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Actualités - CHRONOLOGIES

Le cadeau

Ils s’amusent, à qui a la plus grosse, festival de gros muscles, «c’est moi le plus fort, tiens regarde», quelques kidnappings, otages bien traités, bien nourris, quelques raids, un vieux radar qui ne fonctionnait plus depuis des lustres, quelques morts d’un côté, de l’autre, rien de bien grave, c’est pratique pour sauver la face, pour rappeler à un peuple les vertus du sacrifice pour la patrie. Parce que, n’est-ce pas, the show must go on... Le président de la République de Syrie et le Premier ministre d’Israël, à défaut d’être bénis des dieux, le sont, clairement, par Washington. Au-delà du mythe, d’un quelconque anti-impérialisme bête et primaire ou d’une «bonne» conscience facilement et vite autodécernée, le constat devient vite théorème. Marionnettistes en chef, grands ordonnateurs, maîtres de cérémonie, les États-Unis d’Amérique – et même d’Europe – ont fait leur ce théorème-là selon lequel aucun équilibre régional n’est possible, aucun intérêt US optimisé, sans l’immolation d’un Liban moisi, son dépecage, son partage. Tout est question de dosage. D’équilibre. Quant au Liban, pendant ce temps, crucifié, moisi, il subit. Hagard. Exsangue. L’attaque du radar rouillé tombe à pic pour clore, pendant de longues semaines, le débat sur la présence syrienne – l’essentiel, l’indispensable débat. Une attaque pour avorter, encore une fois, chaque velléité de dialogue qui a réussi, contre vents et marées, à se faire entendre au milieu d’un concert de silences criminels. Une attaque qui répond à une autre et qui tombe, pile, une semaine avant les rencontres Hariri-Jean-Paul II, Hariri-Bush, Hariri-Chrétien. Une attaque qui cloue au pilori les (derniers petits) espoirs encore tout chauds des Libanais qui n’en peuvent plus de ces montagnes russes, de ce perpétuel mouvement de yo-yo, et qui partent. À la Maison de verre, à Tokyo, à Tripoli, à Paris, à Berlin, au Caire ou à Amman, on condamne. À Washington, on condamne aussi la «dangereuse escalade» tout en blâmant le Hezbollah parce qu’il a provoqué ces frappes aériennes. Le Hezbollah justement qui convoque ses alliés (...) pour une rencontre «stratégique». Bref, toutes les apparences sont sauves. La belle concomitance. Et le Liban qui moisit encore plus. Toujours plus.
Ils s’amusent, à qui a la plus grosse, festival de gros muscles, «c’est moi le plus fort, tiens regarde», quelques kidnappings, otages bien traités, bien nourris, quelques raids, un vieux radar qui ne fonctionnait plus depuis des lustres, quelques morts d’un côté, de l’autre, rien de bien grave, c’est pratique pour sauver la face, pour rappeler à un peuple les vertus...