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Actualités - CHRONOLOGIES

INSTALLATION - Salah Saouli au Goethe Institut, Manara - Le livre, le verbe et la censure

Salah Saouli, peintre et sculpteur de renom, est surtout connu pour ses installations. Les Beyrouthins peuvent actuellement se gratter les méninges à la vue d’une de ses plus récentes œuvres intitulée Crosswords au Goethe Institut, Manara L’artiste réside depuis 1983 en Allemagne. Il y a six mois, il a décidé de s’installer définitivement à Beyrouth. Désillusion ? Déception ? Ou besoin de puiser l’inspiration sous d’autres cieux ? Toujours est-il qu’il est reparti il y a trois semaines à Berlin. Sa femme, Chaza Charafeddine, a monté les installations suivant ses plans. Sur les murs, des double pages de journaux. L’artiste a découpé au cutter avec une infinie patience la plupart des mots et des images. Ne subsiste que la maquette. Et quelques mots, çà et là. Des adjectifs. «Cela représente dix heures de travail par double page de journal», note la compagne de l’artiste. Et de poursuivre : «Salah a sans doute voulu soulever le thème de la censure qui taille dans la masse des informations. Le journal devient vide. Sans substance. Ennuyeux». C’est également une pointe lancée aux critiques des journaux dont le travail se résume à aligner des adjectifs. Les écrits, la censure semblent être au centre des réalisations de Salah Saouli. L’artiste avait présenté dernièrement, dans le cadre du Salon international du livre, une installation intitulée Best seller. (Déjà présentée dans le cadre du Hamra Street Project). On y voyait de gros pavés de médecine transpercés par des morceaux de verre. Il s’agissait là des livres interdits de publication. Ces ouvrages sont souvent futiles, insignifiants. Mais à cause de l’interdiction, ou de la censure, ils deviennent des best-sellers. Le verre enfoncé dans les pages illustre la mutilation des livres, symbole de la pensée. Cette dernière est assassinée, coupée... censurée. «Le verre rapporte au thème de la violence», explique Chaza Charfeddine Saouli. À la vue de l’installation du Goethe, nombre de personnes se sont exclamées : «Cela nous rappelle la guerre, les vitres brisées». Des collections reliées de journaux anciens sont ouverts sur des manchettes en caractère gras. Il y en a 30 au total, déposés de manière à former un carré. Les morceaux de verre sont étalés dessus mais d’une manière circulaire. Chacun interprète à sa façon. «Tel que je le vois, ce cercle composé de tablettes brisées de verre me rappelle la Terre vue de l’espace. En les cassant, les morceaux prenaient parfois l’aspect de cartes géographiques. C’était assez troublant». Nous avons emprunté ces reliures de journaux à Zico, moins connu sous le nom de Moustapha Yamout. Son père était le rédacteur en chef du quotidien al-Akhbar. Des nouvelles anciennes nouvelles. Au gré des lectures, on remarque plein de similarités avec les faits du passé et ceux du présent. On note également un fait plutôt amusant. Les publicités d’autrefois étaient presque toutes rédigées en arabe. Aujourd’hui, on le sait, ce n’est plus le cas. Jusqu’au 30 avril.
Salah Saouli, peintre et sculpteur de renom, est surtout connu pour ses installations. Les Beyrouthins peuvent actuellement se gratter les méninges à la vue d’une de ses plus récentes œuvres intitulée Crosswords au Goethe Institut, Manara L’artiste réside depuis 1983 en Allemagne. Il y a six mois, il a décidé de s’installer définitivement à Beyrouth. Désillusion ?...