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Actualités - OPINIONS

Du courage pour franchir la rue de Damas

Ce n’est pas en brûlant des cierges, en scandant «plus jamais ça», ou en clamant qu’on «est tous les citoyens d’une même nation» que l’on parviendra à édifier un pays uni. Il y a tout juste dix ans, la rue de Damas, l’ancienne «ligne verte», a été déminée, asphaltée, refaite à neuf. Et pour un instant, les Libanais ont cru qu’ils se retrouveraient à l’endroit où ils s’étaient entre-tués. Les choses ont changé depuis. Une «promenade» sur l’ancienne ligne de démarcation suffit pour se rendre à l’évidence : il existe deux Liban, deux rues, deux langages. Bien qu’ils clament en chœur que «c’est la faute à nos dirigeants, et nous avons tous les mêmes revendications», ceux qui peuplent les deux côtés de la rue de Damas commentent en petites tribus «l’histoire politique», «les crimes», «les trahisons». Des autres. Jamais les leurs. Et pour marteler leur credo, ils n’hésitent pas à user de slogans et de clichés sortis des frigos des années soixante-dix. Leur mémoire est-elle sélective ? Serait-elle courte ? Ont-ils oublié les barricades, les balles des francs-tireurs, les mitrailleuses des miliciens et autres dangers qu’ils étaient contraints de braver lorsqu’ils s’approchaient de la ligne de démarcation ? Evidemment pas. Les Libanais sont condamnés à porter en eux le souvenir des atrocités de la guerre. L’important est de savoir pourquoi et comment on se souvient. Mais avec les erreurs accumulées des deux côtés de la rue de Damas en 1969, 1975, 1990 (pour ne citer que quelques dates récentes), cette tâche peut-elle encore être accomplie ?
Ce n’est pas en brûlant des cierges, en scandant «plus jamais ça», ou en clamant qu’on «est tous les citoyens d’une même nation» que l’on parviendra à édifier un pays uni. Il y a tout juste dix ans, la rue de Damas, l’ancienne «ligne verte», a été déminée, asphaltée, refaite à neuf. Et pour un instant, les Libanais ont cru qu’ils se retrouveraient à...