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Actualités - ANALYSES

Le pouvoir attendu au tournant

Le retour du patriarche Sfeir marque, à n’en pas douter, un tournant. Et c’est là qu’on attend le pouvoir. Après le plébiscite populaire réservé aux positions du prélat, l’État se trouve interpellé par d’innombrables pôles locaux. Qui lui reprochent d’avoir trop tardé à ouvrir le dialogue avec Bkerké. Et le pressent de s’entendre avec le cardinal sur les moyens à mettre en œuvre pour récupérer, sans casse, la souveraineté nationale. C’est-à-dire la neutralisation de l’immixtionnisme syrien, sinon ce retrait militaire que d’ailleurs Mgr Sfeir ne réclame pas dans la phase présente, se contentant de demander le repli sur la Békaa, conformément aux dispositions de Taëf. Ces pôles politiques estiment que tout compte fait, l’État a bien de la chance que ce soit une figure sensée, modérée qui se pose et s’impose comme un interlocuteur mandaté par une large volonté populaire. Le ralliement massif à la bannière de Bkerké, ajoutent-ils, n’autorise plus les dirigeants à faire mine de s’interroger sur l’identité de la partie avec laquelle on peut parler, comme ils le faisaient jusqu’à présent pour mieux se dérober au dialogue. En effet, toutes les fractions contestataires se placent d’elles-mêmes sous l’ombrelle du patriarcat et lui délèguent leurs voix. Dès lors, pour peu que l’État accuse réception du message populaire, il se doit d’engager sans tarder avec le cardinal une discussion tranquille, dans un esprit de modération fondé sur la force du droit et non sur le droit à la force. À cette vague revendicatrice, certains loyalistes croient pouvoir répondre qu’effectivement les dirigeants envisagent maintenant de parler avec Mgr Sfeir. Et de lui rendre visite, à l’occasion de Pâques. Des rencontres que certains ministres réputés proches du régime prépareraient par des échanges avec Bkerké loin des feux de la rampe. Ces sources indiquent tout de suite que les responsables tenteront de plaider auprès du prélat la nécessité de tenir compte de la situation régionale aussi bien que des contradictions intérieures. À l’Est, on répète que Mgr Sfeir est déterminé tout à la fois à camper sur ses positons concernant les constantes nationales, comme l’indépendance, et à ne pas jeter de l’huile sur le feu. Car il croit au dialogue de raison et pense que rien ne peut se faire sans une volonté libanaise solidement unifiée, aucune partie ne pouvant imposer de force son point de vue à l’autre. Le patriarche, ajoute-t-on, est convaincu qu’il n’y a pas un seul vrai Libanais qui soit contre la souveraineté, l’indépendance et le pouvoir de libre décision de son propre pays. Il sait cependant que les circonstances ne permettent pas à certains de s’aligner ouvertement sur ses positions et ne tentera pas de les brusquer. Il reste cependant à savoir dans quelle mesure le prélat voudra jouer le jeu comme le souhaitent les loyalistes. C’est-à-dire dans quelle mesure il acceptera de laisser le dossier de côté pour le moment, le retrait syrien n’étant pas possible avant la paix, à l’ombre des menaces israéliennes. Ces loyalistes espèrent toutefois qu’il pourrait y avoir un compromis : la Syrie se limiterait au rôle stratégique de ses forces au Liban et accepterait d’en discuter le redéploiement technique avec les autorités locales. Un repli qui se ferait sans annonce préalable, le but étant de mettre un terme aux polémiques en cours. Et de calmer la rue chrétienne.
Le retour du patriarche Sfeir marque, à n’en pas douter, un tournant. Et c’est là qu’on attend le pouvoir. Après le plébiscite populaire réservé aux positions du prélat, l’État se trouve interpellé par d’innombrables pôles locaux. Qui lui reprochent d’avoir trop tardé à ouvrir le dialogue avec Bkerké. Et le pressent de s’entendre avec le cardinal sur les...