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Actualités - ANALYSES

Le nouveau slogan du gouvernement - Un peu de patience, beaucoup de confiance

Jadis, c’était «le printemps au printemps». Les hirondelles sont dix fois reparties, et les illusions avec. Aujourd’hui la formule-miracle de sauvetage se réduit à une pressante requête, presque angoissée : laissez-nous souffler un peu. Ce qu’un officiel traduit par la devise «un peu de patience, beaucoup de confiance». Comme il faut bien laisser son tour de parole à un pouvoir qui n’en abuse pas au point de promouvoir le dialogue, on écoutera poliment ce responsable haut placé supplier ses chers compatriotes (et les nôtres) d’adopter «un discours politique raisonnable, loin des surenchères confessionnelles». À l’heure même où le pouvoir renie concrètement le pacte fondateur de Taëf, en pérennisant et en légalisant la présence militaire syrienne, le même dirigeant n’hésite pas à prôner «un retour général à l’esprit de ces accords. Pour que les institutions puissent jouer leur rôle sans entraves, dans la délicate phase présente». Bien entendu, la plupart des opposants applaudissent à un tel appel. Qui leur permet de rebondir pour mettre le nez du pouvoir dans ses propres contradictions. On sait en effet que l’État se voit reprocher de rester les bras croisés face au débat de fond qui déchire le pays politique. Et de refuser son évident devoir d’initier un dialogue, sur le plan intérieur, pour désamorcer la crise. Comme sur le plan extérieur, pour discuter avec Damas du repli sur la Békaa. Joignant l’absurde au paradoxe, ce qui n’est pas un mince exploit sémantique, la personnalité citée justifie la passivité officielle par «l’impossibilité de prendre une quelconque initiative dans le climat exacerbé qui règne actuellement». Ce même argument est du reste repris, mais d’une manière bien plus compréhensible, par nombre de pôles modérés non gouvernementaux. Qui signalent que de multiples tentatives de conciliation déployées dans les coulisses ont échoué, ajoutant qu’il faut attendre une accalmie pour tenter de recoller les morceaux. Mais ces leaders précisent, chacun de son côté, qu’il est très difficile de progresser si l’État ne prend pas lui-même les choses en main au niveau politique. Sans se contenter d’affirmer, déploiement de forces sécuritaires à l’appui, que les débordements de rue sont interdits et seront sévèrement réprimés le cas échéant. À ce propos, la même personnalité gouvernementale précédemment citée met en garde contre les velléités d’organiser des sit-in ou des manifs à l’occasion du 13 avril. Ce responsable affirme qu’il faut en ces jours œuvrer pour l’unité nationale, désamorcer les détonateurs à gauche ou à droite et contrer les parties extérieures ou intérieures qui voudraient exploiter la situation. Une fois encore, les opposants reprennent la balle au bond pour approuver pleinement une telle orientation. Et prier le gouvernement d’agir en conséquence. Ce à quoi, le dirigeant en question répond en affirmant que le pouvoir dispose d’un plan d’action médiatrice mais qu’il ne veut pas le divulguer avant l’heure, pour ne pas le faire saboter par les malintentionnés. On notera par ailleurs, et par simple souci d’objectivité, que les F.l. et les aounistes ont renoncé pour la commémoration du 13 au « grand jour» de contestation dans le centre-ville, se soumettant ainsi à l’ukase d’interdit lancé par le ministère de l’Intérieur. Mais les pro-syriens qui s’agitent à l’Ouest n’ont pas pris le même engagement de retenue. En faisant valoir qu’en tout cas le 13 avril devrait être marqué à l’Est par des processions politisées pour le vendredi saint et qu’ils entendent donc pour leur part user de leur droit de contre-manifester. Dans ce contexte, on attend de voir si les autorités vont à leur tour réagir par un «grand jour» à leur façon, c’est-à-dire sécuritaire, comme elles l’ont fait le 14 mars dernier. Toujours est-il que les responsables tirent plutôt bon augure de voir que ces derniers temps les prises de position en faveur de l’application de Taëf se multiplient. Car cela permet de détendre un peu l’atmosphère d’une part. Et d’autre part, cela neutralise en partie le dossier du redéploiement, en rouvrant celui de la déconfessionnalisation politique qui elle non plus n’a pas été appliquée. Et qui prendrait une éternité. En tout cas, «il faut, conclut le responsable cité, que toutes les parties se mettent tacitement d’accord pour nous faire confiance et nous laisser panser les plaies. En cessant d’attiser les dissensions confessionnelles et de multiplier les accusations réciproques de félonie».
Jadis, c’était «le printemps au printemps». Les hirondelles sont dix fois reparties, et les illusions avec. Aujourd’hui la formule-miracle de sauvetage se réduit à une pressante requête, presque angoissée : laissez-nous souffler un peu. Ce qu’un officiel traduit par la devise «un peu de patience, beaucoup de confiance». Comme il faut bien laisser son tour de parole à un...