À l’écoute du pays

Messieurs les responsables, Entendez-vous le son des cloches résonner sans répit et les ovations de myriades de sujets ? Voyez-vous les foules s’agglutiner sur les routes et les drapeaux libanais masquer l’horizon ? Ressentez-vous la ferveur envahir votre peuple et l’honneur resurgir ?. La spontanéité des foules en liesse a éclaté au grand jour pour accueillir le patriarche. Elle a endossé et réitéré la requête du chef de l’Église maronite. Seraient-ils tous des agents infiltrés à la solde d’un État limitrophe usurpateur ?. Non Messieurs, ces Libanais sont le fruit de la faillite de votre discours politique, l’enfant du langage officiel stéréotypé, la suite logique du paysage monochrome de nos représentants et la résultante de la démagogie de nos dirigeants. Vous n’avez pas pu convaincre ces centaines de milliers de citoyens avec vos arguments incessamment martelés et répétés par vos sous-relais locaux. Ces centaines de milliers de Libanais vous répondent aujourd’hui que le Liban n’est ni souverain, ni libre et encore mois indépendant. Nous avons beau compulser les manuels et encyclopédies en tout genre mais aucune définition de la démocratie ne correspond de près ou de loin à la situation actuelle du pays. Détrompez-vous Messieurs, ces Libanais sont tout à fait satisfaits du retrait des troupes de Tsahal du Liban-Sud; cependant ils restent tout à fait conscients que 90 % de leur territoire restent encore à libérer de la «présence» militaire étouffante d’un pays frère. Même si les allégations politiciennes réduisent la problématique du pays au simple choix entre la position syrienne (et donc patriotique) et l’israélienne (la trahison) ces mêmes Libanais croient en une troisième option, occultée par le discours politique, celle de l’allégeance purement libanaise. Oui Messieurs les responsables, la question de la présence syrienne se discute entre États. Toutefois, et depuis la mort de Louis XIV symbole de la monarchie absolue de droit divin, l’État démocratique n’est pas représenté par vos seules personnes mais part tous ces Libanais. J’avais perdu tout espoir en ce pays et comme tout bon Libanais jeune et productif, je préparais quelques valises. Aujourd’hui et à la seule vue de l’accueil chaleureux réservé au patriarche maronite une petite lueur d’espoir a réchauffé à nouveau mon cœur. Vous serait-il possible de raviver encore plus cette flamme dans le cœur de tous les citoyens pour qu’un jour en tel festival de joie et de bonheur vous soit réservé ?.