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Actualités - CHRONOLOGIES

Liban-Canada - Visite officielle du ministre de la Culture chargé de la francophonie à Montréal et à Québec - Ghassan Salamé double la mise : Ottawa donne 4 millions de dollars pour le sommet d’octobre 2001

Il a suivi le Premier ministre, et la délégation libanaise, à Washington, New-York et Ottawa. Et au moment où ces derniers s’envolaient, avant-hier mardi, pour Paris – où Rafic Hariri, hier mercredi, a petit-déjeuné avec Hubert Védrine et déjeuné avec Jacques Chirac – Ghassan Salamé a poursuivi ses discussions avec les responsables fédéraux à Ottawa. Avant de prendre la route pour la province du Québec, dans le cadre d’une visite officielle de deux jours à Montréal et Québec Ville. Le but de la présence, dans ces trois villes canadiennes, du ministre de la Culture chargé de la francophonie ? Optimiser au maximum le soutien, l’apport et la contribution du Canada et du Québec au Liban, tant dans le cadre de l’année de la francophonie - et bien entendu, du IXe sommet des chefs d’État et de gouvernement francophones - que pour son ministère de la Culture. À Ottawa d’abord, avant-hier mardi, Ghassan Salamé s’est entretenu avec le ministre canadien des Affaires étrangères John Manley. Les sujets évoqués ? Le prochain voyage au P-O de M. Manley, pas sûr de pouvoir passer par Beyrouth ou Damas, à l’occasion de l’inauguration d’un centre d’étude de la sécurité à Amman. Un voyage au cours duquel il rencontrera également Hosni Moubarak, Yasser Arafat, Shimon Pérès et Amr Moussa. Également au centre de leurs discussions, ce théorème US désormais fameux, «la prospérité du Liban est importante pour la stabilité de la région», ainsi que l’avenir des réfugiés palestiniens au Liban. Sauf que l’essentiel de sa présence au ministère des AE, Ghassan Salamé l’a consacré à sa réunion avec son homologue canadien à la francophonie Ronald Duhamel. Une réunion consacrée à la distribution des 4 millions de dollars (canadiens, 2,7 millions de dollars US), offerts par Ottawa à Beyrouth pour la préparation du sommet d’octobre prochain. Ce qu’il faudrait savoir, d’abord, c’est que le projet initial des Canadiens limitait la contribution d’Ottawa à 2 millions de dollars (can), et que c’est l’intransigeance de Ghassan Salamé, épaulé par Rafic Hariri, qui est arrivée à bout des réticences fédérales. Le gros de ces 4 millions – et c’est cela que le Canada avait, un premier temps, refusé de donner – ira au système de radiocommunication pour les membres du protocole et de la sécurité. Et le substantiel reste se partagera entre la sécurité statique – portiques, machines à détecter les métaux, etc –, le centre d’accréditation, deux très grandes ambulances médicalisées, et où des opérations chirurgicales pourraient avoir lieu, ainsi que sept postes de secours d’urgence. Tout cela, c’est un peu du détail, non ? «Du détail ? Mais c’est le cœur du sommet. Sans tout cela, aucun sommet de cette envergure ne pourrait se tenir», répond, fougueux, Ghassan Salamé. Et concrètement, une équipe d’experts canadiens sera lundi prochain à Beyrouth, afin d’évaluer chaque sous-budget pour qu’elle puisse revenir munie d’un protocole quasi définitif. La contribution canadienne ne se limitera pas au sommet proprement dit, elle s’étendra également à l’année de la francophonie. «Ottawa y contribuera à hauteur de 150 000 dollars, c’est-à-dire l’équivalent, environ, de la moitié du budget français. Ce qui est très bien. Ils sponsoriseront ainsi une quinzaine d’activités, et je leur ai laissé un choix total parmi les 120 événements. De plus, ils traiteront directement, avec la Commission des affaires culturelles, sans passer du tout par le ministère», précise le locataire de Starco. Avec les députés membres de l’Association parlementaire d’amitié Canada-Liban – plutôt assez épatés, à l’image du sénateur Debbané par l’action du ministre de la Culture – et qui l’ont invité à déjeuner, Ghassan Salamé a surtout parlé d’économie, expliquant les démarches et les efforts fournis par Beyrouth pour la préparation du sommet. Aux députés canadiens particulièrement intéressés par une présence parlementaire en octobre à Beyrouth, il a promis de faire son maximum pour que ces derniers «soient davantage associés à cet événement majeur de la francophonie». Ce qu’il faudrait faire en fait, étant donné que les parlementaires n’ont pas le droit d’assister aux débats des chefs d’État ou de gouvernement, c’est d’intéresser le président de la Chambre Nabih Berry à la chose, ainsi que le président et les deux membres de la Commission parlementaire de la francophonie, Samir Azar, Nabil de Freige et Salah Honein. Tout en formant, en plus, des officiers de liaison spécialisés. Dans tous les cas, c’est un véritable appel au redémarrage et à la redynamisation du groupe d’amitié Liban-Canada place de l’Étoile, qu’a lancé, à travers L’Orient-Le Jour, le président du groupe d’amitié Canada-Liban, le député Charbonneau. Dernier rendez-vous à Ottawa : celui que Ghassan Salamé a eu avec la très influente (et très entreprenante...) ministre du Patrimoine Sheila Copps. «Avec elle, le courant est passé. C’est trop tôt pour parler d’argent, c’est un processus à long terme. Mais je l’ai invitée au Liban, elle viendra voir Notre-Dame... On a essayé de voir ce qu’elle pouvait faire. Elle est en charge de tout le patrimoine, elle a créé des choses formidables, comme le Musée virtuel, elle est chargée des industries culturelles – de cinéma par exemple, et ça c’est très intéressant, notamment au regard d’éventuelles coproductions. Elle est chargée de la francophonie interne et responsable des parcs. Elle m’a proposé de créer des parcs au Liban, une façon de mêler le culturel à l’environnement, et c’est une excellente idée», a souligné Ghassan Salamé, qui a également rencontré la patronne du Musée royal de l’Ontario Wanda Vitali. Qui l’a apparemment convaincu de l’importance énorme de la dimension pédagogique d’un musée, au côté, évidemment, de la dimension esthétique. Un constat qu’il faudrait impérativement appliquer au Liban, bien sûr. Quant à son séjour à Montréal, le ministre de la Culture l’a débuté, avant-hier soir, par un dîner en compagnie d’un certain nombre de Libanais, des professeurs d’université, des créateurs artistiques, des évêques... «La diaspora libanaise au Canada est écorchée vive. Il y a beaucoup plus de déçus de la paix que de victimes de la guerre. Les Libanais du Canada veulent rester en contact avec le Liban, et ils estiment que la francophonie est un outil réel pour un rapprochement entre le Liban et le Québec. Ils sont assez militants à ce niveau, chrétiens comme musulmans», assure-t-il. La journée montréalaise d’hier, Ghassan Salamé l’a commencée par des rencontres avec le recteur par intérim de l’Université du Québec à Montréal (UQAM) Gilbert Dionne, ainsi qu’avec le directeur du bureau de la coopération internationale de l’UQAM Jean-Pierre Lemasson. «L’essentiel de la coopération entre le Québec et le Liban se situe sur le plan universitaire. Nous avons d’ailleurs eu, dans le cadre de ces deux réunions, des discussions sérieuses. Les Québécois se plaignent un peu du laisser-aller des universités libanaises. Nous avons essayé de repartir sur des bases plus saines, rebâtir des ponts positifs», a expliqué Ghassan Salamé. Dans tous les cas, ce dernier ne compte pas limiter la contribution québécoise au seul secteur universitaire, mais bien au-delà, à la préservation du patrimoine. Il les aurait d’ailleurs convaincus du peu de visibilité du partenariat universitaire – même s’il est essentiel : aujourd’hui à Québec, il signerait avec l’inclassable Louise Beaudouin, la ministre québécoise des Relations internationales, un protocole pour la restauration de la ville de Byblos. Autres points forts de l’escale à Montréal du ministre de la Culture : le déjeuner offert, en son honneur, par le Forum francophone des affaires et la Chambre de commerce et d’industrie Canada-Liban. Ainsi que sa rencontre avec la pédégère de la Grande Bibliothèque du Québec Lise Bissonnette, ou sa visite du Musée d’archéologie et d’histoire de Pointe-à-Callières. Que des choses qui, en un clin d’œil, donnent à Ghassan Salamé mille superbes idées, pour le Liban. Pour l’indispensable développement, au Liban, de la culture. On attend juste qu’il les applique. Qu’il trouve, ou qu’on les lui donne, les moyens. Une autre paire de manches...
Il a suivi le Premier ministre, et la délégation libanaise, à Washington, New-York et Ottawa. Et au moment où ces derniers s’envolaient, avant-hier mardi, pour Paris – où Rafic Hariri, hier mercredi, a petit-déjeuné avec Hubert Védrine et déjeuné avec Jacques Chirac – Ghassan Salamé a poursuivi ses discussions avec les responsables fédéraux à Ottawa. Avant de...