Rechercher
Rechercher

Actualités - ANALYSES

Un clivage à forte connotation extérieure

Par une étrange coïncidence, l’actualité montre du doigt la dimension internationale fondamentale du clivage intérieur. Washington et Téhéran, deux options diamétralement opposées, pour ne pas dire adverses. Au moment où une partie du Liban officiel représentée par M. Nabih Berry souscrivait dans la capitale iranienne à la ligne dure prônée par le Hezbollah, une autre partie du pouvoir parlait de paix aux Américains par la bouche de M. Rafic Hariri. Jamais la dichotomie, qui frappe du reste l’ensemble du pays, n’a été aussi évidente depuis Taëf. Vox clamantis in deserto : le camp des modérés s’alarme ici de ces tiraillements qui empoisonnent un climat déjà rendu délétère par le débat sur la présence militaire syrienne. Et qui s’aggrave à un moment où le pays se débat dans de sévères difficultés financières et économiques. L’Onu pour sa part partage les inquiétudes des Libanais. Sans s’embarrasser de circonlocutions diplomatiques, l’envoyé de M. Kofi Annan, M. Terjé Roed-Larsen a clairement mis en garde ce pays contre le danger d’une explosion généralisée. Et pour que nul n’en ignore, il l’a fait au sortir d’un entretien avec le ministre syrien des Affaires étrangères, M. Farouk el-Chareh. Une fois de plus, mais peut-être la dernière, l’Onu exige le déploiement de l’armée libanaise dans la zone frontalière sud du pays. En laissant entendre que si le Liban continue à se dérober à ses obligations comme aux dispositions de la 425, la Finul verrait ses effectifs réduits puis rapidement dissous. Le timing même de cette déclaration constitue une réponse au discours de défi lancé à Téhéran par les multiples radicaux, Hezbollah en tête. Mais la diplomatie de conciliation, sollicitée par l’escalade, ne reste pas inactive. Et les grandes capitales ont pris contact avec les différents protagonistes régionaux pour tenter de calmer le jeu sur le terrain, surtout du côté libanais. Car, comme l’a précisé M. Roed-Larsen, la moindre étincelle, le moindre coup de feu sur ce front-là risque de mettre le feu aux poudres. En provoquant une guerre israélo-syrienne qui pourrait s’étendre ensuite à d’autres pays comme l’Égypte ou la Jordanie, bien obligés à ce moment de voler au secours de Damas. Des efforts sont certes également déployés pour normaliser la situation sur le terrain en Cisjordanie ; mais l’intifada, qui court depuis plus de cent jours, ne semble pas mettre directement en péril la paix, et la carte, régionales. Sur le plan strictement intérieur, les modérés de diverses tendances soulignent l’urgence de recoller les morceaux et de mettre un terme aux polémiques en cours. Le problème c’est qu’en pratique c’est impossible. Parce qu’il ne s’agit pas d’idées théoriques, mais bien de choix aussi concrets que cruciaux à faire. Et que résume la formule percutante de M. Walid Joumblatt : Hanoi ou Hong Kong. Toujours est-il que pour tenter d’harmoniser les positions, le chef de l’État a de nouveau conféré avec le patriarche Sfeir. Ce qui a été bien vu à l’Est. Où certains tièdes proposent maintenant la formation d’un front islamo-chrétien de la pondération qui établirait une plate-forme de constantes susceptibles d’unifier pratiquement le pays politique. Il ne s’agirait pas en l’occurrence des principes nationaux que Bkerké défend, comme la souveraineté et l’indépendance, mais de modération du discours politique local et de ralliement général à Taëf, en tenant compte de la situation au Sud. Un compromis approximatif donc, pour désamorcer la crise. Dont le détonateur reste cependant, répétons-le, aux mains de parties extérieures.
Par une étrange coïncidence, l’actualité montre du doigt la dimension internationale fondamentale du clivage intérieur. Washington et Téhéran, deux options diamétralement opposées, pour ne pas dire adverses. Au moment où une partie du Liban officiel représentée par M. Nabih Berry souscrivait dans la capitale iranienne à la ligne dure prônée par le Hezbollah, une autre...