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Actualités - CHRONOLOGIES

THÉATRE - Un monodrame de Pauline Haddad, au Monnot - Seul au monde avec sa contrebasse

Pauline Haddad signe sa première mise en scène au Monnot avec une adaptation de la pièce de Patrick Süskind, La contrebasse, dont Jihad el-Andari est l’unique interprète, omission faite de l’imposant instrument. Seul au monde avec sa contrebasse, le musicien soliloque avec sa vie, ses blessures et son espoir. «L’instrument le plus grand, le plus gros, le plus grave de tout l’orchestre est aussi le plus puissant, le plus beau, le plus indispensable», dit-il. Mais bientôt l’éloge pompeux de cette encombrante compagne, qui occupe toute sa vie, laisse apparaître les frustrations, les rancœurs du musicien et de l’homme. Peu à peu, il la dénigre, l’insulte, il la maudit, il se révolte et devient fou. Comme le héros du Parfum, comme celui du Pigeon ( du même auteur allemand), le personnage qui monologue est empreint d’une solitude extrême, exemplaire, métaphysique. Les murs qui cadrent les planches ne sont pas parfaitement verticaux. On a l’impression qu’ils se referment sur l’espace scénique. Une contrebasse trône sur un piédestal, au centre. Des barres de fer s’élèvent des deux côtés. Cordes de contrebasse ? Barreaux de prison ? Sans doute les deux à la fois. Cette pièce se présente comme une métaphore sur l’existence, sur la vie dans la société, sur la hiérarchie. Le personnage n’est pas un raté. Il a une chose pour lui, il fait bien son métier. Mais il n’a pas trouvé le moyen de conserver le plaisir qu’il aurait souhaité y trouver, il y a 15 ans. C’est toujours le drame. Ce n’est pas l’échec, c’est l’amertume, l’aigreur. Pauline Haddad est diplômée de l’Institut des beaux-arts, UL. «Je privilégie le théâtre comme moyen d’expression», dit la jeune fille qui avoue une nette préférence pour le travail en groupe. «Cette pièce aborde des thèmes universels comme la discrimination sociale, l’amour inaccessible, l’aliénation, les liens familiaux, l’identité, le choix d’une carrière, la remise en question. “La contrebasse” ne répond pas à ces questions. Je voulais juste en faire l’écho de mes pensées profondes». À l’origine, la pièce de Süskind dure deux heures. Pauline Haddad a travaillé la traduction française de Bernard Lortholary pour en faire un monodrame, en libanais, d’une heure. «Le public libanais supporte difficilement deux heures de monologue», estime-t-elle. Sur l’acteur, elle note : «Jihad el-Andari est un professionnel. Il a une endurance à toute épreuve. On a échangé les points de vue. Il ne m’a pas fait sentir qu’il avait plus d’expérience que moi». Pour sa part, Jihad el-Andari base le choix de ses rôles sur la lecture. «La documentation est très importante, décisive». Il se fie également à son flair. Il vit son rôle. Chaque soir, il tente de revivre les mêmes moments comme si c’était la première fois. L’improvisation n’est pas permise. Pour lui, le texte de Süskind est un hommage à la musique. «L’attirance de la désespérante solitude du personnage avec son humour m’a happé, comme une note se pose sur une partition avant d’être interprétée par l’instrument». «Je suis certain qu’un extraordinaire travail d’émotion nous attend pour nous-mêmes mais aussi pour le public, témoin de l’histoire, parfois douloureuse mais incontournable, de l’increvable espérance du contrebassiste», affirme l’acteur. Jusqu’au premier avril. À 20h pile.
Pauline Haddad signe sa première mise en scène au Monnot avec une adaptation de la pièce de Patrick Süskind, La contrebasse, dont Jihad el-Andari est l’unique interprète, omission faite de l’imposant instrument. Seul au monde avec sa contrebasse, le musicien soliloque avec sa vie, ses blessures et son espoir. «L’instrument le plus grand, le plus gros, le plus grave de tout...