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Actualités - ANALYSES

Un nouveau rassemblement en gestation, le Cénacle de Taëf

Mille quatre cents signatures ! Ce n’est plus un mémorandum, mais une pétition. Ce qui démontre, si besoin était, que l’envie de dire son mot démange le Libanais lambda, politicien ou pas. Pris d’émulation devant ce rush, les vieux de la vieille, les pères fondateurs de la présente République veulent à leur tour se rassembler. Pour fonder un cénacle qui assurerait la défense et l’illustration de Taëf. En effet, ces anciens parlementaires qui ont participé à l’élaboration de ce pacte national s’indignent de le voir aujourd’hui trituré de tous les côtés. Plus particulièrement, ils admettent mal que le président même de cette Chambre, qui est à leurs yeux l’auteur et le dépositaire sacré de Taëf, soutienne qu’il ne faut pas débattre de la présence militaire syrienne. Et menace de rendre le sujet hors grammaire, comme on dit en arabe, pour en interdire la discussion. Par des moyens qui ne sont pas précisés, peut-être parce qu’il ne sont pas très avouables, du moins en langage démocratique. Ces vétérans soulignent en chœur et en substance qu’au grand jamais «il n’a été question à Taëf de priver le Liban du souffle vital des libertés. Il n’y a donc aucune trace, dans le document que nous avons contribué à élaborer, d’un quelconque thème tabou». Et de rappeler que la présence militaire syrienne «a été très nettement codifiée : redéploiement deux après les réformes constitutionnelles, c’est-à-dire en 1992, puis retrait total. Certains responsables soutiennent que le mouvement de ces troupes était lié à des facteurs régionaux, mais cela n’est pas exact». C’est là une claire allusion à la thèse du président Hariri (lui aussi présent, et même beaucoup, à Taëf) qui affirme que les Américains s’étaient engagés à obtenir en premier lieu un retrait israélien du Sud dans un délai d’un an, en avant-propos du retrait syrien. Les politiciens jurent pour leur part, la main sur le cœur, que «pas un instant, à Taëf, l’occupation israélienne et la présence syrienne n’ont été associées. Il ne pouvait pas en être autrement, du reste, puisque Damas a toujours refusé qu’on fît le rapprochement et qu’on le mît à pied d’égalité avec l’ennemi». Et d’indiquer ensuite qu’ils n’ont pas été beaucoup surpris, pour leur part, de constater l’application tronquée qui a été faite de Taëf. Car, à les en croire, toutes les parties prenantes n’étaient pas d’accord sur la formule envisagée. Et il a fallu notamment, toujours selon eux, «d’instantes pressions du roi Fahd en personne et de son neveu le ministre séoudien des Affaires étrangères, l’émir Séoud al-Fayçal, pour que les Syriens acceptent de marcher». Façon de dire, bien sûr, puisqu’ils sont toujours là. Il convient de signaler que joignant ses efforts à ceux de ses anciens camarades, M. Boutros Harb soutient activement le projet de création d’un Cénacle de Taëf. Ce député s’était distingué, rappelons-le, lors des 22 jours de la conférence fondatrice en tant que membre de la commission de 11 parlementaires de tous horizons qui avait été chargée de rapprocher les points de vue entre les différents blocs en présence. Une commission qui faisait tellement de navettes en portant de grosses serviettes de documents qu’on l’avait baptisée du doux nom d’«équipe des portefaix». Pour en revenir au temps présent, le cénacle projeté se poserait en arbitre des interprétations et des gloses du texte.
Mille quatre cents signatures ! Ce n’est plus un mémorandum, mais une pétition. Ce qui démontre, si besoin était, que l’envie de dire son mot démange le Libanais lambda, politicien ou pas. Pris d’émulation devant ce rush, les vieux de la vieille, les pères fondateurs de la présente République veulent à leur tour se rassembler. Pour fonder un cénacle qui assurerait la...