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Actualités - CHRONOLOGIES

CRÉATEURS - Designer de bijoux et d’objets - Chadia Najjar : de la mécanique artistique

Chadia Najjar est une créatrice de bijoux et d’objets divers à l’inspiration foisonnante. Cette femme au foyer, qui s’est mise tard au «design», en 1994 très précisément, a depuis «donné vie» à un flot ininterrompu de créations diverses. Des bijoux anciens, «revisités» par une touche moderne, aux lampadaires fabriqués à partir de pièces mécaniques, en passant par les soliflores montés sur des écrous, sur des roulements à billes, ou même sur des clés anglaises ; les mandrins de perceuse ou les tasses à café en cuivre transformés en bougeoirs ; les tires cartes ; les éteignoirs de bougies ; les portes sacs, etc. Les objets qu’elle réalise ont tous un point commun : la récupération. «J’aime prendre une pièce qui ne sert plus et lui redonner une seconde vie», dit cette dame, qui voue à l’objet un amour authentique. «Ça ne m’intéresse pas de dompter l’objet ; au contraire j’essaie de l’apprivoiser, je le suis dans son harmonie», dit-elle. Il suffit de voir sa maison pour s’en rendre compte. Chaque pièce est mise en valeur. Chaque sculpture, bibelot, ou élément du décor semble occuper la bonne place, pour capter les regards, sans être écrasé par un voisinage éclipsant. Une «scénographie» qui pourrait laisser croire que Chadia Najjar a une formation de designer. Alors que cette autodidacte s’est formée «sur le tas», lors des Salons qu’elle visitait en compagnie de son ex-mari architecte. «Je me suis mariée très jeune, ce qui fait que je n’ai pas fait d’études universitaires. Mais déjà à l’école, lorsque j’étais jeannette, j’étais douée pour le bricolage. Puis, plus tard, j’étais attirée par le mobilier moderne, l’esprit design», indique-t-elle. Rouages Le hasard est souvent à l’origine de ses idées. La première, celle des bijoux anciens modernisés, lui était venue lors d’un voyage en Égypte. «Dans un souk, j’ai vu des sacs remplis de parures bédouines en argent, démontées pour en refondre le métal. Je les ai rachetés et me suis amusée au départ à les monter en bijoux pour ma fille et moi. Amale Traboulsi (propriétaire d’Épreuve d’artiste) les a vus et m’a encouragée à en produire davantage pour les exposer dans sa galerie». Puis pour les lampes, les bougeoirs et les pièces ornementales fabriquées avec des disques de frein, des plateaux d’embrayage, des mandrins de perceuse, etc., «c’est un garagiste qui, après avoir réparé ma voiture, m’a remis la pièce remplacée. Je l’ai trouvée belle et j’ai eu l’idée d’en faire un pied de lampadaire». Depuis, elle écume régulièrement les garages de réparation automobile, les dépôts de ferrailleurs, les brocantes, à la recherche des matières premières. Qu’elle soude, décape, assemble ensuite toute seule dans son atelier, une sorte de caverne d’Ali Baba, où elle entasse les «trésors» qu’elle récolte au cours de ses tournées. Série TV Ce qui impressionne chez cette créatrice, c’est la perfection de ses réalisations, le soin méticuleux qu’elle met dans l’élaboration de chaque pièce, qu’elle suit de A à Z. Ainsi, par exemple, elle a conçu des écrins spéciaux, des boîtiers en aluminium rond, pour ses «bijoux télévision». Une ligne de pendentifs, broches, boucles d’oreille, boutons de manchettes, portes-clés, qu’elle a baptisée «TV Series». Et dont la petite histoire vaut la peine d’être contée. «Cette idée est née le jour où des amis, qui s’installaient dans leur nouvel appartement, m’ont demandée de leur concevoir des luminaires. Ils avaient hérité de leur grand-mère un meuble télévision “Telefunken” des années cinquante et voulaient en faire un buffet. Ils voulaient retirer la télé du meuble. En les aidant à démonter le poste, j’ai été émerveillée par la beauté des circuits électroniques. J’avais vu des circuits récents miniaturisés, mais jamais d’aussi anciens. De grosses pièces, des formes, des couleurs, des matériaux extraordinaires. Il y avait des pièces – des composants en porcelaine – signées “Rosenthale” ! Des «bijoux d’éléments miniatures» qui vont donner une ligne particulière de bijoux très fins. Si les rouages de machines semblent être ses matières de prédilection –«l’harmonie, la beauté peut se trouver dans un rouage. Et puis ça a de la force, du caractère» – les visites de musée d’art contemporain en voyage, les expositions, nourrissent son imagination. La consécration pour cette autodidacte lui est venue de la France. En effet, lors de la Biennale internationale de design de Saint-Etienne, ses créations ont été particulièrement remarquées. Et elle a été contactée par le directeur de Strate College, une école de design à Paris, pour y organiser un atelier de travail. «Au départ, j’étais très intimidée, raconte-t-elle. Comment moi, qui n’avais jamais suivi de cours, j’allais en donner ? Mais ça c’est très bien passé. J’ai expliqué ma démarche de création par l’exemple, en montrant aux étudiants quelques-unes de mes pièces. Et je leur ai demandé de s’en inspirer. Ils ont tous travaillé sur de vieilles pièces récupérées de la casse, des puces, etc., ce fut une expérience fabuleuse». Chadia Najjar travaille en ce moment sur les portes sacs : sorte de crochet pliable que l’on insère à l’angle d’une table de restaurant pour y accrocher son sac. Des structures en acier qu’elle orne d’éléments d’un vieux mécanisme d’horloge et de strass. Un article à la fois utile et sophistiqué, élaboré à partir d’un mélange harmonieux de matériaux masculins et féminins. Une dualité qui constitue presque la signature des œuvres de Chadia Najjar, cette dame aux idées qui se bousculent dans sa tête…
Chadia Najjar est une créatrice de bijoux et d’objets divers à l’inspiration foisonnante. Cette femme au foyer, qui s’est mise tard au «design», en 1994 très précisément, a depuis «donné vie» à un flot ininterrompu de créations diverses. Des bijoux anciens, «revisités» par une touche moderne, aux lampadaires fabriqués à partir de pièces mécaniques, en passant...