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Actualités - CHRONOLOGIES

Communautés - Le ministre de la Santé et trois députés invitent le patriarche à se rendre à Damas - Frangié à Bkerké : un entretien « franc » mais stérile

Le ministre de la Santé, Sleiman Frangié, et trois députés, Talal Arslan, Robert Ghanem et Jean Obeid reçus hier à Bkerké, ont fait savoir au patriarche Nasrallah Sfeir, qu’ils souhaitent qu’il se rende à Damas pour y accueillir le pape Jean-Paul II en mai prochain. Les quatre ont aussi lancé un appel en faveur d’un «retour au langage de la raison» dans le pays. M. Frangié devait cependant ajouter que «ce n’est pas par le défi que la Syrie retirera ses troupes du Liban», accusant «la rue maronite» d’être à l’origine du climat tendu dans le pays. Quant au patriarche, il a laissé entendre qu’il pourrait se rendre à Damas au cas où sa visite aurait des chances de déboucher sur des résultats positifs concernant bien sûr le dossier des relations libano-syriennes. De sources proches de Bkerké, il a été possible d’obtenir quelques informations sur la teneur de l’entretien du patriarche et du ministre de la Santé au sujet du dossier syrien. Mgr Sfeir a réaffirmé que son appel au rétablissement de la souveraineté, de l’indépendance et de la liberté de décision libanaises «ne peut pas être interprété comme une prise de position hostile» à Damas, estimant qu’il est «dans l’intérêt du Liban et de la Syrie que les deux pays soient forts». M. Frangié a pour sa part exprimé le souhait que le patriarche se rende à Damas à l’occasion de la visite du pape jugeant qu’une telle initiative est dans l’intérêt du Liban et des chrétiens en particulier. Il a dit craindre que «ce ne soit une occasion ratée» au cas où elle n’aurait pas lieu. Selon ses sources, il a dit au patriarche : «Vous êtes libres d’avancer les thèses que vous voulez. Tout ce que nous souhaitons, c’est que tout le monde sache où se situe l’intérêt des chrétiens en général et des maronites en particulier. Il vous appartient de décider s’il vous faut ou non aller à Damas, mais j’espère que vous réfléchirez à la question parce qu’il y a des maronites en Syrie aussi et vous en êtes responsable, sur le plan paroissial. Je pense aussi que la visite servira à désamorcer la tension qui prévaut dans le pays». La réponse du chef de l’Église maronite a été qu’il étudie la question. Il a insisté sur le fait que son éventuelle visite en Syrie devrait déboucher sur des résultats positifs. Au cours de sa conversation avec le patriarche, M. Frangié a assuré que la Syrie «est seule garante du maintien de l’équilibre politique au Liban», rejetant les thèses selon lesquelles elle privilégie une partie des Libanais au détriment d’une autre. M. Frangié a aussi rendu hommage aux positions de son hôte tout en affirmant craindre «que certains groupuscules ne tentent de se servir de Bkerké comme couverture pour tenter un come-back politique», dans une allusion évidente aux Forces libanaises dissoutes. «Bkerké est à tout le monde et ne sert de couverture à personne», a répliqué le patriarche en expliquant que ses positions «sont l’écho de celles des personnes qui viennent, toutes appartenances communautaires confondues, des quatre coins du Liban pour s’exprimer». «N’est-il pas du droit du Libanais d’exiger que son pays soit indépendant, souverain, sans tutelle et bénéficiant d’une liberté de décision ?», a-t-il renchéri. Sfeir et Frangié campent sur leurs positions De sources concordantes, proches de Bkerké et de Zghorta, on a indiqué que le patriarche et le ministre ont campé chacun sur sa position par rapport au dossier de la présence et de l’influence syriennes au Liban. «Je ne suis pas venu pour le convaincre, mais pour donner mon point de vue», a déclaré M. Frangié à sa sortie de Bkerké, estimant que c’est «la raison qui doit prévaloir en cette période parce que tout fanatisme, qu’il soit chrétien ou musulman, n’est pas dans l’intérêt du pays». Après avoir indiqué que son entretien avec le patriarche était «franc» et que les prises de position du prélat reposent sur des bases nationales, il a indiqué, en réponse à une question, que «ce n’est pas le défi qui fera sortir les forces syriennes du Liban ou qui les poussera à opérer un redéploiement». «Tout peut être obtenu par l’entente, la confiance réciproque entre les Syriens et nous et par l’établissement d’une relation stratégique réelle» avec Damas, a-t-il enchaîné. Et de poursuivre : «Il n’y a aucun défi dans le discours du patriarche, mais nous ne pouvons pas en dire autant pour celui de la rue chrétienne, notamment maronite. Personne ne peut établir une distinction entre la rue et Bkerké qui est le siège patriarcal des maronites et qui se doit donc d’œuvrer pour rétablir le calme. Il s’y emploie, il est vrai, mais à mon avis, ses obligations sont beaucoup plus importantes à ce niveau». Selon le ministre, «c’est la rue maronite qui est à l’origine de la tension dans le pays». «Personne n’est contre l’indépendance et la souveraineté du Liban, a-t-il encore dit, nous n’avons cependant pas la même conception des choses. Certains croient que l’indépendance et la souveraineté seront rétablies au lendemain du départ des Syriens. À mon avis, nous ne les recouvrerons que lorsque le Liban cessera d’être une caisse de résonance pour les conflits au Moyen-Orient et que les interventions régionales et internationales prendront fin». M. Frangié s’est dit en faveur du dialogue «à condition qu’un plafond et un ordre du jour lui soient fixés par les parties aux pourparlers». Au sujet de l’interdiction des manifestations et du rassemblement à caractère martial des Ahbaches, M. Frangié a indiqué que des courants avait pu obtenir un permis et d’autres pas. «Est-ce qu’on accorde désormais des permis aux porteurs de bâtons et de haches ?» À cette question d’un journaliste, il s’est contenté de répondre : «Du moment qu’ils ont obtenu le permis, la loi les autorise à manifester».
Le ministre de la Santé, Sleiman Frangié, et trois députés, Talal Arslan, Robert Ghanem et Jean Obeid reçus hier à Bkerké, ont fait savoir au patriarche Nasrallah Sfeir, qu’ils souhaitent qu’il se rende à Damas pour y accueillir le pape Jean-Paul II en mai prochain. Les quatre ont aussi lancé un appel en faveur d’un «retour au langage de la raison» dans le pays. M....