le personnel n’est pas sur place ? «Nous accourons au centre aussi vite que possible», a-t-il dit. Manque de personnel Après la guerre, il est devenu évident que le centre de Bhannès ne pouvait suffire pour étudier les failles géologiques au Liban et surveiller le territoire. Il s’est alors doté de deux nouvelles stations, l’une à Hawka (Liban-Nord) l’autre à Zahrani (Liban-Sud), qui devraient être suivies, avant fin 2001, de deux autres à Rachaya et à Fakha (Békaa). Sans compter l’observatoire de Qsaibé. Toutes ces stations doivent former un réseau. «Cependant, pour couvrir le territoire de façon satisfaisante, il en faudrait cinquante, une tous les dix kilomètres», a expliqué M. Sursock. Interrogé sur le coût d’une telle entreprise, M. Hamzé s’est contenté de dire que «le budget ne constitue pas un obstacle ; c’est le manque de ressources humaines qualifiées qui en est un». Il faut préciser que dans les stations de Hawka et de Zahrani, il n’y a pas de personnel qui assure une permanence, mais que les informations sont recueillies par téléphone avec l’aide d’un modem spécial. «Notre rôle est de surveiller les secousses au Liban afin d’instaurer un système d’alerte, mais aussi de faire de la recherche scientifique sur la composition géologique du Liban», a expliqué M. Sursock. Il a également souligné que «les montagnes du Liban ont été formées par des tremblements de terre successifs, ce qui est un processus continu puisqu’elles continuent à pousser d’un demi à un centimètre par an». Il a révélé à son auditoire qu’«il est arrivé au centre d’enregistrer quelque 40 secousses par mois, mais de faible intensité, allant d’un demi à trois degrés». Par ailleurs, le centre de géophysique du Liban coopère avec des institutions mondiales, notamment françaises. La découverte d’une faille très importante, se prolongeant sous la mer et rejoignant la terre ferme aux niveaux du Sud et du Nord, et dont on ne sait pratiquement rien, inquiète les scientifiques. M. Sursock espère qu’au cours de l’été 2002, un bateau français spécialisé pourra effectuer l’inspection nécessaire. Par ailleurs, MM. Sursock et Hamzé ont abordé le sujet de la sécurité des bâtiments, rappelant qu’il existait un code parasismique, mais qu’il n’était pas complété par des décrets exécutifs. Ils ont estimé qu’«il est surtout important que les bâtiments publics soient protégés, afin que les institutions restent opérationnelles en cas de catastrophe». Par ailleurs, M. Hamzé a fait remarquer que «le coût de la construction n’augmente que de 7 % si l’on prend des précautions parasismiques», ajoutant «il serait dommage de risquer la vie des gens pour si peu». Quant à M. Sursock, il a fait remarquer que la nature du sol avait un impact sur la résistance du bâtiment sur lequel il est érigé.
Nul n’ignore qu’il existe un très grand nombre de failles géologiques dans le sous-sol libanais. Et par conséquent, le risque de tremblements de terre est grand dans le pays. Pas plus loin que le 29 avril dernier, une secousse de magnitude 4 sur l’échelle de Richter a été ressentie par la population. Cependant, les idées fausses et les mythes continuent d’entourer ce...