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Actualités - ANALYSES

Les députés maronites tentent de pallier les carences du pouvoir

Le ton se durcit ? Pire, il se fait démentiel et les attaques à caractère personnel, assorties de menaces physiques à peine voilées, prennent le pas sur le dialogue. Aucune instance de poids n’est épargnée. Ni Bkerké ni Moukhtara. On jette de l’huile sur le feu des dissensions confessionnelles à pleins gallons. C’est comme si on cherchait à provoquer une implosion en amenant les Libanais à s’entre-déchirer. Comme en 1975. Orfèvre en la matière, le célèbre évêque Hilarion Cappucci qui a visité le pays il y a quelques mois s’est inquiété de voir «le Liban encore plus divisé sur le plan confessionnel qu’il y a vingt-cinq ans. Tout tourne autour de thèmes sectaires et cela fait peur». Lorsque ces propos, rapportés par un député, ont été tenus, la tension n’avait pas encore atteint son paroxysme comme aujourd’hui. Le doyen de la Chambre, M. Kabalan Issa el-Khoury, s’en alarme. Il a pensé que les députés de sa communauté avaient pour devoir de réagir pour calmer le jeu et ramener le pays à la raison. Une action d’autant plus urgente que le pouvoir pour sa part ne fait pas grand-chose pour désamorcer la crise et initier un vrai dialogue. M. Issa el-Khoury a donc invité les parlementaires maronites à se retrouver chez lui pour engager une initiative rapide afin de prévenir les retombées de l’escalade confessionnelle. Et d’amortir les effets du brûlot lancé par les ulémas du Akkar, qui ont tiré à boulets rouges sur «le curé de Bkerké» comme ils croient pouvoir l’appeler. Ces religieux n’ont pas hésité, en outre, à affirmer que si les chrétiens de leur région ne ripostaient pas eux-mêmes aux positions du patriarche, ils subiraient des vexations. Aussi les 22 députés maronites qui ont répondu à l’appel de leur doyen se sont-ils déclarés effectivement soucieux de la tournure que prennent les choses sur la scène locale. Mais ils ont préféré ne pas publier de communiqué. D’une part, pour ne pas paraître adopter une contre-position de nature confessionnelle, leur objectif étant d’inspiration purement nationale. D’autre part, pour ne pas déborder, si l’on peut dire, sur l’événement que doit constituer aux yeux de l’opinion le retour de Mgr Sfeir. Les députés se sont donc entendus pour se retrouver à la mi-avril et de s’efforcer d’élargir la rencontre en direction des pôles d’autres communautés. Pour préparer le terrain à un dialogue national portant en premier lieu sur la redéfinition des rapports avec la Syrie. On observe donc que les forces modérantistes tentent de se mobiliser pour sauver les meubles avant que le feu ne prenne. On sait en effet que, suivant le principe des vases communicants, la montée de l’activisme aouniste a provoqué des réactions d’un extrémisme notable à l’Ouest. Téléguidées ou pas, ces réactions vont très loin dans l’exacerbation des dissensions confessionnelles locales. Le but étant peut-être de prouver que les Libanais frisent toujours le point de rupture et ne peuvent se passer de la vigilance préventive des forces amies, Garantes incontournables, inamovibles, de la paix civile. On comprend mieux dès lors que les pôles dirigeants, dont certains s’étaient avancés il y a quelques mois jusqu’à soutenir la nécessité d’un calendrier-programme de retrait, affirment maintenant en chœur qu’un tel débat est inopportun. C’est ce que soulignent des opposants. Qui dénoncent «la passivité des pouvoirs qui refusent d’engager des poursuites pénales contre les hérauts de la haine confessionnelle orchestrée lesquels rejettent l’idée même de dialogue. Que l’on autorise même, à l’occasion, à descendre dans la rue pour manifester, ce qui est interdit aux jeunes de l’Est. Tout cela au mépris de la loi, comme de Taëf qui commande le repli syrien sur la Békaa». Pratiquement, on peut relever que le pouvoir, qui a pris parti, n’est pas en mesure d’organiser un dialogue national où il lui faudrait jouer les arbitres neutres. Prenant acte de cette impossibilité, comme des difficultés économiques du pays, les députés maronites veulent tenter une démarche d’entente. Mais qui voudra, ou qui pourra, les entendre ?
Le ton se durcit ? Pire, il se fait démentiel et les attaques à caractère personnel, assorties de menaces physiques à peine voilées, prennent le pas sur le dialogue. Aucune instance de poids n’est épargnée. Ni Bkerké ni Moukhtara. On jette de l’huile sur le feu des dissensions confessionnelles à pleins gallons. C’est comme si on cherchait à provoquer une implosion en...