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Actualités - CHRONOLOGIES

À Dbayé, un rassemblement - à caractère national

Effervescence, euphorie, ivresse collective, tous les superlatifs sont bons pour qualifier le sentiment qui a gagné les rangs des sympathisants du patriarche Nasrallah Sfeir. À Dbayé, le mouvement spontané des foules était extraordinaire par son ampleur et par sa portée symbolique. Drapeaux claquant au vent, vitres recouvertes de portraits du patriarche, les convois ont commencé à déferler en début d’après-midi. Groupes issus des diverses formations, universitaires, écoliers, familles entières, tous étaient là, «en signe de soutien aux positions nationales du patriarche, notamment la question du retrait syrien», comme le souligne Assaad, un quinquagénaire, venu se poster dès 15 heures sur le pont. Bien encadrés par leurs formations politiques respectives, membres et sympathisants FL, CPL, Kataëb, PNL et BN arborent leurs drapeaux, logos, brassards et devises dans un large mouvement de couleurs bariolées qui donnent à la manifestation l’allure d’une kermesse. Malgré la diversité des origines politiques – quoique chrétiennes dans l’ensemble –, l’esprit qui règne est celui de l’entente nationale. «Tous ces partis politiques sont venus exprimer leur ras-le-bol contre l’occupation syrienne et leur mépris pour les divisions intestines», soutient Antoine, un responsable du CPL, qui insiste pour dire que le discours du patriarche reste celui d’un leader national et pas seulement chrétien. «Le patriarche a soulevé les problèmes de tous les Libanais. Si le mufti Kabbani avait fait les mêmes déclarations, nous aurions eu exactement des réactions semblables», poursuit-il. Quant à la récente position des ulémas du Akkar, elle aura suscité une déception générale parmi les personnes présentes qui estiment que cette attitude «extrémiste» ne reflète en aucun cas la position de l’ensemble des musulmans. Pour Antoine, qui «refuse de s’étendre sur une polémique créée par des gens qui sont noyautés par les occupants», l’attitude du camp musulman est «compréhensible», voire même pardonnable. «Beaucoup d’entre eux défendent les mêmes idées que nous, à la différence près qu’ils sont assujettis à des leaders inféodés aux Syriens, qui les ont amenés au pouvoir». Il sera rejoint par beaucoup d’autres qui nient qu’il s’agit là d’un rassemblement exclusivement chrétien, malgré les signes «apparents». «C’est la première fois que nous sommes en présence d’une personnalité qui parle au nom de tous les Libanais, pour défendre une cause nationale. Lui au moins a tenté de faire quelque chose. Nous sentons qu’il nous représente à tous, chrétiens et musulmans», fait remarquer Amale. Un jeune étudiant de l’UL acquiesce et précise : «Plusieurs de mes amis musulmans sont déjà à Bkerké. Il est temps de cesser de penser en termes confessionnels». En plus des multiples banderoles qui reprenaient des extraits des discours du patriarche ou certaines de ses prises de position, beaucoup d’autres s’adressaient directement et ouvertement à Damas : «La Syrie, hors du Liban», «Merci à la Syrie, mais ça suffit», «Non aux dissensions, tous les Libanais sont frères». Tout d’un coup, les klaxons s’intensifient et la clameur monte. Les gens qui étaient prudemment alignés au bord de l’autoroute envahissent d’un coup la voie publique et bloquent le passage du convoi. Ils encerclent la voiture du prélat qu’ils inondent de fleurs. À Dbayé, comme partout ailleurs, cet accueil triomphal traduisait fort bien le sentiment d’une société en mal de leadership véritablement représentatif, de liberté. Par-delà le caractère national qu’ont voulu donner les organisateurs et les participants à cette démonstration populaire, les chrétiens ont surtout donné l’impression d’être venus plébisciter leur représentant.
Effervescence, euphorie, ivresse collective, tous les superlatifs sont bons pour qualifier le sentiment qui a gagné les rangs des sympathisants du patriarche Nasrallah Sfeir. À Dbayé, le mouvement spontané des foules était extraordinaire par son ampleur et par sa portée symbolique. Drapeaux claquant au vent, vitres recouvertes de portraits du patriarche, les convois ont commencé...