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Actualités - CONFERENCES ET SEMINAIRES

SOCIÉTÉ - L’analyse transactionnelle fait son entrée au Liban - L’efficacité dans l’entreprise : se connaître - pour apprendre à mieux communiquer

«Mes deux grands frères se faisaient gronder toutes les fois qu’ils n’arrivaient pas à nouer leurs lacets. Un jour, je leur ai enseigné comment faire après avoir moi-même appris la technique, pour leur éviter les réprimandes à l’avenir». Christine Chevalier aurait pu nouer les lacets de ses deux petits frères à leur place. Mais elle a choisi de leur apprendre à se débrouiller par eux-mêmes. En devenant aujourd’hui «analyste transactionnelle», elle a opté pour un métier qui aide les gens à mieux communiquer au sein d’un groupe, en permettant de rendre plus intelligible la complexité des relations humaines. Pratiquement, elle agit en milieu professionnel, en apprenant aux employés à résoudre leurs problèmes relationnels pour parvenir à une meilleure qualité de contact avec autrui et à une plus grande efficacité. De passage au Liban pour une formation intensive de quelques jours, sur une initiative personnelle de Soula Ward, Christine Chevalier a séduit son auditoire, constitué de professionnels de tous bords : des spécialistes en marketing, des responsables de banques, des enseignants, des directeurs d’université, des éducateurs, des spécialistes de l’audiovisuel, tous les profils étaient représentés. Tant qu’il s’agit de métiers relationnels, l’analyse transactionnelle n’a pas de frontières, explique l’experte : «Un manager qui a appris toutes les techniques de management, un commercial, les techniques de vente, un avocat qui connaît parfaitement les techniques juridiques, bref dans tous ces métiers, le spécialiste peut avoir un très bon niveau de technique professionnelle. Mais dans la mesure où il est en relation avec un être humain, il peut être confronté à un problème qui peut perturber son niveau de compétence. On ne donne pas une directive de la même manière, suivant la personnalité des gens, suivant leurs problèmes et leurs circonstances particulières», explique Mme Chevalier. Rodée aux techniques de la communication, cette femme connaît parfaitement les méandres de la psychologie humaine et la complexité des structures comportementales. Ce qui l’intéresse, ce sont les «transactions» comme elle dit, c’est-à-dire les échanges entre les personnes. «Toute transaction donne une information sur la qualité de la relation, sur le problème de la personne ou celui qui existe entre deux ou plusieurs personnes» dit-elle. Décoder les ressources humaines Quelle peut-être l’utilité de l’AT au Liban ? «Dans un pays comme le nôtre, peu de place est faite aux ressources humaines dans les milieux professionnels. Or, à l’aide de l’AT, on apprend à décoder ces ressources, et à effectuer une réflexion sur les motivations du comportement, en offrant la possibilité de modifier les attitudes en présence», commente Soula Ward, qui compte bientôt réitérer cette expérience réussie. À partir de constats faits sur les comportements humains à l’intérieur du système de groupe, l’AT se penche sur les interactions entre les individus et observe les attitudes face aux situations en présence, en proposant des solutions de rechange constructives. Concrètement, elle va s’intéresser au système de l’entreprise et prendre en compte la dimension humaine. «L’analyste transactionnel regarde toujours l’organisation comme étant un système et il réinsère la place du salarié à l’intérieur de son organisation. Il ne privilégie ni l’un ni l’autre», explique Mme Chevalier, qui se trouve sollicitée dans les situations de stress, de démotivation, d’absentéisme ou, comme elle dit, «pour donner toute son efficacité au système de management adopté par la direction». Citant l’exemple du jeune manager qui est dépassé par ses employés, elle précise que le rôle de l’analyste est d’aider le manager en ayant toujours à l’esprit que ce dernier est au service de l’entreprise. Il doit faire en sorte que le salarié développe ses compétences en prenant en compte les intérêts de l’entreprise, qui reste le commanditaire du projet. Un exemple pertinent est ce que l’on appelle la structuration du temps. L’AT distingue six modes d’utilisation différentes du temps, telles que «l’activité», «les passe-temps», «les jeux», «le retrait», etc. gèrer le temps «Avec l’AT, on apprend à gérer son temps. Si un employé consacre plus de temps aux «passe-temps», ou aux «rituels» qu’à l’activité proprement dite, cela risque d’affecter la productivité globale de manière sérieuse. En outre, la «pause café» est tout aussi importante dans ce même ordre d’idées. L’AT nous permet d’équilibrer notre temps de manière à le rendre plus efficace», fait remarquer Mme Ward. Une autre fonction de l’AT consiste à reconnaître ses émotions et à les exprimer dans les situations adéquates (la colère, la joie, la peur, etc.). Cela explique d’ailleurs l’inspiration multiple de l’AT qui se situe entre la psychanalyse, l’analyse systémique et les thérapies comportementales, explique Mme Chevalier. Dans les thérapies de groupe, plusieurs techniques peuvent être mises à contribution. Mais ce qui intéressait Éric Berne, médecin et fondateur de l’AT, ce sont les interactions entre les personnes, dans la mesure où «les gens rejouent dans la vie quotidienne les problèmes qui les concernent», assure Christine Chevalier. Toujours selon Berne, l’être humain fonctionne comme un système, à l’intérieur d’un autre système, en l’occurrence son système familial relationnel, le système de son entreprise, poursuit Mme Chevalier. «Si un élément du système bouge, le reste en est automatiquement affecté. C’est pourquoi, dit-elle, Berne pensait qu’il était indispensable de replonger la personne au sein du groupe qui représente son système». Pour l’analyste transactionnelle, «les gens sont des êtres intelligents, capables de comprendre leurs problèmes et de trouver eux-mêmes les moyens de les résoudre. À nous de leur donner les éléments pour diagnostiquer», précise Christine Chevalier. Encore faut-il que ces éléments soient accessibles par des mots simples. «L’idée de départ était d’élaborer une théorie qui embrasse les phénomènes complexes de la vie tout en étant à la portée de tout le monde».
«Mes deux grands frères se faisaient gronder toutes les fois qu’ils n’arrivaient pas à nouer leurs lacets. Un jour, je leur ai enseigné comment faire après avoir moi-même appris la technique, pour leur éviter les réprimandes à l’avenir». Christine Chevalier aurait pu nouer les lacets de ses deux petits frères à leur place. Mais elle a choisi de leur apprendre à se...