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Actualités - CHRONOLOGIES

Syndicats - Climat confessionnel et désunion des partis chrétiens - Le Dr Mahmoud Choucair, président de l’Ordre des médecins de Beyrouth -

C’est dans un climat de tension que se sont déroulées hier les élections à l’Ordre des médecins de Beyrouth. Trente-sept médecins étaient candidats au conseil de l’Ordre – dont seize au poste de président, quatre autres candidats s’étant retirés il y a quelques jours –, sept au conseil de discipline et six à la tête de la Caisse de retraite. Au total, six listes étaient en lice, dont deux étaient complètes. Il y avait en outre quelques rares candidats indépendants, alors que d’autres étaient appuyés par les partis politiques ou par les facultés et hôpitaux auxquels ils appartiennent. À voir l’immense tente blanche, à l’enseigne des «Amis du Dr Mahmoud Choucair», sur le terrain adjacent au nouveau siège de l’Ordre à Furn el-Chebbak, on aurait cru assister à des élections législatives et non syndicales. Le Dr Choucair, professeur à l’Université américaine de Beyrouth et directeur du dispensaire de l’hôpital de l’Université américaine, semblait sûr de son succès, dès le premier tour. Une certitude qui n’était pas celle de l’Est politique, dans les rangs duquel l’appréhension augmentait d’heure en heure. «Espérons que l’un de nos candidats passera le premier tour», ne cessaient de répéter les partisans de tel ou tel candidat chrétien jusqu’à l’heure de fermeture des urnes. Quelques votants ont, par ailleurs, jugé «inadmissible» la campagne électorale menée par le Dr Choucair. «C’est une façon de vouloir tout accaparer, indique l’un des médecins. D’ailleurs, ce qui se passe au sein de l’Ordre aujourd’hui reflète la situation générale du pays». Alliances politiques La manière dont ont été formées les listes et les alliances n’a fait que renforcer la dimension politique et confessionnelle de ce scrutin. Baptisée «Liste de la complémentarité», la liste du Dr Choucair était appuyée par le mouvement Amal, le Parti communiste et le «Courant du futur» du Premier ministre Rafic Hariri. «Les médecins de l’AUB me soutiennent, affirme le Dr Choucair, ainsi que ceux du Liban-Sud et de la Békaa». Et d’ajouter : «Je suis fier de tous ceux qui m’appuient, même s’ils viennent d’horizons politiques différents, bien que ce soit la confiance de mes confrères qui m’apportera le plus de voix». Commentant le dépôt de sa candidature un quart d’heure seulement avant l’expiration du délai limite, dans la nuit du 8 février dernier, le Dr Choucair précise qu’il est démocrate et de ce fait, il a le droit de présenter sa candidature quand bon lui semble. «Il faut savoir faire ses calculs, prendre en considération l’avis des supérieurs et s’enquérir de l’atmosphère des élections avant de présenter sa candidature», précise-t-il. Quant aux différents partis chrétiens, ils ont abordé la bataille en rangs dispersés. La liste du Dr Mario Aoun était appuyée par le Courant patriotique libre (CPL, «aounistes»). Celle du Dr Jean Biajini principalement par les différents courants Kataëb. Quant au Dr Saad Bizri, qui devait s’allier avec le Dr Mario Aoun, il s’est présenté à titre indépendant. Démentant les rumeurs sur son retrait au dernier moment de la liste du candidat du CPL suite à des pressions politiques, le Dr Bizri expliquait «qu’un accord concernant une liste complète et équilibrée n’a pu être conclu». Il affirmait, par ailleurs, qu’un candidat indépendant est plus à même de prendre, en toute liberté, ses décisions, d’autant qu’il ne relève d’aucune autorité politique. Élimination chrétienne au premier tour À 16h30, les inquiétudes des chrétiens se précisaient. Le Dr Ghattas Khoury, député et ancien président de l’Ordre, annonçait les résultats du premier tour auquel 3 100 électeurs ont participé (5 300 médecins sur 8 300 avaient le droit de voter, les autres n’ayant pas payé la cotisation annuelle). Ont été élus : les Drs Mahmoud Choucair (1 084 voix), Saad Bizri (882 voix), Maher Hamza (772 voix) et Maryam Rajab (676 voix). Un très faible écart a séparé les médecins musulmans élus de leurs concurrents chrétiens : Mario Aoun (653 voix), Élie Chucrallah (642 voix) et Roger Sfeir (628 voix). Par ailleurs, les Drs Élie Massoud et Yasser Yaghi ont été élus au conseil de discipline et les Drs Walid Dellé, Mohammed Noureddine et Jean Mouawad à la direction de la Caisse de retraite. «Nous nous attendions à ces résultats, vu le grand nombre de candidatures au sein des rangs chrétiens (onze au total)», souligne le Dr Aoun. «Ces élections n’ont rien à voir avec la démocratie à laquelle j’aspirais en tant que candidat, poursuit-il. Mes priorités consistaient notamment à préserver l’unité de l’Ordre, à défendre la souveraineté du pays et les droits de l’homme ». Peu avant le début du second tour, des rumeurs commençaient déjà à circuler concernant des pressions politiques obligeant le Dr Bizri (sunnite) à se retirer en faveur du Dr Choucair (chiite). Une fois encore, le Dr Bizri s’est vu dans l’obligation de nier ces rumeurs et d’affirmer qu’il poursuivra la bataille jusqu’à la fin. Une bataille qui s’annonçait chaude, les aounistes et le Hezbollah ayant décidé d’accorder leurs voix au candidat sunnite, et le parti des Forces libanaises dissoutes au candidat chiite. Pour leur part, les phalangistes avaient décidé de se retirer. C’est d’ailleurs la position pour laquelle a opté le conseil médical de l’Hôtel-Dieu de France qui a annoncé dans un communiqué qu’«en raison des circonstances dans lesquelles s’est déroulé le premier tour, il n’a pris aucune décision pour le deuxième tour». Au terme d’un long suspense, le nom du nouveau président de l’Ordre des médecins de Beyrouth a été annoncé vers 21h30. Le Dr Choucair a battu son collègue le Dr Bizri avec 1 028 voix contre 1 019 voix. Pour la première fois depuis près d’un demi-siècle (1 948) un médecin chiite revient à la tête de l’Ordre.
C’est dans un climat de tension que se sont déroulées hier les élections à l’Ordre des médecins de Beyrouth. Trente-sept médecins étaient candidats au conseil de l’Ordre – dont seize au poste de président, quatre autres candidats s’étant retirés il y a quelques jours –, sept au conseil de discipline et six à la tête de la Caisse de retraite. Au total, six listes...