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Actualités - REPORTAGES

Jihad Eid : dans sa prison, on le surnommait le « boiteux »

Jihad Eid, né le 29 avril 1970, étudiant en gestion informatique et caporal dans l’armée, avait 20 ans le 13 octobre 1990. En août 1990, il avait terminé son service et rendu les armes à son commandement, mais le 13 octobre, il est mobilisé sur le front de Hadeth. Sonia Eid, sa mère, porte-parole du Comité des parents de détenus, raconte : «Mon fils a été capturé par le Hezbollah, qui suivait l’armée syrienne lors de l’assaut du 13 octobre. Nous l’avons su par les combattants du ministre Élie Hobeika, reconnaissables à leurs badges. Blessé à l’épaule et au pied durant les combats, il a d’abord été soigné par le Croissant-Rouge, selon les habitants qui se trouvaient sur les lieux. «Le lendemain matin, lorsque mon autre fils et moi-même avons été pour le voir, les hommes de Hobeika nous ont arrêtés et ont dit à mon fils : “Ramène ta mère à la maison, ton frère est en de bonnes mains”. «Mais plus tard, nous avons appris que, Jihad a été remis par le Hezbollah aux Syriens, qui l’ont d’abord détenu au Beau Rivage puis transféré à Anjar». «Nous avons eu la certitude qu’il était à Anjar par des officiers de l’armée, détenus avec lui et relaxés grâce à l’intervention de M. Hobeika. Ceux-ci ont affirmé qu’il y avait 17 soldats emprisonnés avec eux, parmi lesquels mon fils Jihad». De Anjar, Jihad Eid est transféré quelques semaines plus tard à la prison de Mazzé, où, pendant plus de huit mois, il est interrogé dans la section de Palestine 235. Mme Eid affirme avoir obtenu la confirmation de la détention de son fils par le commissaire syrien qui a interrogé tous les soldats de l’armée capturés le 13 octobre : «Nous avons ainsi su que Jihad est passé chez lui», affirme-t-elle. En 1991, à condition de garder le secret en toutes circonstances et de ne pas s’adresser directement à son fils, Sonia Eid réussit à obtenir de voir Jihad. «Je les ai vus attachés à la queue-leu-leu, comme un troupeau de moutons, les mains derrière le dos et torse nu. Ils les emmenaient à l’interrogatoire. Jihad était le septième. Il boitait du fait de sa blessure», raconte-t-elle. Puis elle entame des démarches pour tenter d’obtenir un permis de visite des autorités syriennes, mais se heurte à chaque fois aux dénégations des officiers : «Une fois, un officier de l’armée libanaise nous a donné un document destiné à un de ses homologues syriens en vue d’obtenir un rendez-vous. Ce dernier l’a lu et a nié l’existence de Jihad. Je lui ai dit que j’avais des certitudes, et je me suis évanouie. Choqué, il m’a pris la main et m’a dit : “Félicitez-vous que votre fils ne soit pas accusé de terrorisme antisyrien. Il a juste servi sous le commandement de Michel Aoun”». En 1994, elle rencontre avec son mari à Damas un responsable de la section de Palestine par l’intermédiaire d’un général syrien qui lui avait promis d’obtenir une visite pour son fils. «Nous avons été chez lui. J’avais apporté des habits à Jihad. Ils nous ont fait longtemps attendre. Il est arrivé quelque temps après et nous a demandé ce que nous désirions. Puis il m’a regardé et m’a dit : “Ce garçon n’est pas entré en territoire syrien”». En 1996, un prisonnier relaxé se rend chez Sonia Eid pour lui donner des informations sur Jihad. «Il m’a dit que, suite à sa blessure du 13 octobre, mon fils avait été amputé du pied. Tous les prisonniers qui ont été relaxés par la suite me l’ont affirmé : mon fils est surnommé le “boiteux” dans les prisons syriennes», dit-elle doucement, avec beaucoup de force et de dignité. Et depuis 1996, où se trouve Jihad ? «Toutes les personnes qui ont été relaxées depuis 1996 nous ont dit que les soldats étaient dans la section politique de la prison de Palmyre. Il paraît que Jihad et neuf autres sont dans des cellules individuelles. Je pense qu’ils sont tous des soldats capturés le 13 octobre». «L’essentiel, c’est que l’État libanais lève les pressions exercées sur les prisonnier relaxés. Ils détiennent toutes les réponses à nos interrogations», conclut-elle.
Jihad Eid, né le 29 avril 1970, étudiant en gestion informatique et caporal dans l’armée, avait 20 ans le 13 octobre 1990. En août 1990, il avait terminé son service et rendu les armes à son commandement, mais le 13 octobre, il est mobilisé sur le front de Hadeth. Sonia Eid, sa mère, porte-parole du Comité des parents de détenus, raconte : «Mon fils a été capturé par...