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Actualités - CHRONOLOGIES

VIE POLITIQUE - Un entretien de 70 minutes entre Lahoud et Sfeir à Bkerké - Le régime s’efforce de ressouder le front intérieur

Nécessité fait loi. Onze jours à peine après sa visite à Bkerké, le chef de l’État a donc repris son bâton de pèlerin. Pour tenter de convaincre le patriarche, de l’amener à mettre de l’eau dans son vin et une sourdine à ses homélies patriotiques. Dérogeant une deuxième fois, face au même interlocuteur, à son habitude d’écouter plus que de parler, le président Lahoud a longuement développé sa lecture propre des dangers régionaux durant l’entretien de 70 minutes qu’il a eu en tête-à-tête avec le patriarche Sfeir et au cours duquel les deux hommes ont décidé de tenir une troisième réunion, qui aurait lieu, cette fois, à Baabda. De son côté, le chef de l’Église maronite a demandé des éclaircissements susceptibles de calmer ou à tout le moins d’atténuer les appréhensions des Libanais. C’est ce qu’on a appris de sources fiables citées par notre chroniqueur politique Philippe Abi Akl et selon lesquelles le président Lahoud n’a pas hésité à aborder de multiples points de détail dans son exposé général. Pour expliciter, en les réitérant, les positions que l’État (ou du moins Baabda) adopte par rapport aux développements en cours. Le chef de l’État est arrivé à 11h45 à Bkerké dans une Mercedes noire. Il était accompagné, pour toute escorte, de son chauffeur et d’un garde du corps. L’entretien a eu lieu dans le bureau du patriarche Sfeir, adjacent au grand salon patriarcal. Le président, ajoutent les sources citées par Philippe Abi Akl, a mis l’accent sur la nécessité pressante, dans la périlleuse situation présente, de mettre de côté les sujets qui fâchent et a fortiori les querelles byzantines qui ébranlent le concept vital de coexistence. Sfeir : « Aucun flou ne doit subsister » Toujours selon les mêmes sources, le patriarche a pour sa part multiplié les questions, demandant des éclaircissements par rapport aux appréhensions des Libanais. Et insistant pour que tout soit tiré au clair, qu’on ne laisse subsister aucun flou ni aucun tabou, l’opinion ayant le droit (comme le besoin) de savoir. Selon ces mêmes sources, le président Lahoud a fait part au cardinal de certaines réponses concernant la souveraineté, l’indépendance, la libre décision libanaise, la présence militaire syrienne et les relations bilatérales. Il a répété qu’il faut avant tout prendre en compte l’actualité régionale et renforcer la scène intérieure afin de pouvoir parer à toute éventualité. Le président Lahoud a de même répété qu’il est inadmissible de laisser les Libanais se diviser et que les circonstances imposent qu’on range pour le moment au placard les sujets de discorde. Selon une personnalité loyaliste, qui se défend toutefois de répercuter l’avis du palais, après la campagne pour l’envoi de l’armée au Sud, qui n’a pas donné de résultats, certaines parties ont voulu mobiliser l’opinion locale autour du dossier de la présence syrienne. Cette même personnalité affirme que la proposition de dialogue général n’a pas été rejetée par le pouvoir, mais torpillée par ses adversaires. Toujours est-il que le président Lahoud et le patriarche Sfeir sont convenus de poursuivre les concertations et se sont entendus pour tenir une troisième réunion. Celle-ci pourrait fort bien avoir lieu à Baabda du moment que le chef d’État a invité Mgr Sfeir à sa table. Émigrés et déplacés L’entretien de Bkerké a été suivi d’un déjeuner auquel ont pris part les évêques Roland Aboujaoudé, Samir Mazloum et Chucrallah Harb, les pères Youssef Tok, Michel Awitt et Boutros Alam, le directeur des services de renseignements au Mont-Liban, le lieutenant-colonel Georges Khoury, ainsi que le conseiller de presse à la présidence de la République Rafic Chelala. Divers sujets sociaux ont été passés en revue au cours des agapes, tels que le dossier des déplacés et celui de l’émigration. Le chef de l’État a assuré que tout se passe dans l’ordre au ministère des Déplacés où les paiements, a-t-il dit, ont lieu aux dates fixées et sans entraves. Il a ensuite évoqué son voyage le mois prochain en France, précisant qu’il s’agit de la première visite d’État d’un président libanais à Paris depuis 1965. À l’époque, c’était Charles Hélou qui s’était rendu en France. De son côté, le patriarche a fait état à l’adresse de son hôte de ses observations durant sa récente tournée américaine. Il lui a expliqué que les Libanais qu’il a rencontrés ont tous exprimé le souhait de rentrer un jour au Liban et qu’il a été étonné de l’importance numérique des colonies libanaises dans les villes qu’il a visitées. Le patriarche a aussi indiqué au président qu’il attendait une délégation des propriétaires d’anciens immeubles. «Ces personnes sont victimes d’une injustice», aurait répondu le général Lahoud. Mgr Sfeir a également relancé le chef d’État au sujet de la requête des autorités religieuses concernant une exemption des installations cléricales du paiement des taxes municipales. Au terme du déjeuner, Mgr Sfeir a célébré une messe d’action de grâce en l’église du patriarcat. Il a ensuite raccompagné son hôte à la porte donnant sur la cour intérieure de Bkerké. Un peu plus tard, il devait recevoir une délégation des propriétaires d’anciennes demeures, conduite par Georges Rabahié. Plus tôt dans la journée, le chef de l’Église maronite a conféré avec une délégation du Tachnag, conduite par le ministre de la Jeunesse et des Sports, M. Sebouh Hovnanian.
Nécessité fait loi. Onze jours à peine après sa visite à Bkerké, le chef de l’État a donc repris son bâton de pèlerin. Pour tenter de convaincre le patriarche, de l’amener à mettre de l’eau dans son vin et une sourdine à ses homélies patriotiques. Dérogeant une deuxième fois, face au même interlocuteur, à son habitude d’écouter plus que de parler, le président...