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Actualités - CONFERENCES ET SEMINAIRES

Archéologie - Conférence à l’AUB du directeur du musée de Corning - La verrerie, un art raffiné de la période romaine

Une équipe américaine, présidée par le Dr Whitehouse, directeur du musée de Corning à New Yok, a entamé, au cours des semaines passées, de petites fouilles sur le site de Tyr. L’objet de sa recherche est une importante verrerie datant de l’époque romaine dont l’étude permet de mieux comprendre la production industrielle du verre dans cette ville. Car ce matériau, qui possède la transparence du cristal et l’éclat des pierres précieuses, était très recherché par les Romains. Peuple raffiné et vivant dans un grand luxe, ces derniers recherchaient la beauté et la finesse en tout. Mais, vu qu’ils étaient habitués à une vaisselle en or et argent, considéraient-ils les objets en verre comme étant luxueux ? «Les plus traditionnels refusaient même de les utiliser étant donné qu’ils étaient bon marché et fragiles alors que d’autres admiraient la grande diversité des méthodes de décoration ou de travail». a expliqué le Dr David Whitehouse lors d’une conférence donnée au musée de l’AUB. Et de préciser : «Quand nous parlons de l’ancienne Rome, nous oscillons entre le Ier siècle av. J.-C. et le Ve siècle apr. J.-C., Tout au long de cette période la production d’objets en verre était extrêmement développée. Vu la qualité, la finesse et la quantité d’ustensiles fabriqués, les spécialistes considèrent que la production avait atteint son apogée au cours de cette période», affirme-t-il. Cette importance est d’ailleurs inconnue dans toute autre civilisation du vieux monde, et après la chute de Rome au Ve siècle, la production du verre va considérablement décliner. Pour ne plus jamais retrouver sa gloire d’antan. «Les Romains étaient des artisans du verre très doués», note le directeur du musée de Corning pour le verre à New York. «Les premières techniques utilisées dans leurs verreries étaient copiées des ateliers hellénistiques qui confectionnaient les objets dans un moule, et les peaufinaient par la suite en les polissant. Plus tard, les Romains ont appris la technique du verre soufflé», poursuit-il. Et il semble que leurs maîtres en la matière venaient des rives phéniciennes. Cette nouvelle technique leur a permis de varier la fabrication des objets et, par la suite, leur utilisation. Elle était essentielle pour l’évolution de cette industrie. Car un objet en verre soufflé est créé et décoré en même temps puisque le passage au moule a lieu durant le soufflage. De très fins objets ont été effectués suivant cette technique, tels que les urnes à parfums de forme animale. Les Romains ont développé plusieurs techniques de décoration du verre. L’une d’elles consiste à enrouler l’objet «naissant» dans des débris de verres multicolores, et à y appliquer par la suite des bandes en forme de serpent enroulé. Si cette première technique paraît simple, la seconde est beaucoup plus complexe et exige une maîtrise totale du travail. Il fallait en effet effectuer des incisions, à froid, dans le verre pour obtenir la décoration qui pouvait se limiter à de simples traits linéaires, inscriptions ou des scènes mythologiques. Le Dr Whitehouse a assuré qu’un artisan expert en incision à froid crée très vite ses coupes et les incisions ne lui prennent pas beaucoup de temps. Les expériences accomplies dans les ateliers d’histoire par des spécialistes utilisant la même méthode ont certifié cette hypothèse. La troisième technique de décoration des objets en verre était la peinture. Les scènes représentées alors pouvaient être inspirées de la mythologie grecque. Les rares objets de grand luxe Les deux types d’objets en verre considérés comme les plus luxueux dans la vaisselle romaine sont les «cameo glasses» et les «cage glasses». Ils sont, en effet, d’une telle rareté qu’on en trouve uniquement une soixantaine dans tous les musées du monde. «Les “cameo glasses” sont des objets ayant deux couleurs différentes obtenues grâce à la superposition de deux couches de verre, explique le Dr Whitehouse. La combinaison de couleurs la plus fréquente pour les “cameo glasses” est le blanc opaque superposé sur du bleu marine. Les premiers objets relatifs à cette technique ont été fabriqués durant le règne des empereurs Auguste, Tiberis, Caligula, Claudius et Néron, au Ier siècle apr. J.-C.. Ils étaient les plus chers et luxueux des objets exposés dans le marché romain», note-t-il. Les plus beaux des «cameo glasses» sont ornés de scènes puisées de la mythologie classique ou de motifs décoratifs qui sont gravés dessus. Quant aux objets appelés «cage glasses», c’est une vaisselle très raffinée comportant essentiellement des coupes et des lampes à l’huile dont la décoration tridimensionnelle est réalisée à froid. Une des grandes particularités de ces objets réside dans leur forme. La base étant arrondie, l’objet ne peut tenir debout. Il est alors fixé sur des bases en fer. Mais la règle du jeu pour les coupes de vin en «cage glass» consistait à ne rendre son verre au servant qu’une fois vide ! Pour une décoration de demeures encore plus raffinée, les Romains accrochaient les lampes à huile fabriquées en «cage glass» aux parois des murs par des anneaux en fer ou les pendaient par des chaînes. Le Dr Witehouse explique aussi que «pour nuancer les couleurs et les faire varier, les Romains avaient l’habitude de mettre de la poudre d’or ou d’argent à l’intérieur même du mélange. Ce phénomène est appelé le dichorée». Si les Romains sont réputés pour les festivités jusqu’aujourd’hui, c’est parce qu’ils avaient le don de les faire dans une ambiance magique. Dans cet objectif, toutes les techniques sont bonnes. De l’éclairage aux coupes de vin en passant par la décoration des maisons, les Romains avaient la manie de travailler le détail.
Une équipe américaine, présidée par le Dr Whitehouse, directeur du musée de Corning à New Yok, a entamé, au cours des semaines passées, de petites fouilles sur le site de Tyr. L’objet de sa recherche est une importante verrerie datant de l’époque romaine dont l’étude permet de mieux comprendre la production industrielle du verre dans cette ville. Car ce matériau, qui...