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Actualités - OPINIONS

PATRIMOINE - Trou de mémoire

À l’égard du patrimoine, une frappante indifférence. Une passivité affligeante. D’autant plus inquiétante qu’elle semble pour certains tout à fait normale, naturelle, conforme à l’ordre des choses. Le palais de Beiteddine. Un musée qu’on visite à la lueur du jour. La galerie longeant le «Midane» est plongée dans l’obscurité. Des murs rongés par l’humidité. On pénètre dans l’immense salle de mosaïque, comme dans les ténèbres d’un cachot. Une ampoule. Une seule. «Les autres sont grillées depuis des mois. Le budget de la DGA ne permet pas de les remplacer», raconte le guide. Entre-temps, sous l’œil éteint d’un maître d’école, des potaches s’amusent à extirper avec leur canif des tesselles de mosaïque. Baalbeck. Le temple de Bacchus. Une vasque transformée en cendrier. Des pieds de colonnes qui deviennent le support des noms, prénoms dates, et mots d’amour. Le sol est jonché de tessons, de canettes de bière ; et dans la brise légère de cette belle journée, les papiers gras qui jonchent le sol y dansent un dégoûtant ballet. La guerre n’a pas épargné le patrimoine : pillage. La paix l’a confronté à d’autres périls : reconstruction anarchique et urbanisation sauvage qui reflètent le présent de notre société et en tracent l’avenir. Aujourd’hui, un saccage de plus : l’abandon. Par manque de crédits, dit-on. Mépris de l’histoire ; mépris du patrimoine. Au cœur des angoisses et des échecs d’un monde sans certitudes, ce legs reste pourtant le seul repère d’un Liban qui a peur.
À l’égard du patrimoine, une frappante indifférence. Une passivité affligeante. D’autant plus inquiétante qu’elle semble pour certains tout à fait normale, naturelle, conforme à l’ordre des choses. Le palais de Beiteddine. Un musée qu’on visite à la lueur du jour. La galerie longeant le «Midane» est plongée dans l’obscurité. Des murs rongés par l’humidité....