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Actualités - ANALYSES

Une décision internationale irrévocable, affirment les proches de Damas

Très tranchant, un député proche de Damas proclame que la campagne menée en vue d’un retrait syrien «est un pur coup d’épée dans l’eau. En 1976, certains avaient tenté, évidemment sans réussir, de s’opposer par les armes à l’entrée des troupes syriennes. Et aujourd’hui, il est tout aussi inutile d’en réclamer le départ. Car l’on se trouve en présence, dans les deux cas, d’une décision internationale irrévocable. Ce qui s’explique par la nécessité de prévenir une réaction en chaîne de dislocation régionale qui commencerait par ce pays, maillon faible de la chaîne». Autrement dit, il s’agit de protéger une carte géopolitique fragile, de la garder telle quelle, d’empêcher l’anarchie pour éviter la soudaine éclosion d’une constellation d’États ethno-confessionnels. Ce député conseille dès lors aux parties concernées de commencer «par bien lire le livret de l’opéra, de se pénétrer des postulats de base, avant de se lancer tête baissée dans des actions qui ne mènent qu’à l’impasse. De la roulette russe». Pour user de sa propre métaphore tragiludique, on observera que ce «pair» du Parlement ne «manque» pas ensuite d’affirmer qu’il est hautement préjudiciable «pour le pays de courir après des chimères. Non seulement c’est une perte de temps, mais aussi, et surtout, c’est jouer avec le feu. Car on sait comment un processus d’escalade commence, mais on ignore toujours comment il peut finir. De plus, il est évident que ce pays, sorti d’une guerre domestique qui a failli le détruire totalement, ne peut se permettre le luxe d’une nouvelle fracture intérieure. Surtout dans la désastreuse situation économique et financière dans laquelle il se trouve. Et qui nécessite, pour commencer à se redresser, une dose assez forte de confiance comme de stabilité politico-sécuritaire pour attirer les investisseurs». La psychose apparaît effectivement comme une lourde réalité du moment. Comment s’en dégager ? «Seul le régime, répond ce député, peut gommer les tensions et soustraire le pays à la loi pesante de l’équilibre de la terreur qui semble vouloir s’instaurer. Seul le président Lahoud peut entamer un traitement de fond par un dialogue avec le président Assad. Et sans l’aval ou le soutien actif de Baabda, aucune démarche de conciliation ou d’apaisement n’a de chances sérieuses d’aboutir». Mais la mission Boutros, ou si l’on préfère l’ouverture consentie par Damas en direction de l’ancien ministre des Affaires étrangères ? Selon la personnalité citée, même ce créneau qui a été le premier à s’ouvrir après le manifeste des évêques maronites «a désormais besoin de l’approbation comme de l’appui du président Lahoud. Même si l’on excepte le fait que Damas n’a absolument pas l’intention de contourner Baabda, il reste qu’en pratique aucune résolution ne peut être appliquée si le régime, et partant les institutions constitutionnelles, n’y souscrivent pas». C’est certainement exact, mais on voit mal pourquoi le pouvoir local s’opposerait à des plans raisonnables dont le principe serait accepté de tous, décideurs en tête. Cependant, ce député insiste : «À l’heure actuelle, M. Fouad Boutros n’a qu’un statut de monsieur bons offices officieux, ce qui limite beaucoup sa marge d’action efficace. Pour conforter sa mission, il devrait décrocher une sorte de mandat de nos hautes autorités». Le problème c’est que dans un tel cas de figure, l’ancien ministre ne pourrait plus, de toute évidence, rester porteur des vues de Bkerké pour les transmettre fidèlement, sinon pour les défendre, aux dirigeants syriens. Il devrait répercuter en priorité le point de vue des officiels locaux. Et, si l’on peut dire, le combat cesserait faute de combattants, puisque, sur le plan du retrait, l’opinion du pouvoir libanais ne diffère pas tellement de celle de Damas. Cependant, sans chercher à en devenir le porte-parole, M. Boutros sait, en homme d’expérience, qu’il a besoin pour progresser de voir ses idées ou ses suggestions approuvées par le président Lahoud, mais aussi par les présidents Berry et Hariri. Il n’a dès lors jamais manqué de s’en référer à eux et de bien les tenir au courant des éléments dont il a connaissance du fait de sa navette entre Bkerké et Damas. Pour l’heure, selon des sources aussi informées que fiables, l’ancien ministre pense que le moment de réactiver en grand sa mission n’est pas encore venu. Et cela malgré les encouragements qu’il reçoit de Damas via des émissaires qui lui sont envoyés à domicile. M. Boutros réalise en effet, affirment ces sources, qu’à l’heure actuelle ses efforts de go-between ou de médiateur proposant des solutions pour corriger les relations, tourneraient à vide. Car il lui faut d’abord savoir ce qu’en pensent au juste les Syriens, qui restent muets sur le fond. D’autre part, certains loyalistes estiment, contrairement au parlementaire précédemment cité, que Baabda n’a nul besoin d’un intermédiaire pour dialoguer avec Damas ou encore avec Bkerké. Ces loyalistes prédisent qu’après sa rencontre pascale avec le patriarche Sfeir, le président Lahoud se rendrait auprès du président Assad. Pour discuter, sans tapage médiatique et sans urgence, du redéploiement sur la Békaa. Moyennant, éventuellement, la mise en chantier d’une autre clause encore non appliquée de Taëf, l’abolition du confessionnalisme politique.
Très tranchant, un député proche de Damas proclame que la campagne menée en vue d’un retrait syrien «est un pur coup d’épée dans l’eau. En 1976, certains avaient tenté, évidemment sans réussir, de s’opposer par les armes à l’entrée des troupes syriennes. Et aujourd’hui, il est tout aussi inutile d’en réclamer le départ. Car l’on se trouve en présence,...