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Actualités - ANALYSES

Multiples interrogations autour d’une éventuelle solution par le dialogue

Prisonnière des positions tranchées qu’impose le conflit sur la présence militaire syrienne, la caste politique locale se demande comment sortir de l’impasse. Beaucoup préconisent le dialogue. Mais aussitôt surgissent de nombreuses interrogations de base. Du genre : qui va parler avec qui ? Le pouvoir avec Bkerké ? L’État avec la Syrie ? L’Est avec l’Ouest ? Les extrémistes entre eux ? Les radicaux avec les modérés ? Et, dans tous les cas, quels seraient les sujets à l’ordre du jour ? Le débat ne s’en trouverait-il pas élargi au point d’être vidé de son contenu ? On sait en effet qu’à partir du moment où l’on évoque la nécessité de compléter l’application des accords de Taëf on s’aperçoit que cela ne se limite pas au repositionnement des forces syriennes. Et que rien n’a été fait, par exemple, en ce qui concerne l’abolition du confessionnalisme politique. Mais même si l’on ne devait aborder que la question de la présence militaire syrienne, il paraît évident qu’on ne peut se limiter au redéploiement. Car, si l’on veut réaliser le principe de souveraineté, il faut également établir un calendrier-programme raisonnable pour un retrait total. Précédé d’un nouveau plan de sécurité globale permettant à l’État libanais de prendre en charge directement la sécurité dans toutes les régions par le biais de ses forces régulières propres. En outre, toujours pour parler en termes d’indépendance et de libre décision, il est également nécessaire de fixer un cadre relationnel qui empêche les immixtions socio-politiques discriminatoires dans les affaires intérieures de ce pays, dans tous les domaines et à tous les niveaux. C’est ce point en effet, beaucoup plus qu’une présence militaire stratégique qui en devenant neutre peut être tolérée, qui sous-tend principalement les revendications du côté libanais. En sus d’une autre régulation tout aussi nécessaire dans le domaine des relations économiques, déséquilibrées par la présence d’une lourde main-d’œuvre syrienne et par une concurrence sauvage, à sens unique, sur le plan agricole ou industriel. Or le dialogue, on le souligne de tous côtés même à l’Est, doit se dérouler dans un esprit non pas d’hostilité mais, au contraire, de renforcement des liens bilatéraux après leur normalisation. Ce qui requiert pour le moins une dextérité diplomatique de jongleur. Il est dès lors prématuré de spéculer sur la portée d’un dialogue dont on ne définit même pas encore les interlocuteurs. Ce qui n’empêche l’Est, une fois n’est pas coutume, de paraître savoir ce qu’il veut. En effet, comme le prouvent les assises de Kornet Chehwan et les réunions chez le patriarche, la plupart des courants représentatifs de la rue chrétienne, antitaëfistes compris, s’alignent derrière la tranquille mais ferme position de Bkerké. Et, dans ce camp, on affirme que toutes les manœuvres ou manigances pour semer la discorde en son sein propre sont vouées à l’échec. On ajoute que la distinction entre modérés et ultras est artificielle, forgée de toutes pièces par la propagande adverse. Et que l’on ira jusqu’au bout, comme en 92, en rangs bien soudés derrière le patriarche, guide spirituel du mouvement d’indépendance. Comme le furent tant de ses prédécesseurs. Qui étaient eux aussi, du reste, partisans de relations sainement privilégiées avec la Syrie. Et encore plus, hérauts de la coexistence intercommunautaire. On conclut, dans ce camp, que tout éventuel échec dans la réalisation des objectifs nationaux serait imputable à la passivité du pouvoir local.
Prisonnière des positions tranchées qu’impose le conflit sur la présence militaire syrienne, la caste politique locale se demande comment sortir de l’impasse. Beaucoup préconisent le dialogue. Mais aussitôt surgissent de nombreuses interrogations de base. Du genre : qui va parler avec qui ? Le pouvoir avec Bkerké ? L’État avec la Syrie ? L’Est avec l’Ouest ? Les...