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Actualités - OPINIONS

Opinion - Réflexions sur la désunion des maronites

La fête de saint Maron est arrivée deux semaines après les prières de l’Église universelle, pour l’unité des chrétiens. Nous autres, maronites, y avons participé avec beaucoup d’entrain. «Hypocrite», a dit Notre Seigneur, «comment peux-tu voir la paille dans l’œil de ton prochain, alors que tu ne vois pas la poutre qui est dans ton œil?». Comment pouvons-nous prier pour l’unité des autres, alors que nous sommes nous-mêmes divisés ? Bien sûr, nous en rejetons la faute sur nos frères. Nous attribuons nos divisions aux fautes de nos frères arabes, libanais, chrétiens et même maronites, nous serions même prêts à en accuser les bouddhistes. Il y a une part de vérité en tout cela, mais pas toute la vérité. Car les malheurs des gens viennent, en premier lieu, de leurs propres fautes et de leurs propres divisions. Le Christ n’a-t-il pas dit qu’un royaume divisé est voué à la perdition ? Nous sommes divisés entre nous. Rappelons les plus nouvelles de nos divisions entre maronites. Les accusations de trahison fusent partout. Nous n’avons qu’à lire les journaux; on a même attaqué le patriarche, chef spirituel des maronites et le président maronite, chef politique du Liban. Chacun de nous pense qu’il est le seul dépositaire de la vérité. À certains moments, nous avons même accusé le pape et le Vatican. Nous nous sommes même entre-tués entre chrétiens et maronites. Nous ne pouvons pas oublier les combats qui ont ensanglanté les régions chrétiennes avant Taëf. Aujourd’hui même, nous sommes divisés sur la politique à suivre, entre indépendantistes et réalistes, qui s’accusent mutuellement de trahison. «Père, a dit le Christ, que tous soient un comme Vous, Père, comme Vous êtes en Moi et Moi en Vous ; qu’eux aussi soient un en Nous, afin que le monde croie que c’est Vous qui M’avez envoyé». C’est là le fond du problème et de notre responsabilité envers notre Dieu et notre prochain libanais des autres religions. Le Christ a prié son Père, pour que nous soyons un. Il nous a donné l’ordre de nous aimer les uns les autres et d’aimer notre prochain comme nous-mêmes. Nous sommes fiers d’être chrétiens et maronites. Nous nous citons en exemple, nous proclamons que nous possédons la vérité. Mais suffit-il de le proclamer sans le vivre ? Si nous voulons suivre le Christ nous devons joindre notre action à nos paroles. Or, nous ne faisons que parler. Nous voulons être un, mais nous ne faisons qu’exciter nos divisions. Quel exemple donnons-nous à nos frères des autres religions quand nous nous haïssons et que nous nous accusons mutuellement de tous les crimes possibles ? Comment vont-ils croire que nous possédons la vérité alors que nous nous combattons et nous nous accusons mutuellement de mensonge ? Tout cela provient de deux péchés principaux : l’orgueil et le manque de confiance en l’Esprit qui agit en chacun de nous depuis notre baptême. Nous avons oublié l’Esprit pour la chair. Nous recherchons les biens matériels au lieu d’obéir à la volonté divine, comme le Christ nous en a donné l’exemple en disant à son Père : «Me voici, Je viens faire Ta volonté». Chacun de nous se croit dépositaire de toute la vérité. Il veut la forcer sur les autres. Or, en tant qu’Église, nous sommes des membres différents d’un seul corps, avec des missions différentes. Il y en a qui sont chargés d’enseigner, d’autres sont chargés de prophétiser, d’autres sont chargés de diriger et d’autres ont des missions diverses et différentes. Laissons donc à ceux que Dieu a chargés de diriger, de faire leur devoir, suivant leur conscience, sans les accuser, pour cela, de trahison. Faisons confiance à l’Esprit qu’ils ont reçu pour surveiller leurs actions. Car tout est mieux que cette tour de Babel de haine que sont devenus le Liban et le peuple maronite. Quant à nous, accomplissons chacun notre mission en conscience. Suivons l’exemple que nous ont donné saint Maron et nos pères quand ils ont refusé de désobéir à l’Église universelle et ont accepté le martyre pour garder l’unité des chrétiens, pour laquelle Notre Seigneur a tant prié son Père. C’est cette mission que nous avons à accomplir. Au lieu d’attiser la haine et la méfiance, chacun de nous doit travailler à amoindrir les différences. Chacun de nous doit oublier ses rancœurs pour travailler à écouter l’autre, le comprendre et l’aimer. C’est seulement ainsi que nous ramènerons l’unité à notre Église maronite, qui deviendra le ferment de l’unité des chrétiens et celui de l’unité des Libanais. C’est ainsi que notre Église rayonnera et répandra sa lumière sur le Liban, le Moyen-Orient et le monde. Le Liban est aujourd’hui un pays où la corruption est généralisée. Elle ne se trouve pas seulement dans l’État, mais dans chacun de nous. Reconnaissons-le. Commençons donc par nous-mêmes. Éradiquons la corruption et la haine enracinées, en nous, avant d’essayer de les enlever chez les autres. Commençons à enlever la poutre de nos yeux, avant d’enlever la paille de l’œil de notre voisin.
La fête de saint Maron est arrivée deux semaines après les prières de l’Église universelle, pour l’unité des chrétiens. Nous autres, maronites, y avons participé avec beaucoup d’entrain. «Hypocrite», a dit Notre Seigneur, «comment peux-tu voir la paille dans l’œil de ton prochain, alors que tu ne vois pas la poutre qui est dans ton œil?». Comment pouvons-nous...