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Actualités - CHRONOLOGIES

THÉATRE - « Pour un homme seul », ce soir au Monnot - Reconstruire, au fil des maux

Un homme seul, sur les planches du Théâtre Monnot. Seul, dans une étendue sablonneuse qui ressemble à l’infini. Seul, à grimper et redescendre – au gré des soubresauts de sa mémoire – les marches d’une échelle, que l’on dirait sans fin. Seul, à hurler son désarroi, sa douleur, sa déchirure, le manque de cette parcelle de soi arrachée, perdue. Et, au fil des mots, des phrases, des souvenirs, des cris, l’absente se dessine, se matérialise, s’incarne. Elle envahit l’espace, la salle, l’imaginaire des spectateurs, entraînant chacun d’eux dans les replis de leur propre vécu, de leur mémoire intime... C’est que le pouvoir des mots, ciselés par Thérèse Basbous, de par leur sonorité, leur musicalité, est si évocateur, si fort qu’il ne peut que tisser un lien, tout en vibration et émotion, entre la pièce et le public. Ces mots qui semblent jaillir en désordre, s’égrener, se bousculer, se contester par moments, jouer les associations ludiques d’autres fois, se placent, détail par détail, dans un ensemble cohérent d’images, qui dessinent la trame de l’œuvre. Ce monodrame met en scène un homme prisonnier du passé, enfermé dans sa passion ravageuse pour une femme blessée, dont il a endossé l’histoire douloureuse. Cet homme seul pris dans la spirale infernale du souvenir, de la violence, de la folie, de l’espoir, du doute... Cet homme qui souffre et qui se délecte autant de sa torture qu’il cherche à s’en débarrasser, va se lancer dans une reconquête éperdue de sa liberté. Au milieu de ce «nulle part» sablonneux, qui ressemble à un chantier, il va déconstruire, fragment par fragment, une histoire commune, pour se reconstruire, retrouver sa propre identité. Se libérer de cette présence obsédante de l’absente. Du passé. Pour ce texte poétique, à l’écriture difficile mais rythmée, le metteur en scène Pierangelo Summa (que nous avons présenté dans ces mêmes colonnes, dans l’édition du mercredi 18 avril) a signé une scénographie sobre et moderne. Les éléments du décor (réalisé par Anachar Basbous), ainsi que le jeu d’éclairage (Mephisto Group ; Hagop Der Ghougassian) «sont des signaux qui s’adressent à la sensibilité du spectateur», dit-il. À l’instar de ce filet de sable qui tombe sur scène, sablier singulier, qui rythme les quatre-vingt-dix minutes de l’excellente performance de Georges Hachem. Seul sur scène.
Un homme seul, sur les planches du Théâtre Monnot. Seul, dans une étendue sablonneuse qui ressemble à l’infini. Seul, à grimper et redescendre – au gré des soubresauts de sa mémoire – les marches d’une échelle, que l’on dirait sans fin. Seul, à hurler son désarroi, sa douleur, sa déchirure, le manque de cette parcelle de soi arrachée, perdue. Et, au fil des mots,...