Rechercher
Rechercher

Actualités - COMMUNICATIONS ET DECLARATIONS

Harb : L’État ne doit pas se dérober à son devoir de dialogue - Les appels à l’ouverture et au réalisme se multiplient

Au lendemain du retour de voyage du patriarche Sfeir, les commentaires à l’accueil triomphal qui lui a été réservé, assortis d’appels à l’ouverture et au réalisme politique, se sont multipliés. L’union des ligues chrétiennes, réunie sous la présidence de M. Harès Chéhab, a invité l’État à «entamer sans délai un dialogue constructif et à prendre en considération les aspirations à l’indépendance d’une grande partie du peuple libanais». L’union a estimé que l’accueil populaire réservé au Patriarche doit être compris pour ce qu’il est, «un plébiscite (…) en faveur d’un mode d’action et de pensée pour un Liban libre et souverain». L’union des ligues a mis en garde contre la tentation de considérer cet accueil comme «un phénomène ponctuel», et a considéré qu’il s’agit «du point de départ d’un nouvel élan politique auquel les forces et partis chrétiens doivent donner suite, en en préservant l’unité». Par ailleurs, l’Union des ligues chrétiennes a tenu à se démarquer, comme l’a fait Bkerké mardi, des groupes de jeunes qui ont hué les responsables, en particulier le chef de l’État. Elle a «déploré ces agissements» en affirmant qu’elle est «hostile à toute atteinte à la présidence de la République». S’adressant à des étudiants de Jbeil, M. Boutros Harb a estimé pour sa part que «l’État libanais doit renoncer à la politique de l’autruche (…) ce qui risque de pousser les jeunes à désespérer de la démocratie et adopter des positions encore plus radicales». «Je ne vois pas d’alternative, l’État a le devoir de ne pas fermer les yeux sur la vérité de ce qui s’est produit hier et des 150 000 jeunes qui se sont reconnus dans le discours que tient le patriarche». «Si le pouvoir choisit de se dérober à ce devoir de dialogue, soit parce qu’il ne le souhaite pas, soit, et c’est le plus probable, parce qu’il lui est défendu, c’est un véritable crime contre nos droits et notre régime qu’il serait en train de commettre», a ajouté M. Harb. De son côté, le député Atef Majdalani a dénoncé les attaques de certains hommes de religion du Akkar contre le patriarche maronite Mgr Nasrallah Sfeir. Dans une déclaration faite hier, M. Majdalani a affirmé être fermement opposé à toute forme de «propos extrémistes, surtout entre hommes de religion qui sont censés offrir le bon exemple à leurs coreligionnaires». Il a toutefois tenu à préciser que «les relations libano-syriennes sont du ressort de l’État». Rappelons qu’à la suite des déclarations faites par Mgr Sfeir sur les relations libano-syriennes, certains cheikhs du Akkar avaient proféré des insultes à son égard, allant même jusqu’à l’appeler le «curé de Bkerké» et menacé de s’en prendre aux chrétiens de la région s’il persistait dans sa ligne de conduite. Quant au député Gebrane Tok, il a estimé que «ce qui s’est passé mardi dernier ne menace, en aucune manière, la formule libanaise, comme le prétendent certains. L’écrasante majorité des Libanais désire réparer les erreurs commises et redéfinir les relations libano-syriennes» et invité toutes les parties concernées à éviter tout durcissement du discours politique. M. Tok a également appelé à un «dialogue sérieux entre l’État et les courants de l’opposition», et à prendre en considération «les appréhensions du patriarche». Le Conseil central maronite (CCM) a, lui aussi, condamné les huées qui se sont élevées de la foule chaque fois que les noms de certains responsables étaient cités à Bkerké, au cours de la réception organisée à l’occasion du retour du patriarche maronite Mgr Nasrallah Sfeir au Liban. Dans une déclaration faite hier, le président du CCM Raymond Raphaël a estimé que «les atteintes aux responsables ne concordent pas avec la ligne de conduite historique de Bkerké ni avec les prises de position nationales du patriarche ou ses relations avec ces responsables. Il est donc normal que Bkerké désapprouve ce qui est arrivé. Pour notre part, nous estimons qu’un tel comportement ne cadre pas avec les fins nationales et spirituelles pour lesquelles l’accueil a été organisé». «La voix du patriarche est celle de la raison et de la modération, celle de l’union nationale et de la convivialité dans une atmosphère d’indépendance, de souveraineté et de libre décision», a conclu M. Raphaël. Sur un autre plan, le chef du parti Kataëb Mounir Hajj a répondu à ceux qui l’accusaient de n’avoir pas participé à l’accueil du patriarche Sfeir en assurant qu’il avait été parmi les premiers à l’avoir félicité dès sa descente d’avion. M. Hajj a ajouté qu’en raison de l’embouteillage, il n’avait pu parvenir aux premiers rangs de l’assistance pour assister au Te Deum et s’était contenté d’attendre le patriarche dans la salle de réception. Il a également précisé que, lors du dernier conseil central du parti, tous les présents avaient été requis de participer massivement à la cérémonie d’accueil réservée au patriarche. Des dignitaires musulmans mettent en garde D’autre part, plusieurs dignitaires musulmans ont mis en garde contre le retour du discours confessionnel et sectaire qui menace «la sécurité et la stabilité nationales». Le président du conseil des Ulémas de Jabal Amel, cheikh Afif Naboulsi, a qualifié le recours au discours confessionnel de «bûcher qui consumera le Liban» et d’«occasion offerte à l’ennemi pour nous inciter à nous entretuer». Il a également mis en garde contre «les manifestations confessionnelles organisées dans la rue chrétienne par certaines universités et qui rappellent celles qui ont précédé la guerre civile et abouti à la division du pays». De son côté, le conseiller près le tribunal jaafarite supérieur, cheikh Mohammed Hassan Amine, a invité les «forces et institutions qui ont pris l’initiative de recourir au confessionnalisme» à mettre un terme à ce «processus extrêmement dangereux». Réunie sous la présidence de M. Mohammed Ali Dennaoui, l’association islamique du Salut a appelé le patriarche Sfeir à «étudier, en son âme et conscience, les résultats de l’accueil qui lui a été réservé mardi et qui s’est transformé en une manifestation consacrée à des prises de position politiques». «Si le patriarche désire être simultanément un leader politique et une instance religieuse au-delà de toute critique, il doit reconsidérer ses thèses. Ce n’est pas avec ce genre de thèse qu’il pourra construire ce pays ou en devenir le chef, mais en adoptant une politique modérée. C’est à ce moment que nous l’appuierons», a ajouté M. Dennaoui.
Au lendemain du retour de voyage du patriarche Sfeir, les commentaires à l’accueil triomphal qui lui a été réservé, assortis d’appels à l’ouverture et au réalisme politique, se sont multipliés. L’union des ligues chrétiennes, réunie sous la présidence de M. Harès Chéhab, a invité l’État à «entamer sans délai un dialogue constructif et à prendre en...