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Actualités - CHRONOLOGIES

Attentat - Rien ne permet de conclure à un acte politique, affirment les autorités judiciaires - Explosion d’un colis piégé à Aley : la sœur et la nièce d’Akram Chehayeb blessées

L’explosion d’un colis piégé qui a fait trois blessés à Bkhechtay (caza d’Aley), dont la sœur du député Akram Chehayeb, Mme Sana Salloum, et sa fille Jihane, a mis tout le pays en émoi hier. Survenant dans un climat interne survolté, l’attentat a fait croire à un retour au terrorisme. Dans des déclarations très fermes, MM. Akram Chehayeb, Walid Joumblatt et Ghazi Aridi ont laissé entendre que les premières conclusions de l’enquête, qui excluent le mobile politique, ont été hâtives. Toutefois, selon des milieux judiciaires très proches de l’enquête, l’enchaînement des faits et les données disponibles ne permettent «absolument pas» de conclure à l’acte terroriste. L’explosion s’est produite à 11 heures, à l’intérieur du domicile de Daoud Jamaleddine, au premier étage d’un immeuble de Bkhechtay, où se trouvaient Sana Salloum, épouse du Dr Atef Salloum, sa fille Jihane et l’épouse de Daoud Jamaleddine, Samira. Le fils de Daoud Jamaleddine, Imad, qui vit en ce moment à Londres et travaille au service du sultan de Bruneï, est fiancé à la nièce de M. Chehayeb. Les deux jeunes gens devaient se marier le 28 avril, et la présence sur les lieux de Mme Salloum et de sa fille était donc tout à fait naturelle. Selon les éléments à la disposition de la justice et le rapport de l’expert artificier de l’armée, le colis piégé, une grenade à charge creuse que l’ouverture du colis a dégoupillée, a été déposé vers 8h30 du matin devant le domicile de son destinataire, Daoud Jamaleddine. Celui-ci avait déballé le colis et lu la carte qui l’accompagnait. L’expéditeur avait utilisé une machine à écrire pour rédiger la carte, libellée en ces termes : «Cadeau à David Jamaleddine». Émigré aux États-Unis, M. Jamaleddine était rentré au pays voici un an. N’ayant pu ouvrir le colis, il l’avait déposé sur une console et était sorti un peu plus tard, pour se rendre chez le moukhtar. Un peu plus tard, le colis sautait au visage de Jihane Salloum, de sa mère et de Mme Samira Jamaleddine. De source médicale, on indique que la nièce du député, Jihane Salloum (20 ans), a été gravement atteinte aux yeux, au cou et au ventre. Elle a été admise à l’hôpital du Sacré-Cœur, dans un état critique. Blessée à l’aorte, elle n’a dû la vie sauve qu’à une intervention rapide des chirurgiens. Les médecins estiment qu’elle perdra l’usage d’un œil. Les deux autres victimes, Sana Salloum (46 ans), sœur du député Akram Chehayeb, et Samira Jamaleddine (51 ans), moins atteintes, ont été également hospitalisées et admises à l’Hôpital américain. L’enquête préliminaire L’enquête préliminaire a été prise en charge par le commissaire du gouvernement adjoint près le tribunal militaire Maroun Zakhour, qui a écarté de prime abord la thèse d’un attentat, et a privilégié la thèse d’une vengeance personnelle, en se basant sur le fait qu’il n’était «absolument pas prévisible de savoir par qui le colis serait ouvert». M. Zakhour a assisté aux relevés d’usage effectués par l’expert militaire à l’intérieur de l’appartement de Daoud Melhem Jamaleddine (74 ans), dont il a ensuite recueilli la déposition. Ce dernier a écarté l’idée que l’attentat pourrait voir des mobiles partisans ou politiques, et a déclaré qu’il ne se connaît pas d’ennemis. Il a estimé que l’attentat pourrait avoir des mobiles personnels. Au regard de cette enquête préliminaire, M. Zakhour a décidé de se dessaisir de l’enquête, pour incompétence, et a transmis le dossier au procureur général près la cour d’appel du Mont-Liban Jean Fahed, qui s’est rendu sur les lieux et a recueilli les dépositions du principal témoin, en attendant de pouvoir recueillir celles des principales victimes de l’explosion. Avancée par certains, la thèse que l’acte pourrait avoir été commis par un ancien fiancé de Jihane Salloum semble difficile à prouver. Les milieux judiciaires révèlent que la rupture entre les deux jeunes gens date de quelques mois, et que l’homme est aujourd’hui marié et vit dans un pays arabe. Ces mêmes milieux ont affirmé que «l’accusation de terrorisme était trop grave pour être lancée à la légère». Conclusions hâtives, accusent Joumblatt, Chehayeb et Aridi L’attentat de Bkhechtay, qui intervient à la veille d’une visite longtemps préparée de M. Joumblatt au président Émile Lahoud, a été perçu par le chef du PSP comme un «message» politique. M. Joumblatt a qualifié d’«acte terroriste» l’explosion du colis piégé. Après s’être rendu au chevet des trois femmes blessées, il a déclaré qu’il aurait «préféré ouvrir un dialogue sérieux sur les questions posées plutôt que le recours à ce genre de moyens». «Le terrorisme ne réglera rien et n’a rien réglé par le passé. Le dialogue s’impose», a-t-il dit. À L’Orient-Le Jour, M. Joumblatt a répété qu’il s’étonne de la rapidité avec laquelle le commissaire du gouvernement auprès du tribunal militaire a conclu à l’absence de mobiles politiques, et a déclaré qu’il attendra les résultats de l’enquête approfondie, avant de se prononcer. De son côté, le ministre de l’Information Ghazi Aridi, membre du Parti socialiste progressiste (PSP) dirigé par M. Joumblatt, a estimé que des motifs «politiques clairs» étaient derrière l’attentat, qu’il a qualifié de «lettre piégée adressée à tout le Liban». Selon M. Aridi, «on a voulu exploiter l’occasion pour faire parvenir un message». À l’instar de M. Joumblatt, M. Aridi a associé cet attentat au climat malsain qui règne dans le pays, ce qui rappelle «les jours les plus noirs de la guerre». Il a mis en garde contre un recours à de tels procédés, qui risque de déclencher un mécanisme infernal difficile à arrêter. «Nous ne voulons pas une répétition de la guerre civile, et il est de la responsabilité de tous de l’empêcher», a-t-il dit. M. Aridi, qui s’est également rendu au chevet des blessées, a conclu en affirmant que l’attentat «visait la stabilité au Liban», ajoutant que les autorités sont tenues de découvrir les tenants et les aboutissants de cette affaire. Il a toutefois refusé de faire le lien entre cet attentat et l’incendie survenu samedi dernier au siège principal du Mouvement du peuple de Najah Wakim, que ce dernier a qualifié de «criminel». «Je ne veux pas devancer les conclusions de l’enquête», a-t-il dit. M. Chehayeb a déclaré à son tour : «Nous craignons que cet incident ne soit une action préméditée, perpétrée dans le but de terroriser les gens et de bloquer le dialogue politique, dans l’atmosphère de tension interconfessionnelle qui prévaut». Il s’est «étonné» que «des services de sécurité aient anticipé sur les résultats de l’enquête en faisant passer à la presse des informations classant l’incident dans la catégorie des disputes privées». «Nous ne nous permettons pas d’anticiper sur l’enquête et nous appelons les services de sécurité à ne pas le faire, a-t-il ajouté. Seul le résultat de l’enquête déterminera le but d’un tel attentat». Il «a appelé les services concernés à faire vite pour en découvrir les auteurs». Nombreux visiteurs Pami les très nombreux visiteurs accourus à l’AUH pour s’enquérir de la santé des blessées figurent Mme Mona Hraoui, les ministres Marwan Hamadé et Fouad el-Saad, les députés Ghattas Khoury, Alaeddine Terro, Bassem Yamout, Nabil Boustany, Abdallah Farhat, Salah Honein, Bassem Sabeh, Élie Aoun et Antoine Andraos.
L’explosion d’un colis piégé qui a fait trois blessés à Bkhechtay (caza d’Aley), dont la sœur du député Akram Chehayeb, Mme Sana Salloum, et sa fille Jihane, a mis tout le pays en émoi hier. Survenant dans un climat interne survolté, l’attentat a fait croire à un retour au terrorisme. Dans des déclarations très fermes, MM. Akram Chehayeb, Walid Joumblatt et Ghazi...