Chamoun : « Taëf n’est rien. Seul compte le salut du Liban »

Le président du Parti national libéral Dory Chamoun a estimé hier que l’accord de Taëf n’avait jamais été, pour le peuple libanais, qu’«une tromperie» et que seul comptait le salut du Liban, qui réclame le retrait immédiat de toutes les armées non libanaises de son territoire. M. Chamoun, reçu hier à Bkerké par le patriarche maronite, Mgr Nasrallah Sfeir, a souligné dans une déclaration à la presse que l’accueil populaire réservé la semaine dernière au patriarche à son retour de sa tournée américaine était «une première au Liban». Le soutien accordé au patriarche à cette occasion «équivaut à la naissance de la IIIe République», a-t-il dit. En tout cas, il y a, selon M. Chamoun, «un nouvel élan très important dans l’édification du Liban nouveau, celui des libertés, de la démocratie, du règne du droit et du comportement civilisé, comme le fut celui des jeunes rassemblés à Bkerké». Prié de commenter la distinction opérée par les autorités entre la «modération» du patriarche et «l’extrémisme» de la foule, le président du PNL a répondu : «Ceux qui se sont regroupés à Bkerké sont ceux qui souffrent. Ce sont des jeunes dont l’avenir est menacé, qui ne savent pas où ils vont et dans quel Liban ils veulent vivre. Un moment, ils avaient voulu croire au discours qu’on leur servait, mais à présent ils sont déçus». «Le peuple n’a-t-il donc pas le droit d’exprimer sa douleur lorsqu’il a mal ?», a-t-il ajouté. Sur le point de savoir ce qu’il pensait des propos du ministre de l’Énergie Mohammed Abdel Hamid Beydoun, selon lequel Taëf ne prévoit pas un redéploiement des troupes syriennes, M. Chamoun a dit : «Que M. Beydoun et les autres relisent l’accord de Taëf. Cet accord, ils en sont à la fois les auteurs et les fossoyeurs. Quant à moi, je fais partie de ceux qui ont toujours cru que ce texte n’a jamais été qu’une tromperie vis-à-vis du peuple libanais. Toujours est-il qu’ils en ont appliqué ce qui servait leurs intérêts et ont jeté le reste dans le panier à ordures. Alors, permettez-moi de le dire : Taëf n’est rien. Seul compte le salut du Liban qui réclame le départ dès aujourd’hui de toutes les armées de son territoire». La IIIe République, selon lui, sera celle «qui verra le jour dans un climat libanais libre, souverain et indépendant, et à l’ombre de laquelle une nouvelle loi électorale sera adoptée pour l’élection de représentants du peuple libanais, et non d’individus qui lui auront été imposés de force». «C’est ainsi que naîtra un pouvoir responsable à l’égard du peuple, pas comme l’actuel, qui n’est nullement redevable à son peuple, mais uniquement à ceux qui qui l’ont installé», a-t-il conclu.