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Actualités - CONFERENCES ET SEMINAIRES

CONFÉRENCE - La poétesse canadienne se bat pour la cause féminine - Madeleine Gagnon déplore le « non-dit » après la guerre du Liban

Madeleine Gagnon, poétesse québécoise, membre d’Amnesty International, est allée recueillir les paroles des «Femmes dans la guerre», Anna, Jeanne, Samia… Des Balkans en Israël et Palestine, du Liban au Pakistan puis au Sri Lanka, le livre dessine une frontière qui place le masculin du côté des combats et de la violence, et les femmes du côté du sang et des larmes. Mercredi, à Fanar, à la faculté des lettres de l’Université libanaise ; jeudi, rue de Damas, à la faculté des sciences humaines de l’Université Saint-Joseph, la poétesse canadienne a raconté comment elle a été amenée à tremper sa plume dans le récit de l’insoutenable vécu des corps et des âmes. Pourquoi ce livre sur les sévices ? «Je discutais un jour avec une amie, Monique Durand, journaliste à Radio Canada, des deux choses principales qui ont marqué le XXe siècle, dit l’auteur. Les guerres et les génocides ; mais aussi ce qu’on appelle la révolution des femmes et leur émancipation. Jusqu’à la deuxième moitié du siècle, la grande majorité des femmes ne votaient pas ; elles n’avaient pas le droit de posséder un compte en leur nom, ni devenir propriétaire d’une maison ou d’un commerce ; elles n’avaient aucune existence juridique autonome ; elles n’avaient aucun droit de cité ; elles étaient des citoyennes de seconde zone, subalternes, assujetties, exclues de tous les pouvoirs économiques, politiques et scientifiques». Dès lors, ces deux évènements importants du XXe siècle vont pousser Madeleine Gagnon à faire des recherches sur les femmes, à «percer» leur rôle au cœur des pays meurtris par les conflits. « Guerre de l’intime » : folie et dépression «Il y a certains préjugés qui disent que les hommes font la guerre, et que les femmes font des enfants qui vont faire la guerre, dit l’auteur. Et bien, je ne suis pas d’accord. C’est vrai qu’on a rencontré beaucoup de victimes femmes et moins de victimes hommes mais la pulsion mortifère, l’instinct de vengeance et de belligérance sont aussi forts dans le cœur et l’âme des femmes que dans le cœur et l’âme des hommes. Les bourreaux, nous n’avons pas voulu les rencontrer. Nous n’avons pas voulu non plus prendre parti dans un conflit ou dans un autre. Surtout dans un pays comme le vôtre où la situation nous semblait complexe». Dans son livre, Madeleine Gagnon a intitulé la guerre du Liban «la guerre de l’intime». Une guerre qui produit de «la folie», de «la dépression», de «la dénégation». Elle y trouve quelque chose de «refoulé», de «non-dit». Elle signale que lors de son enquête auprès des Libanaises, beaucoup ont refusé de lui parler de la guerre. De même, toute une génération de jeunes ne veut pas en entendre parler. «Certains disent que la guerre n’est pas finie», indique Madeleine Gagnon. Elle ajoute qu’Amnesty International, qui œuvre pour sauver les femmes de leurs «bourreaux sexuels», n’a obtenu aucun indice sur les viols commis au cours de la guerre au Liban. «Zéro information. Rien n’est dit. Ni d’un côté ni de l’ autre. Or, des deux côtés, il y a eu des viols». Madeleine Gagnon cite une ethnologue-psychologue, Liliane Ghazali, qui a proposé, en vain, aux dirigeants locaux d’organiser un forum national sur «le deuil et le pardon». Dans son témoignage, Liliane Ghazali souligne qu’au Liban, on s’occupe des ruines de pierre ou de béton, sans s’occuper des décombres dans le cœur des hommes.
Madeleine Gagnon, poétesse québécoise, membre d’Amnesty International, est allée recueillir les paroles des «Femmes dans la guerre», Anna, Jeanne, Samia… Des Balkans en Israël et Palestine, du Liban au Pakistan puis au Sri Lanka, le livre dessine une frontière qui place le masculin du côté des combats et de la violence, et les femmes du côté du sang et des larmes. ...