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Actualités - CHRONOLOGIES

Ordres professionnels - Élections partielles samedi, dans le calme - Chez les ingénieurs, une consultation à caractère national

Les résultats des élections partielles à l’Ordre des ingénieurs, samedi dernier, ont apporté la preuve que les enjeux confessionnels peuvent être contournés, à condition que la volonté d’indépendance de l’électeur triomphe, ont affirmé unanimement les participants à ce scrutin. Pourtant, si l’on s’en tient à l’appartenance des élus – cinq au total, tous des chrétiens –, on serait tenté de croire que cette élection a représenté une réaction aux récentes consultations qui ont eu lieu à l’Ordre des médecins et qui se sont soldées par une nette victoire des candidats musulmans. Au départ, deux listes concurrentes et plusieurs candidats indépendants se disputaient les cinq sièges à pourvoir – trois élus aux branches spécialisées (électrique, mécanique, entrepreneurs et employés) et deux membres représentant l’assemblée générale. La première, celle de l’Ingénieur démocrate, regroupait outre le PCL (Parti communiste libanais), représenté par Tannous Chalhoub, le CPL (Courant patriotique libre) représenté par Sélim Aoun, la Tribune libre, un courant indépendant, représenté par Nasr Charafeddine, deux candidats indépendants Raymond Korkmaze et Georges Ghanem. Quant à la seconde liste, celle de l’Action syndicale indépendante (Courant du futur), elle était représentée conjointement par les candidats suivants : Omar el-Baba (indépendant, proche du Courant du futur), Kamal Sioufi (indépendant, proche du Courant du futur), Haïdar Ajami (Amal), Farid Jurdi (indépendant, proche du Courant du futur ) et Georges Khoury (indépendant). Ces candidats avaient été sélectionnés sur la base de leur indépendance, car considérés comme non-partisans, exception faite pour le candidat d’Amal, nous explique le porte-parole du Courant du futur, Khaled Chéhab. Rappelons que le candidat d’ Amal s’était retiré jeudi soir en faveur d’un candidat du PSP (Nadim Nammour), pour réintégrer vendredi le camp haririen à la suite du retrait du candidat socialiste. Tractations fébriles Tous ces mouvements n’étaient en réalité que le fruit des tractations fébriles qui avaient eu lieu l’avant-veille et la veille de la consultation électorale. En effet, les négociations avaient été clairement marquées par le climat de tension qui régnait dans le pays, la semaine dernière. Alors qu’au départ, une coalition s’était formée autour du Courant du futur et du mouvement Amal – qui envisageaient alors d’intégrer les FL, «partenaires historiques des haririens au sein de l’Ordre» –, les jeux d’alliance s’étaient modifiés en dernière minute. D’abord, avec l’admission puis le retrait du PSP. En second lieu, avec la décision du Courant du futur de retirer tous les candidats partisans de la liste, «y compris les siens» (sauf pour Amal), dans le but «d’éviter de reproduire un schéma politico-confessionnel à un moment aussi critique», nous confie Khaled Chéhab. Quant au retrait de dernière minute du PSP, dont le candidat faisait partie à l’origine de l’alliance aouniste, il traduit clairement «une volonté de ne pas compromettre l’ alliance politique nouée avec le PCL, le CPL, ainsi que d’autres liens amicaux qu’entretient Walid Joumblatt avec certains candidats de la première liste, dont la Tribune libre», commente Nadim Nammour. Pour Joe Sarkis, porte-parole des FL, la décision de celles-ci de se retirer de la bataille a été prise en concertation avec le Courant du futur, «afin de préserver l’esprit d’entente nationale affichée par ce courant, en réaction aux tensions confessionnelles qui avaient marqué la préparation des élections». Côté CPL, c’est un discours similaire qui avait été retenu, à savoir une alliance politique autour «de positions communes sur les questions de souveraineté et d’indépendance», à laquelle est venue s’ajouter la présence de candidats indépendants. Cette volonté de vouloir éviter les tiraillements partisans et confessionnels s’est traduite par une pratique de panachage sur une large échelle. Sur le terrain, les tentes dressées par les diverses alliances et associations concernées ont reflété cette mosaïque d’appartenances, contribuant à créer une atmosphère démocratique rarement vue. Bien plus discrète cette fois-ci, la tente du Courant haririen (de la même taille que les autres) n’a pas manqué de susciter quelques commentaires. «Ils ont retenu la leçon et ne veulent pas répéter leur erreur précédente, lors des élections à l’Ordre des médecins», note un partisan aouniste. C’est à l’entrée principale de l’immeuble où se déroulait le scrutin que les combinaisons se concoctaient. Sur les 17 000 électeurs attendus, 4 900 ont voté, un taux de participation relativement faible, quoique prévu. Alliance FL-haririens Bien que solidement soutenus par les fidèles de l’une et l’autre listes, les deux principaux camps en présence (aounistes et futuristes) et leurs alliés n’ont pas obéi à des considérations purement politiques, moins encore confessionnelles. Les exemples abondent et les jeux d’alliances politiques ont prévalu sur les tactiques électorales, les affinités syndicales et les relations personnelles et universitaires. Ces rapprochements expliquent, en grande partie, la victoire des cinq candidats, dont trois appartiennent à la liste aouniste (Raymond Korkmaze, Georges Ghanem et Sélim Aoun), et deux à la liste du Futur (Farid Jurdi et Kamal Sioufi). Soutenant à fond la liste haririenne, les FL n’ont pas hésité à épauler le candidat aouniste de la liste opposée (Sélim Aoun), «moins par affinité politique avec le CPL que pour faire échouer le candidat chrétien Georges Khoury» (Courant du futur), commente un ingénieur. Le Hezbollah, qui n’avait pas réussi à former une liste ni à se faire une place sur une des deux listes, s’est décidé à appuyer les deux candidats de la Jamaa ainsi que plusieurs candidats de la liste du CPL. Par contre, il s’abstiendra de donner ses voix au candidat Amal (Haïdar Ajami). Une attitude qui semble avoir été dictée par une tactique électorale, loin des réflexes confessionnels, comme l’avaient craint certains. Le Hezbollah boycottera également les autres candidats de la liste Hariri. Farid Jurdi (Futur) bénéficiera quant à lui des votes du Courant du futur, en plus des voix des «professionnels». Enfin, phénomène sans précédent : la victoire marquée des candidats indépendants, tels que Raymond Korkmaze et Georges Ghanem, élus avec des scores notables. «C’est un fait relativement nouveau que de voir des candidats non partisans obtenir l’appui de la majorité des formations politiques, ainsi qu’un soutien “apolitique” de la part de leurs collègues», explique l’un des amis de Raymond Korkmaze. Ce dernier, dit-il, a reçu l’appui du BN, de la Tribune libre, du CPL, des FL et de ses nombreux amis. «Les voix du CPL, ajoutées à celles du Rassemblement des jeunes de Jbeil ont en outre profité à Georges Ghanem, qui a comblé la place vide laissée sur la liste aouniste», ajoute-t-il. Samedi soir, alors que le dépouillement des voix s’était prolongé tard dans la soirée, un sentiment de satisfaction générale régnait dans les rangs des ingénieurs. Un mot d’ordre a même été lancé pour que les gagnants s’abstiennent d’applaudir, «afin d’éviter de donner à ce scrutin une connotation confessionnelle», indique un électeur chrétien. «C’est un véritable triomphe pour la démocratie, qui vient mettre en échec toutes les velléités de confessionnalisation d’une élection qui se doit d’être professionnelle avant tout», conclut Nadim Nammour.
Les résultats des élections partielles à l’Ordre des ingénieurs, samedi dernier, ont apporté la preuve que les enjeux confessionnels peuvent être contournés, à condition que la volonté d’indépendance de l’électeur triomphe, ont affirmé unanimement les participants à ce scrutin. Pourtant, si l’on s’en tient à l’appartenance des élus – cinq au total, tous...