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Actualités - OPINIONS

Demain, et enfin, le dialogue

Après une valse-hésitation de plusieurs mois, qui a failli tourner à la sarabande avec le pic (à glace) de la manif des Ahbaches, la piste locale se met finalement au slow. Malgré, ou à cause de l’attentat au colis piégé de Bkhechtay, les politiques ont conjugué leurs efforts pour calmer le jeu. À coups de rencontres hautement symboliques comme le Lahoud-Joumblatt de Baabda ou le Sfeir-Frangié de Bkerké. À coups aussi d’échanges de déclarations lénifiantes et d’arpèges coulés sur le clavecin bien tempéré des animateurs des talk-shows télévisés. Pour enclencher, couronner et officialiser ce mouvement de déminage, on ne pouvait rêver occasion à la fois plus festive et solennelle que la journée de porte ouverte traditionnellement organisée à Bkerké pour Pâques. Bien entendu, le clou de cette journée qui n’a jamais si bien porté son nom sera la rencontre Lahoud-Sfeir. Une visite de vœux au plein sens du terme. Car chacun des deux pôles a quelque chose à souhaiter de la part de l’autre. Le patriarche, que l’État assume le traitement du dossier politique occurrent. Le président, que Bkerké interdise toute dérive extrémiste et mette en même temps un peu d’eau dans son vin de messe par rapport à ses revendications souverainistes. Mais si on a pu parler d’éveil civique, mot qui connaît une vogue soudaine dans les salons politiques, après le frisson de peur collective que les clowneries ahbachistes ont pu provoquer, de lourdes questions restent en suspens. Ainsi, dans la mesure où le contre-militantisme surgi d’on ne sait où à l’Ouest pour radicaliser le clivage était visiblement téléguidé, on se demande pourquoi les manipulateurs s’arrêteraient en aussi bon chemin. Surtout après les brillants résultats obtenus à travers le test grand-guignolesque de ces Ahbaches que l’autorité publique a laissé faire. Pourquoi permettrait-on brusquement aux Libanais sinon de s’entendre du moins de se rencontrer pour dialoguer à cœur ouvert ? Pourquoi, après avoir tant fait et tant investi pour amener la rue à perdre la raison, accepterait-on qu’elle rentre dans sa coquille et laisse les mentors discuter sagement entre eux ? Pourquoi, pour aller encore plus loin, voudrait-on cesser de bloquer l’entente nationale prévue dans les accords de Taëf et allègrement torpillée onze ans durant ? Enfin et surtout, comment imaginer que cette entente soit autorisée à se faire contre ceux-là même qui la prohibent ? Il y a donc de quoi rester sceptique. D’autant que le bon mouvement des loyalistes affiche des limites strictement humanitaires. Il s’agit simplement pour les pôles de ce camp d’éviter que le temple ne s’écroule sur la tête de tous. Ils veulent donc bien contribuer à la détente sur le plan psychologique. Mais, sur le fond, ils n’en démordent pas : la présence militaire syrienne, disent-ils, est plus que jamais une nécessité. Car dans la périlleuse conjoncture régionale présente, cette présence prend une dimension stratégique, au sens fort du terme, autant que sécuritaire. Et d’ajouter, pour faire bonne mesure, que ni les décideurs ni le pouvoir local n’entendent discuter de quoi que ce soit sous la pression de la rue ou même des pôles locaux. Dès lors beaucoup d’opposants pensent que l’apaisement en cours n’irait pas plus loin qu’un gain de temps, pour la neutralisation d’un dossier gênant. Cependant le souci le plus élémentaire d’objectivité oblige à souligner que le processus maintenant enclenché par le régime en faveur du dialogue ne peut pas être superficiel. Il est certain que, comme lors de son entretien avec M. Joumblatt, le chef de l’État ne va pas éviter avec le patriarche Sfeir les problèmes de l’heure. On attend beaucoup, généralement, de cette entrevue. Qui va se trouver appuyée, sinon prolongée, par une prochaine assemblée des députés maronites au domicile de leur doyen d’âge, M. Kabalan Issa el-Khoury. Les participants devant en principe plancher sur un projet politique global articulé sur l’entente. En vue d’un dialogue approfondi sous les lambris de la coupole parlementaire. Ou en vue d’un congrès national.
Après une valse-hésitation de plusieurs mois, qui a failli tourner à la sarabande avec le pic (à glace) de la manif des Ahbaches, la piste locale se met finalement au slow. Malgré, ou à cause de l’attentat au colis piégé de Bkhechtay, les politiques ont conjugué leurs efforts pour calmer le jeu. À coups de rencontres hautement symboliques comme le Lahoud-Joumblatt de Baabda...