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Actualités - ANALYSES

Les sages de toutes les communautés montent au créneau - Un plateau d’entente sous-jacente qui s’élargit tous les jours

Les non-assujettis. Cette litote en vogue désigne des pôles locaux, musulmans et chrétiens confondus, qui prennent position sur l’épineux, le dangereux dossier de la présence militaire syrienne. Sans crainte, mais souvent aussi sans parti pris aveugle et sans extrémisme passionnel. Leur but commun, à part dire le droit, est de prévenir l’implosion par une césure trop tranchée ou trop brutale. Ils y mettent donc les formes, pour ne pas aviver les tensions ni faire le jeu des pêcheurs en eau trouble. Mais le fait est là : chaque jour qui passe voit un nouveau pôle islamique de poids se prononcer sans ambiguïté sinon pour le retrait du moins pour le redéploiement syrien. La plupart du temps sous couvert, pour équilibrer la balance et couvrir ses arrières, d’une application complète des accords de Taëf. Ce qui implique, comme le disent nombre d’anciens présidents, la mise en chantier du processus d’abolition du confessionnalisme politique, aux côtés du repli syrien. Ces mêmes ex-numéros un du gouvernement ou de la Chambre soulignent à l’unisson que le conflit n’est pas d’ordre confessionnel, comme on tente de le faire accroire, mais politique. Ajoutant, également en chœur, que la paix civile n’est pas en danger et que ceux qui soutiennent le contraire ne cherchent qu’à jeter de la poudre aux yeux de l’opinion publique, locale, arabe ou occidentale. Si les médias extérieurs, pour le peu qu’ils s’intéressent au problème, se laissent parfois duper, les chancelleries pour leur part y voient clair. C’est ce qui ressort des dépêches diplomatiques adressées récemment aux capitales concernées et dont la teneur a été discrètement communiquée à des figures de proue libanaises. Les ambassades, révèle une source informée, ont été particulièrement impressionnées par la prise de position du club de M. Sélim Hoss. Dont les vues sont qualifiées, dans l’un des rapports évoqués, de «nationales, indépendantes, nonasservies, ne prenant en compte que l’intérêt supérieur bien compris du Liban». En écho à ce jugement élogieux, un indépendant du cru pense que les propositions publiées par le groupe de l’ancien président du Conseil peuvent servir de plate-forme de travail pour un dialogue généralisé. Ainsi que pour une relance du pouvoir en direction de Damas, afin de rediscuter de la présence militaire syrienne et de neutraliser de la sorte la redoutable polémique qui déchire le pays. Le rassemblement dirigé par l’ancien président du Conseil estime en effet que le traitement du dossier relève de la responsabilité des deux gouvernements qui doivent le régler dans le respect mutuel de leur souveraineté propre. Le manifeste hossiste se hâte cependant de préciser, pour faire bonne mesure, qu’il faut exécuter toutes les clauses de Taëf restées lettre morte, dont le redéploiement syrien mais aussi l’abolition du confessionnalisme politique. Et de rajouter, dans le même sens de garanties aux décideurs, qu’il faut également resserrer le jumelage des deux volets face à l’ennemi israélien. Enfin, et peut-être surtout, cette formation centriste de l’Ouest juge nécessaire de traiter les raisons de la tension actuelle sans tenter de les occulter, comme on le fait actuellement. Pour parvenir à des relations syro-libanaises équilibrées. Mais que pourrait donner le transfert du problème actuel à celui de l’abolition du confessionnalisme politique ? De toute évidence, que les trois présidences ne seraient plus réparties sur base de critères communautaires et seraient désormais accessibles à tout Libanais juridiquement éligible. Cependant, on se retrouverait dans ces conditions dans une situation très paradoxale. Car, du fait que la majorité numérique appartient à des confessions déterminées, elles décrocheraient du coup le monopole des trois présidences. Ce qui provoquerait ipso facto une forte réaction de rejet de la part des autres confessions. Pour parer à ce danger, certains idéalistes proposent que l’on mette en branle un système de pouvoir par des partis qui seraient obligatoirement, en vertu d’une loi spéciale, de composition civique nationale, non confessionnelle. Le découpage des circonscriptions se ferait à petite échelle, pour une bonne représentation de proximité. Et enfin le chef de l’État serait élu au suffrage universel et non plus par les députés. Ces suggestions, généreuses sans doute, restent cependant contradictoires sinon utopiques. Comment en effet concilier le système de partis et la petite circonscription, forcément très confessionnalisée, Et comment éviter que la majorité numérique communautaire ne s’impose si le chef de l’État doit être directement élu par le peuple. Pour compenser ces effets potentiels, certains proposent qu’on crée un poste actif de vice-président de la République. Une façon, à peine voilée, de rétablir le partage du pouvoir. Entre communautés.
Les non-assujettis. Cette litote en vogue désigne des pôles locaux, musulmans et chrétiens confondus, qui prennent position sur l’épineux, le dangereux dossier de la présence militaire syrienne. Sans crainte, mais souvent aussi sans parti pris aveugle et sans extrémisme passionnel. Leur but commun, à part dire le droit, est de prévenir l’implosion par une césure trop...