Rechercher
Rechercher

Actualités - ANALYSES

Une nécessité évidente : la coordination entre le pouvoir et la Résistance

Dans les chancelleries accréditées à Beyrouth, le constat est unanime : Sharon ne plaisante pas. À la première occasion, et malgré les objections des travaillistes, il a mis à exécution les menaces lancées à la Syrie dès son arrivée au pouvoir. Le message du Beidar n’a rien de subliminal : le Hezbollah est désormais considéré comme le bras séculier de Damas, qui en répond donc directement, comme s’il s’agissait de sa propre armée. Et devra par conséquent assumer, du moins sur le territoire libanais, les représailles que les opérations du Hezb peuvent entraîner. C’est bien ce qui a eu lieu après la dernière action de la Résistance du côté de Chebaa. Le président Lahoud a qualifié ces développements de dangereux, en imputant la faute de la dégradation et de ses éventuelles retombées ultérieures à l’État hébreu. Il a ajouté que le Liban allait continuer à prendre toutes les initiatives requises pour la libération de Chebaa et des prisonniers libanais en Israël ainsi que pour le retour dans leurs terres des réfugiés palestiniens. Quant au président Hariri, il a affirmé que le raid sur le radar du Beidar est une agression israélienne à la fois contre la Syrie et contre le Liban. Il a mis en garde contre toute décision israélienne pouvant élargir encore le champ de la tension dans la région. En lançant un appel pressant à la communauté internationale pour réfréner Israël. Mais Sharon ne semble faire aucun cas des condamnations occidentales, ni des pressions américaines visant à l’empêcher de poursuivre ses incursions dans les territoires palestiniens. Pour ce qui est du Liban, il est clair que le Premier ministre israélien veut imposer la neutralisation du Hezbollah ainsi que le déploiement de l’armée libanaise au Sud, décisions qui relèvent directement de Damas, souligne-t-il. La réponse du tandem syro-libanais, communiquée à l’Onu comme à Washington, est que Chebaa n’ayant toujours pas été restitué, le droit de résistance active reste toujours valable. Mais pour le fond, une source politique locale note que « Sharon, en désignant la Syrie comme responsable, lui reconnaît ipso facto un rôle de tuteur au Liban. Il a d’ailleurs savamment dosé ses coups : ses chasseurs-bombardiers n’ont pilonné que le radar, sans toucher les nombreuses positions syriennes environnantes. Ce radar, il l’avait déjà attaqué lors de l’invasion en 82. Puis la Syrie l’avait réinstallé, à cause de son importance technique. Sur le plan militaire strict, c’est donc un premier avertissement sans frais que reçoivent les forces syriennes cantonnées au Liban. Mais sur le plan politique, bien plus déterminant, Israël confirme de manière paradoxale sa reconnaissance du droit de présence syrienne dans ce pays. Le signal signifie en clair que l’État libanais n’existe pratiquement pas. Il faut y prendre garde. Et veiller pour commencer à ce que la Résistance trouve ses références auprès des autorités locales auxquelles elle doit s’adresser en premier. Il est encore plus dangereux qu’inadmissible de voir le Hezbollah opérer sans même en informer le gouvernement. Et choisir des moments inopportuns, comme ce fut le cas pour l’avant-dernière opération de Chebaa, lancée alors que le président Rafic Hariri se trouvait à Paris pour convaincre la Banque mondiale de nous aider. La Résistance doit retourner au bercail national, sans laisser plus longtemps les Libanais comme le monde extérieur penser qu’elle coordonne avant tout avec la Syrie. Sans quoi il est probable qu’après une pause pour souffler, à la suite du coup du Beidar qui déplace momentanément les priorités, la campagne pour ou contre le retrait syrien reprendrait à l’intérieur d’une façon encore plus acharnée. Divisant dangereusement les Libanais. C’est aussi là l’un des objectifs recherchés par Israël à travers le raid sur le radar. Une action qui n’a été ordonnée que le jour même où la détente sur le front du dossier de la présence syrienne se confirmait, avec l’entretien pascal Lahoud-Sfeir. On ne peut pas non plus, conclut cette personnalité, négliger l’avertissement américain concernant le Hezbollah et la nécessité de déployer l’armée à la frontière. Sauf, évidemment, si on veut jouer avec le feu. Ou laisser les autres le faire à notre place, alors que nous en subirions les plus lourdes conséquences».
Dans les chancelleries accréditées à Beyrouth, le constat est unanime : Sharon ne plaisante pas. À la première occasion, et malgré les objections des travaillistes, il a mis à exécution les menaces lancées à la Syrie dès son arrivée au pouvoir. Le message du Beidar n’a rien de subliminal : le Hezbollah est désormais considéré comme le bras séculier de Damas, qui en...