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Actualités - REPORTAGES

SOCIÉTÉ - La volonté de s’en sortir, une condition essentielle - II - Oum el-Nour : une lueur d’espoir - dans le monde effroyable des toxicomanes

Unique centre de réhabilitation des toxicomanes dans le pays, entièrement gratuit, car financé par les deux ministères de la Santé publique et des Affaires sociales, mais aussi par divers donateurs, le regroupement Oum el-Nour a pour objectif d’aider les toxicomanes, marginalisés par l’usage de la drogue, à redevenir des membres actifs de la société (voir L’Orient-Le Jour du 24 mars 2001). Depuis le début de l’année, l’accueil croule littéralement sous les demandes d’aide, (approximativement 45 chaque mois), le nombre de femmes frôle de près celui des hommes. «Les deux seules conditions que nous posons, pour accepter le toxicomane en cure de réhabilitation, est qu’il soit volontaire, qu’il éprouve le besoin de sortir de sa situation, et qu’il ait suivi une cure de désintoxication dans un hôpital», explique Mona Yazigi, directrice du centre. Des toxicomanes dont la moyenne d’âge ne dépasse pas 25 ans, qui appartiennent à divers milieux socio-économiques, culturels et religieux, et dont la dépendance est liée à diverses causes, comme l’influence de la société ou du groupe, la mode, le manque d’idéal, le malaise des jeunes… Des toxicomanes qui fuient leurs problèmes et se réfugient derrière une substance dont ils deviennent dépendants, et qui provoque chez eux des effets néfastes, physiologiquement, psychologiquement et socialement. Réapprendre à vivre sans la drogue Deux centres situés à Achkout et Sehailé reçoivent les hommes, alors que le centre de Feytroun accueille les femmes, et ce, pour une durée qui varie entre douze et dix-huit mois. «Au cours de son séjour, le résident bénéficie gratuitement de soins thérapeutiques et médicaux, d’un suivi psychologique, de la nourriture et de l’hébergement», reprend Mme Yazigi. Car le but du regroupement, est de faciliter la réinsertion sociale graduelle du toxicomane. Une réinsertion prise en charge par une équipe multidisciplinaire formée de thérapeutes, d’éducateurs spécialisés, de psychologues, sociologues, assistantes sociales et ex-toxicomanes, et qui aide le drogué à se reconstruire, au sein d’un groupe, dans le cadre d’une vie communautaire, tout en tenant compte de son rythme, et de la réalité de son environnement familial et social. Le programme de réhabilitation est étalé sur quatre étapes et vise à remettre de l’ordre dans la vie du toxicomane. Il consiste en un travail éducatif, analytique, cognitif et comportemental, qui lui réapprend d’abord à vivre sans avoir recours à la drogue, à supporter le manque, la douleur et la frustration. «Nous les poussons ensuite à aller à la source du problème, à essayer de connaître les raisons qui les ont amenés à se droguer, à partir de séances de partage et de dialogue», ajoute la présidente du regroupement. Un dialogue qui est essentiel, car ils s’expriment difficilement, et ne savent pas entrer en relation avec l’autre, la moindre confrontation tournant au drame. C’est ainsi qu’à Oum el-Nour, le toxicomane réapprend à bâtir une relation avec l’autre, mais aussi à organiser sa journée, à travailler dans les ateliers, à la ferme ou dans l’agriculture, à se concentrer, à donner un sens à sa vie. À ce stade, il commence à accepter la discipline, mais aussi à prendre des responsabilités et à s’occuper des nouveaux venus. La phase finale de la réhabilitation consiste en une réinsertion sociale progressive, durant laquelle le toxicomane reprend ses cours universitaires ou son travail, et réapprend à vivre en famille. Une famille qui est intégrée au programme et qu’il est important de déculpabiliser, mais qui doit s’engager à corriger et normaliser sa relation avec le toxicomane, en l’acceptant, et le soutenant, pendant et après son séjour en réhabilitation. Car le drogué souffre avant tout d’un mal-être dû à un manque de communication. «Il faut évidemment prendre conscience que la rechute fait partie de la thérapie», prévient Mona Yazigi. «En effet, si 60 % des jeunes qui ont terminé le programme de réhabilitation réapprennent à vivre normalement, 40 % rechutent», déplore-t-elle, sans compter les 35 % qui quittent le programme au bout de trois mois, car ils n’étaient pas convaincus, dès le départ, de s’en sortir. Et d’expliquer que celui qui a touché le fond, qui a vécu l’enfer du toxicomane, qui descend toujours plus bas, dans sa perpétuelle recherche du plaisir, réussit mieux sa réhabilitation que celui qui a été poussé par son entourage ou contraint par la police. Oum el-Nour est, certes, une lueur d’espoir dans un pays où peu de structures sont mises par l’État à la disposition des citoyens. Mais déplore Mona Yazigi, «nous n’avons pas de réponse à tous les problèmes de ces jeunes, et devons parfois nous résigner à accepter certains échecs». *Pour tout renseignement, téléphoner au 09/210285, durant les heures de bureau.
Unique centre de réhabilitation des toxicomanes dans le pays, entièrement gratuit, car financé par les deux ministères de la Santé publique et des Affaires sociales, mais aussi par divers donateurs, le regroupement Oum el-Nour a pour objectif d’aider les toxicomanes, marginalisés par l’usage de la drogue, à redevenir des membres actifs de la société (voir L’Orient-Le...