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Actualités - CHRONOLOGIES

Sécurité - « Les FL doivent savoir que l’heure de la vengeance a sonné - Distribution de tracts séditieux - dans la partie ouest de Beyrouth

L’État était curieusement aux abonnés absents hier, alors que dans la rue ça bougeait. Dangereusement. Les autorités n’ont pas bronché alors que pour beaucoup moins, elles mobilisaient presque toutes les forces armées : des tracts pratiquement séditieux, menaçant sans ambages de mort les partisans des partis et des courants politiques qui s’apprêtent à organiser un rassemblement pacifique mercredi, place des Martyrs, «pour proclamer la fin de la guerre au Liban» ont été distribuées dans les rues et aux portes des universités et des mosquées, dans la partie ouest de la capitale. La distribution de ces tracts qui constituent, pour le moins qu’on puisse dire, une menace à l’ordre public n’a pas été jugée suffisamment grave par les autorités pour justifier une intervention des forces de l’ordre. «Si ces agents stipendiés d’Israël (les Forces libanaises dissoutes) veulent se rassembler le 11 avril dans le centre-ville, tous les musulmans sont invités à leur faire face avec les dents, les bâtons et les couteaux de cuisine», souligne le tract d’une organisation inconnue, «les fils de Tarik Jédidé», intitulé «Appel aux musulmans de Beyrouth». Deux autres organisations, «l’Association des projets de bienfaisance islamique» et une autre parfaitement inconnue «Le mouvement du 6 février-Les forces de l’intifada», ont également distribué des tracts reprenant plus ou moins violemment les mêmes menaces et dont L’Orient-Le Jour a pu obtenir des copies. Les points communs aux textes des trois organisations : l’absence de toute allusion à la présence syrienne au Liban, l’appel à un contre-rassemblement, place des Martyrs, et la virulente attaque contre les FL, sachant que sept formations, le CPL, le PSP, le PNL, le courant des FL, le PCL, le Forum démocratique et les «Groupes de gauche» ainsi que des personnalités indépendantes organisent le rassemblement. Incontestablement, c’est le tract des «fils de Tarik Jédidé» qui est le plus chargé de menaces : «Les musulmans de ce pays refusent que les agents de Sharon reviennent et généralisent la corruption dans le pays. Lesdites Forces libanaises doivent savoir que l’heure de la vengeance a sonné et que le sang répandu par les martyrs ne sera pas vain. Si les agents d’Israël, les Forces libanaises, veulent se rassembler au centre-ville pour semer la discorde, les parents de chaque enfant tué par les Forces libanaises, de chaque jeune homme égorgé à un barrage à cause de son appartenance confessionnelle et les membres de chaque famille blessée à cause des FL sont tous invités à se rendre au même endroit pour se venger. Et que les Forces libanaises assument alors la responsabilité de ce que leurs mains tachées de sang ont commis. Beyrouth leur fera face avec les dents, les bâtons et les couteaux de cuisine». «Tous les hommes honnêtes et libres seront au centre-ville le 11 avril pour barrer la route devant la discorde, refouler les agents de Sharon et leur infliger une correction qu’ils n’oublieront jamais», indique le tract du Mouvement du 6 février-Les forces de l’intifida qui s’en prend vivement aux FL et aux «fous du général Michel Aoun». Énumérant avec force détails une série d’épisodes noirs de la guerre qu’elle attribue aux Forces libanaises, l’Association des projets de bienfaisance islamique accuse dans son tract les FL de tenter d’entraîner les chrétiens vers un sombre avenir et invite «toutes les forces attachées à l’unité, l’indépendance, la souveraineté et l’arabité du Liban à participer massivement», au contre-rassemblement du centre-ville. Cette réaction immodérée de la rue n’a pas ému outre mesure les autorités qui n’hésitent pourtant pas à jeter en prison des centaines d’universitaires qui distribuent simplement des portraits du général Michel Aoun ou des tracts appelant au rétablissement de la souveraineté et de l’indépendance du Liban. S’il voulait prouver à quel point il privilégie la politique de deux poids, deux mesures, l’État n’aurait pas pu mieux faire. Interrogée par L’Orient-Le Jour, une source judiciaire responsable a affirmé tout ignorer de la distribution de tracts, indiquant que le parquet «doit d’abord s’assurer de ce qui s’est passé» avant de réagir. Si réaction il y a, bien sûr. Quant au reste des responsables directement concernés par les affaires liées à la sécurité, ils étaient tous, hier, aux abonnés absents. Évidemment.
L’État était curieusement aux abonnés absents hier, alors que dans la rue ça bougeait. Dangereusement. Les autorités n’ont pas bronché alors que pour beaucoup moins, elles mobilisaient presque toutes les forces armées : des tracts pratiquement séditieux, menaçant sans ambages de mort les partisans des partis et des courants politiques qui s’apprêtent à organiser un...