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Actualités - COMMUNICATIONS ET DECLARATIONS

Médias - Un appel au « sauvetage de la nation » - L’Ordre de la presse invite l’État à des « initiatives urgentes de dialogue »

Le conseil de l’Ordre de la presse a publié hier, à l’issue d’une réunion extraordinaire, un communiqué auquel il a tenu à faire la plus grande publicité, en demandant aux quotidiens de le reproduire intégralement et de lui donner un titre unique . Cet «Appel à un sursaut national» et à un «sauvetage de la nation» reflète la très grande inquiétude de l’Ordre de la presse face à la montée de la haine confessionnelle et aux germes de discorde civile et religieuse qui se sont fait jour au cours des dernières semaines dans certains milieux. L’Ordre de la presse a condamné les parties qui se sont laissé aller à ces «démonstrations scissionnistes» et s’est déclaré attaché au pluralisme et à la démocratie, qu’il considère menacés par un tel phénomène. Les désaccords entre Libanais n’ont jamais été, par leur essence, du domaine religieux, a-t-il souligné, et a invité l’État à des «initiatives de dialogue rapides». Mais, concession au pouvoir, l’Ordre de la presse a estimé que tout rééquilibrage des rapports entre le Liban et la Syrie doit être du ressort de l’État. D’autre part, on peut déplorer que, dans son préambule, le communiqué se réfère à un «comportement scissionniste», ce qui n’est pas le cas. Bien au contraire, on tente de présenter comme scissionniste un mouvement qui n’a d’autre but que de consolider l’unité nationale sur base de l’accord de Taëf et de principes admis par tous les Libanais. Enfin, le communiqué invite les leaderhips à «éviter ce qui peut induire, même involontairement, des manifestations de division», renvoyant ainsi dos à dos ceux qui réclament un droit et ceux qui leur ont répondu en brandissant la menace de la violence. Voici le texte intégral du communiqué de l’Ordre de la presse : «Le conseil de l’Ordre de la presse a tenu une séance extraordinaire sous la présidence de M. Mohammed Baalbacki. Après délibération, il a publié le communiqué suivant : «Le conseil de l’Ordre de la presse a suivi avec une très grande attention la grave tournure confessionnelle prise par les derniers événements. Le conseil s’est penché en particulier sur les démonstrations de force qui ont accompagné certaines prises de position et qui ont laissé croire que leurs auteurs, même involontairement, affichaient leur hostilité active et violente à l’égard de certains autres, au lieu de rester dans une situation de dialogue au service de l’unité nationale ou, à tout le moins, dans une situation d’émulation dans l’édification de la patrie et dans le renforcement de son immunité. Le conseil s’est attardé davantage encore sur les conséquences très négatives de ce type de comportement scissionniste, non seulement sur la situation économique et monétaire, mais aussi sur la situation politique et sociale, ainsi que sur le moral de la population, et donc sur l’avenir du pays. «Le conseil a donc pris l’initiative d’examiner très attentivement cette situation, aussi bien par sens de la responsabilité nationale qu’en raison de son attachement au régime démocratique et à son évolution, à la sauvegarde des libertés publiques et privées, et en particulier la liberté de la presse et des médias». Un droit et un devoir «En conséquence, le conseil a estimé de son droit, et même de son devoir, d’affirmer haut et fort, devant tous, qu’il condamne avec la dernière énergie la tournure scissionniste prise par les événements et les moyens utilisés, alors que l’on est à moins d’un an de la victoire du 25 mai 2000 et de l’évacuation par l’occupant israélien de la plus grande partie du Liban-Sud et de la Békaa-Ouest. Une victoire qui a démenti une fois pour toutes les disparités communautaires au sujet d’une cause nationale, a renforcé le crédit dont jouit le Liban auprès de ses frères arabes et en a fait un sujet de fierté pour toute la nation arabe et un modèle à prendre en exemple. «Cette tournure scissionniste ignore délibérément l’intérêt national, en lui portant un coup très préjudiciable, à un moment où la mise en garde internationale au sujet des risques d’un “naufrage du navire” demeurent dans tous les esprits et où des efforts exceptionnels sont nécessaires pour le sauver et sauver tous ceux qui se trouvent à son bord. «Le conseil de l’Ordre considère donc de son droit et de son devoir de rappeler à tous les Libanais des vérités qui, croit-il, doivent rester présentes à leur esprit : «1 – Les désaccords entre Libanais sont, par leur essence et dans leurs expressions diverses, des divisions politiques légitimes et non pas des conflits religieux portant sur des croyances ou des symboles religieux . Il en ressort que les solutions de ces conflits sont d’ordre politique et n’ont rien à voir avec l’appartenance religieuse des parties en désaccord. «2 – Le pluralisme religieux au Liban constitue, pour peu que les Libanais sachent l’accueillir et l’accepter, un trésor de nature à enrichir le Liban sur le plan de la civilisation et de la culture. Ce pluralisme reflète aussi la vocation du Liban et donne du poids à son rôle au sein du monde arabe. Enfin, ce pluralisme permet au Liban d’être à l’avant-garde de la confrontation avec Israël et avec des phénomènes régionaux et mondiaux du même type, même en cas de règlement pacifique avec Israël. C’est avec une entière conviction que le Liban a assumé cette mission, qu’il a forgé des lois pour la protéger et qu’il a adopté des prises de position exprimant son identité arabe et son régime démocratique. «Les Libanais doivent leur succès à cet arabisme toujours caractérisé par le pluralisme. Les composantes de ce pluralisme ont toujours été respectées et préservées, de sorte que le Liban n’a pas connu de guerres religieuses, que toutes les religions ont pu s’y épanouir et qu’aucune personne n’y a été brûlée par une quelconque inquisition. «3 – La presse libanaise, qui a toujours représenté l’opinion publique dans toutes ses nuances, tous ses courants intellectuels, culturels, religieux et politiques, est très consciente de ces faits. Elle s’est efforcée de demeurer, tout à la fois, le reflet fidèle de la société libanaise riche, forte, ambitieuse et le quotidien du matin d’un monde arabe qui aspire à plus de libertés, de progrès et de modernité. «Et si, à une époque, un recul a été enregistré dans le rôle arabe de la presse libanaise, c’est que le rôle du Liban lui-même avait reculé, en raison des guerres que se livraient les Libanais et de leur éloignement objectif ou provoqué de leur unité nationale. «4 – La presse libanaise a payé de son être le prix des guerres et discordes passées. Avec la patrie, elle continue d’en payer aujourd’hui le prix, alors même qu’elle se sent menacée dans son existence et non seulement dans son avenir. Elle persiste toutefois à manifester son attachement à son rôle, à sa mission, à ses libertés, refusant obstinément de se laisser manipuler au bénéfice de quiconque met en danger le Liban. Elle assure qu’elle ne se transformera pas en porte-voix des discordes ou en tribune pour les instincts irrationnels. Enfin, qu’elle affrontera, aux côtés des Libanais, la crise qui se manifeste, qu’elle lui livrera bataille et qu’elle la vaincra». Le Liban, foyer de la convivialité «C’est pourquoi le conseil de l’Ordre de la presse invite les parties concernées, quelle que soit leur position, à réaffirmer leur foi dans les vérités suivantes : «A – L’unité d’un Liban souverain, libre et indépendant, patrie de tous et foyer de la convivialité. «B – Le régime démocratique, la liberté d’expression, de pensée et de croyance, la liberté de l’écrit, de réunion et de manifestation, dans le respect des lois en vigueur et sur la base de l’égalité de tous en droits et en devoirs. «C – Le recours au dialogue comme instrument exclusif des échanges . «D – L’usage d’un discours élevé, bâti sur le respect réciproque. «E – Le sens de la responsabilité provenant de la conscience du danger externe qui peut provenir d’Israël. «F – La sensibilité aux ménagements particuliers exigés par le maintien de l’édifice interne, plus particulièrement de la part des responsables. «G – La conscience que toute correction d’un déséquilibre dans les rapports entre le Liban et la Syrie, comme avec tout autre pays, sont de la responsabilité de l’État représenté par le pouvoir exécutif, afin que cette correction ne revête pas l’aspect de la défense des droits d’une communauté, au point d’occulter citoyenneté et État. «L’Ordre de la presse libanaise, qui a toujours défendu l’intérêt supérieur du Liban, invite tous les responsables de l’État à se tenir pour une instance de recours générale de tous les Libanais et une expression de leur volonté, et par conséquent, d’examiner la situation avec toute l’attention nécessaire et de prendre des initiatives de dialogue rapides pour consolider l’entente nationale. «Il invite en outre tous les leaderships et les forces actives à éviter tout ce qui peut induire, même involontairement, des manifestations de division, ou des incitations à la dissension confessionnelle ou tout autre phénomène néfaste. L’Ordre de la presse invite tous les Libanais à résister avec la presse, et par elle, dans leur intérêt et celui de la patrie, et à bannir toutes les voix qui s’élèvent pour prêcher la division ou la discorde, qui ne peuvent exister qu’à leurs dépens et aux dépens du Liban. Le conseil de la presse assure que la presse est engagée à faire preuve de vigilance, aussi bien au niveau de la publication que de l’espace accordé ou des expressions utilisées, à l’égard de prises de position ou communiqués de nature à porter atteinte à l’unité nationale et à la stabilité, ou à menacer l’ordre social, économique et politique. Le syndicat assure aussi qu’il suit de près l’évolution des choses, avec un grand sens de responsabilité, et se considère tenu de coopérer pour le succès de ses orientations et se met au service de toutes les initiatives allant dans ce sens».
Le conseil de l’Ordre de la presse a publié hier, à l’issue d’une réunion extraordinaire, un communiqué auquel il a tenu à faire la plus grande publicité, en demandant aux quotidiens de le reproduire intégralement et de lui donner un titre unique . Cet «Appel à un sursaut national» et à un «sauvetage de la nation» reflète la très grande inquiétude de l’Ordre de...