AUDIOVISUEL - L’Alba à la VIIIe Co.Pe.A.M. en Grèce - Des projets concrets pour le Liban

La VIIIe conférence permanente de l’audiovisuel méditerranéen (Co.Pe.A.M) s’est déroulée à Thessalonique, en Grèce, du 28 au 31 mars 2001. Lancé à Palerme en 1990, ce projet euroméditerranéen a pour objectif d’encourager les échanges entre les différents pays de l’Europe et de la Méditerranée, à travers des projets concrets. Un grand nombre de représentants des différents pays de la Méditerranée (télévision, cinéma, informatique) ont participé à cette VIIIe conférence, dont M. Khalil Smayra, directeur de l’École de cinéma et de réalisation audiovisuelle de l’Académie libanaise des beaux-arts (Alba-Université de Balamand) pour le Liban, les deux autres invités libanais attendus, les cinéastes Bahige Hojeige et May Masri, n’ayant pas pu venir. Entre autres personnes présentes, il y avait également, tous domaines confondus, Mme H. Arveler, recteur de l’Université d’Europe ; Giulio C. Giordano, secrétaire général de la CO.PE.A.M. ; Olga Klimaki, président directeur de l’Institut hellénique de l’audiovisuel (I.O.M) ; Predrag Matvejevic, historien et sociologue, et Vassili Vassilikos qui avait écrit Z réalisé par Costa Gavras. La VIIIe conférence permanente de l’audiovisuel méditerranéen était patronnée par le gouvernement grec, représenté à la séance inaugurale par le ministre grec de la Culture qui a convié par la suite tous les participants à un dîner au palais des Congrès. Quant à la clôture de la conférence, elle s’est déroulée en la présence très appréciée de M. Romano Prodi, président de la Commission européenne. La VIIIe Co.Pe.A.M. a débouché sur plusieurs projets d’échanges, dont certains concernent directement le Liban. «Tous les pays étaient partants pour l’idée de faire une place à la langue arabe dans leurs projets, notamment la chaîne italienne RAI qui consacrera, dans un avenir proche, plusieurs heures à des programmes en arabe. Par ailleurs, elle ouvrira ses portes aux jeunes de pays arabes dont elle passera les films ou qu’elle accueillera en tant que présentateurs de programmes», indique M. Khalil Smayra. M. Smayra n’a pu participer qu’à deux des huit commissions concernant l’audiovisuel : Cinéma et production et formation. «Dommage, car s’il y avait eu plus de Libanais présents, nous nous aurions pu profiter de tout le reste, surtout que nous rencontrons et nous nous plaignons de beaucoup de problèmes au niveau de l’audiovisuel, de la télévision et surtout de la production cinématographique, qui est quasiment inexistante», souligne-t-il. La chance lui a été accordée de présenter, «au nom de l’Alba et du Liban», un projet qui a été admis et qui sera patronné par la Co.Pe.A.M. : un atelier sur la production cinéma et télévision. Cet atelier-colloque se tiendra à Beyrouth, dans les locaux de l’Alba à Sin el-Fil, dans le courant de l’année 2001. Il réunira quatre à cinq grands producteurs «des deux rives», dont Paolo Lombardo, une des grandes figures du marché cinématographique international de ces dernières 40 années. Lombardo a produit et distribué des films de Bergman, d’Almodovar, de De Oliveira, etc, ainsi que des dessins animés et documentaires. Il a aussi signé la production des sites Web et différents genres de CD-Rom. Par ailleurs, il a collaboré avec plusieurs metteurs en scène célèbres comme Sergio Leone (A Fistfull of dollars) ; Federico Fellini (Fellini Satyricon) ; Roberto Rossellini (Messiah) ; Pierpaolo Pasolini (Decamerone) ; Gillo Pontecorvo (Queimada) et Pietro Germi (My friends). Atelier d’écriture et festivals Khalil Smayra a rapporté dans ses bagages un deuxième projet pour l’Alba : un atelier d’écriture de scénario cinématographique, par le grand réalisateur italien Antoine Cucca, qui travaille actuellement sur un long métrage avec, comme acteur, le célèbre réalisateur et comédien russe Nikita Mikhalkov. «Nous avons choisi Cucca parce qu’il est derrière une nouvelle formule d’écriture scénario qu’il appelle écriture interactive», précise Smayra. Il sera donc l’invité de l’Alba en novembre 2001. «Nous espérons pouvoir ouvrir cet atelier à de jeunes scénaristes libanais autres que nos étudiants». En Grèce, le directeur de l’École de cinéma et d’audiovisuel de l’Alba a rencontré des directeurs de festivals qui se sont dit «vraiment intéressés par le travail des jeunes libanais» et qui se proposent de venir à Beyrouth pour apporter leur aide dans l’organisation de festivals. Notamment, le président du Festival international du documentaire (FID) de Marseille, M. Michel Tregan. «Cela nous a mené à un troisième projet concret : créer une sorte de comité de coordination qui s’occuperait d’une série de festivals, dans les différents pays de la Méditerranée. Il se chargerait de l’échange des films mais aussi de la programmation de ces manifestations qui s’étendront sur un calendrier où chacun aurait sa part. Pour éviter les formules de festivals répétitives et désorganisées, ainsi que les chevauchements de dates et les déséquilibres au niveau de la valeur des films», ajoute Khalil Smayra. Enfin, toujours dans le cadre de la commission «formation» à laquelle il a pris part, les représentants de l’Algérie ont obtenu que soit ouverte une université d’été à Oran. Et ils ont demandé à l’Alba de les aider dans l’élaboration de leur programme. «Je crois que nous avons été choisis pour notre expérience, mais aussi parce que nous appartenons à un pays proche du leur, de la même rive, avec les mêmes problèmes et la même mentalité». L’Alba-Université de Balamand enverra donc bientôt des spécialistes, professeurs et conférenciers à Alger dans cet objectif. Rappelons que la conférence permanente de l’audiovisuel méditerranéen se tient une fois par an, tour à tour, dans un pays européen (rive nord de la Méditerranée) et un autre de la rive sud. L’an prochain, la IXe édition aura lieu à Alger.