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Actualités - ANALYSES

Fortes divergences sur les problèmes de fond - Le dialogue national à la recherche de lui-même

Le document de Kornet Chehwane, lui-même rejeton en quelque sorte du manifeste des évêques maronites, va-t-il faire des petits ? Les rencontres intensifiées à l’Est vont-elles déboucher sur une nouvelle proposition de plate-forme de dialogue ? La dernière en date a groupé chez M. Farès Boueiz des ministres, des députés, des journalistes, des économistes, des hommes d’affaires, des représentants de la société civile. Revendiquant le titre de pionnier, le ministre de l’Intérieur, M. Élias Murr, souligne qu’il avait entamé des contacts, de plus en plus élargis, bien avant les séances de Kornet Chehwane. Dans la perspective d’unifier les vues au sujet des divers problèmes de l’heure, aussi bien socio-économiques que politiques. Et dans le but d’initier un dialogue fructueux entre le pouvoir et les diverses composantes du pays. Les dénominateurs communs retenus à travers ces consultations sont transmis pour étude au gouvernement. Mais les idées passées au tamis, précise le ministre, ne seront mises en forme qu’après avoir été débattues avec le plus large éventail possible de forces représentant la majorité des Libanais. Cela afin de réfuter tout reproche de vouloir imposer une ligne déterminée. M. Farès Boueiz, ancien ministre et actuel député, détaille de son côté les points essentiels qui retiennent l’attention et nécessitent un consensus. Il souligne que les rencontres n’auraient pas eu lieu d’être si toutes les parties ne reconnaissaient pas l’existence d’un problème de base qu’il s’agit de traiter. Il reste à savoir si ces concertations, qui sont également des confrontations, peuvent déboucher sur un accord entre les participants. Et même si cela devait être le cas, l’on peut se demander si le pouvoir a vraiment besoin qu’on lui mette les points sur les i, et s’il baigne dans une totale ignorance des problèmes dans lesquels les Libanais se débattent. Autrement dit, si les rencontres ne produisent pas de solutions tangibles leur utilité serait des plus contestables. Or, elles buttent à première vue sur une difficulté d’entente. Au sujet notamment des questions suivantes : – Le rôle de l’armée, plus précisément en ce qui concerne la zone frontalière du Sud. Il existe comme on sait un fort courant d’opinion locale qui estime que le déploiement s’impose. Mais le pouvoir s’y oppose. – Les opérations de la Résistance et leur opportunité en ce qui concerne Chebaa ou la libération des prisonniers libanais détenus en Israël. Beaucoup pensent qu’il faut traiter ces points par la diplomatie. Parce que Chebaa est soumis au régime de la 242. Et parce que la situation économique du pays ne lui permet pas de supporter un surcroît de secousses. Mais le régime, pour sa part, justifie la légitimité du recours à la résistance armée. – La réconciliation nationale effective, qui reste dans les limbes. Ce qui signifie qu’il n’existe aucune perspective de dialogue généralisé et a fortiori d’entente politique. La normalisation, que souhaite une large frange de Libanais, impliquerait la libération du Dr Samir Geagea et le retour du général Michel Aoun. Or, les vetos sur ce mécanisme sont maintenus, et une autre frange estime qu’il n’est pas besoin d’en passer par là pour réaliser la réconciliation. – Les relations politiques, sécuritaires et économiques avec la Syrie. Un dossier qui met en cause les notions de souveraineté, d’indépendance, d’autonomie de décision nationale. À l’ombre d’une présence militaire syrienne dont une partie locale réclame le redéploiement en application de Taëf. Tandis qu’une autre partie estime le sujet tabou. – L’abolition du confessionnalisme politique par la mise en place, pour commencer, d’une instance nationale élargie, également en application des dispositions de Taëf. Certains affirment que les circonstances ne se prêtent pas à un tel processus. Tandis que d’autres souhaitent l’accélérer, pour qu’il n’y ait plus de prétexte à la non-exécution d’autres clauses. – La loi électorale, qui doit être équitable et équilibrée, afin d’assurer une saine représentation de toutes les couches de la population. Mais le système de découpage des circonscriptions suscite des litiges accusés, même entre partisans d’un même camp. Certains veulent le Liban entier, d’autres le mohafazat, d’autres encore le caza ou une formule panachée. Comme on voit, on reste loin du compte en ce qui concerne l’entente. Toujours est-il qu’un ancien responsable souligne qu’en pratique on peut toujours obtenir des résultats positifs. Si le pouvoir accepte de traiter avec des pôles modérés vraiment représentatifs et non avec des paravents. Condition sine qua non évidente pour tout projet de dialogue national.
Le document de Kornet Chehwane, lui-même rejeton en quelque sorte du manifeste des évêques maronites, va-t-il faire des petits ? Les rencontres intensifiées à l’Est vont-elles déboucher sur une nouvelle proposition de plate-forme de dialogue ? La dernière en date a groupé chez M. Farès Boueiz des ministres, des députés, des journalistes, des économistes, des hommes...