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Actualités - CHRONOLOGIES

CONCERT - L’Orchestre symphonique national et Zareh Tcheroyan à l’église Saint-Joseph des pères jésuites-Achrafieh - Le retour de l’enfant prodige

En simultané avec les derniers accords du Festival d’al-Bustan, l’Orchestre symphonique national placé sous la direction de Walid Gholmieh a présenté un programme fastueux à l’église St-Joseph des pères jésuites illuminée et archipleine, en plus d’un événement majeur, celui du retour (un prompt passage !) de Zareh Tcheroyan, en droite ligne de la Julliard School de New York, en soliste, lui que les Libanais avaient ovationné avec émotion lorsqu’il avait à peine douze ans et qu’il interprétait en authentique prince de l’archet un ardu concerto en la mineur de Bach. Au menu, concentré et dense, dominé par une certaine gravité, trois œuvres représentant des pages aux chatoyances orchestrales de Mozart, Bruch et Beethoven. Premiers accords bondissants avec l’ouverture des Noces de Figaro (qu’on a applaudi il y a juste quelque temps encore au Bustan !) du divin Mozart. Ouverture extrêmement célèbre, car rien ne pouvait constituer un meilleur prélude à ce jour de noces, bourdonnant d’une activité fébrile que ce court mouvement «presto». Vivante, pleine de gaieté, premiers signes sonores bien marquants d’un opéra bouffe qui allait avoir un succès grandissant, cette ouverture est un chef-d’œuvre de grâce et de charme pétillant. Une ouverture qui va en s’amplifiant et en s’accélérant, une ouverture qu’on aime entendre mais aussi qu’on ne se lasse pas de jouer. Succède aux mélodies chantantes et aux phrases toutes en souriantes élégances du maître de Salzbourg le concerto n°1 en sol mineur pour violon et orchestre de Max Bruch, œuvre au lyrisme parfois mahlérien, qui a fait d’ailleurs la célébrité de ce maître d’écriture du Conservatoire de Berlin au début du XXe siècle. Trois mouvements (allegro-adagio-presto) se déployant en grande beauté tonale avec des effets virtuoses pour violon, car l’œuvre était dédiée au départ au magicien du violon Josef Joachim. Se distinguant par la tension inhérente aux thèmes proposés, à la richesse de l’harmonie et surtout à une atmosphère passionnée et chaleureuse dominée par un violon particulièrement éloquent. À vingt-trois ans, Zareh Tcheroyan en donne une version éblouissante de maturité et d’émotion maîtrisée. Après l’entracte, place aux grands éclats beethoveniens avec la Symphonie n°3 en mi bémol majeur dite l’Héroïque. Si l’ombre de Napoléon, sa stature légendaire, sa puissance olympienne et sa majesté se profilent au bout des notes, il n’en demeure pas moins que cette narration particulièrement longue a un caractère éminemment dramatique. Originalité de l’orchestration est certaine surtout avec cette «marche funèbre» associant l’idée de la mort à celle du héros. Et c’est pour cela que Beethoven, en apprenant la fin de Napoléon, a déclaré : «J’ai écrit la musique de ce triste événement il y a de cela dix-sept ans !». Œuvre grandiose qui avec le temps a fini par être le portrait de l’«héros», tout héros, ce qui justifie peut-être la magnificence de cette narration belle mais dont on perçoit parfois une certaine emphase. Mais c’est là tout le «dire» musical d’un compositeur épris de la gloire d’un empereur à l’image victorieuse ternie par les événements et le temps... Salve d’applaudissements d’un public enthousiaste (qui s’en fiche un peu s’il applaudit par excès de zèle ou ignorance entre deux mouvements ! ) et conquis par une prestation où il a surtout retrouvé un jeune violoniste sur lequel depuis longtemps déjà il a misé et qu’il savait pertinemment à la hauteur des promesses d’une enfance à la virtuosité précoce...
En simultané avec les derniers accords du Festival d’al-Bustan, l’Orchestre symphonique national placé sous la direction de Walid Gholmieh a présenté un programme fastueux à l’église St-Joseph des pères jésuites illuminée et archipleine, en plus d’un événement majeur, celui du retour (un prompt passage !) de Zareh Tcheroyan, en droite ligne de la Julliard School de...