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Actualités - ANALYSES

Sfeir peu enclin à rejoindre - le pape en Syrie en mai

Bkerké veut éviter toute équivoque : même à l’occasion du passage du pape à Damas en mai prochain, une visite du patriarche Sfeir en Syrie pourrait être interprétée comme une capitulation. Ou comme un compromis sur des constantes nationales qui n’en acceptent pas. De ce fait, et malgré les pressantes sollicitations occidentales ou intérieures, le prélat n’a pas l’intention de paraître plier en se rendant sur les bords du Barada. D’autant que s’il s’y résignait, il perdrait à coup sûr son rôle de guide et de catalyseur de la cause nationale, le relais étant assuré alors par les ultras, ce qui, de l’avis des modérés de tous bords, serait extrêmement dangereux. Déjà que le pays est au bord de la césure de rue, pour ne pas dire de l’implosion, à cause des manipulateurs qui arment des éléments de gourdins ou de poignards. Vu d’hélicoptère, le tableau d’ensemble montre que le Liban a tout intérêt à ce que Bkerké continue à mener le jeu, ce qui laisse la porte ouverte au dialogue loin des surenchères et de la confusion. Dans cet esprit de clarté comme d’ouverture, on répète à l’Est que le patriarche n’éprouve à l’égard de la Syrie aucun sentiment d’hostilité politique ou personnelle. On ajoute que ce n’est pas à un niveau affectif quelconque que se situe son refus d’effectuer une visite qui, au contraire, serait pour lui une grande source de satisfaction, à travers l’honneur d’accompagner le Saint-Père dans une démarche historique. Mais Mgr Sfeir, précise-t-on, prêterait le flanc à toutes sortes de doutes si, dans le contexte litigieux actuel, il avait l’air d’aller voir les Syriens sans aucun justificatif par rapport à ses positions revendicatrices. On ne manquerait pas de lui reprocher une rencontre qui serait un coup d’épée dans l’eau et ne donnerait pas de résultats positifs. Certains l’accuseraient même d’avoir, pour un hochet honorifique, tourné le dos à la cause nationale et à la patrie. Des contempteurs de Bkerké, qui veulent faire les malins, font mine de s’étonner que Mgr Sfeir puisse visiter nombre de pays tout à fait étrangers et non un pays frère. Les sources proches du patriarcat leur répondent qu’entre ces contrées et le Liban, il n’existe pas de contentieux à discuter. Dès lors, toute visite du prélat à Damas implique forcément une ouverture de discussion sérieuse, pour laquelle il faut être deux. Or la partie syrienne n’a toujours pas fait part de son intention d’entamer le traitement négociatoire requis. Elle précise en outre qu’elle refuse la qualité d’interlocuteur à une instance religieuse et ne l’attribue qu’aux autorités officielles libanaises. Les mêmes sources soulignent ensuite que lors de son séjour aux États-Unis, Mgr Sfeir, qui souhaitait rencontrer les dirigeants américains pour leur apporter un éclairage plus précis sur la question libanaise, n’a pu le faire. Parce que la nouvelle Administration US ne s’ est pas encore forgée une idée approfondie du problème et n’est pas prête à en traiter. La rencontre n’aurait été alors que de pure courtoisie et le patriarche n’en voit pas l’utilité. Ce qui est le cas pour son éventuelle visite à Damas qui se résumerait à voir le président Assad sans échanges de fonds sur les relations libano-syriennes. Rapports qui ont besoin d’être corrigés, comme le reconnaît du reste l’officieux syrien as-Saoura. Ceci étant, et d’une manière tout à fait objective, la visite du patriarche à Damas à l’occasion du passage du pape n’est pas totalement exclue. Elle aurait lieu si elle devait être porteuse de sens et d’ouverture de dialogue. Les missions médiatrices s’emploient dès lors à permettre cet accès dans le délai d’un mois qui nous sépare de l’arrivée du Saint-Père dans la région. On sait à ce propos que l’ancien ministre, M. Fouad Boutros, poursuit ses efforts et qu’il doit revoir prochainement le président Assad pour lui soumettre des idées déterminées. Si la réaction du chef de l’État syrien devait s’avérer positive, alors Mgr Sfeir pourrait bien se rendre en mai à Damas. De son côté, le président Rafic Hariri va certainement tenter de contribuer au rapprochement en gagnant la capitale syrienne après sa prochaine visite au Vatican. Mais pour l’heure, le patriarche refuse toute proposition de prendre le chemin de Damas. Pour une visite à vide.
Bkerké veut éviter toute équivoque : même à l’occasion du passage du pape à Damas en mai prochain, une visite du patriarche Sfeir en Syrie pourrait être interprétée comme une capitulation. Ou comme un compromis sur des constantes nationales qui n’en acceptent pas. De ce fait, et malgré les pressantes sollicitations occidentales ou intérieures, le prélat n’a pas...