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Actualités - ANALYSES

Fermeté du discours mais rejet de la violence - Bkerké, une voix sensée qui s’oppose à l’agitation de rue

La puissance du verbe plutôt que la force des armes : c’est ainsi que le patriarche Sfeir entend mener le combat contre la présence militaire syrienne. Il s’interdit donc d’agiter la rue. Et isole par là l’appel aouniste à l’action directe. Car la situation économique difficile du pays n’autorise pas des secousses sur le terrain. En d’autres termes, la sécurité et le pain doivent aller de pair. Une équation que l’État s’efforce de promouvoir, en restant conscient que des troubles peuvent aggraver la crise de subsistance ; et inversement, que la faim croissante peut mener au désordre. Dès lors, les Libanais ne semblent pas disposés à répondre en masse aux appels pour des manifestations, des marches ou des sit-in. Même s’il leur paraît légitime de réclamer le retrait syrien. Car ils sentent bien qu’un processus de rue ne peut que produire de mauvais effets sur le plan économique et financier, déjà bien mal en point. Les contempteurs du général Aoun mettent à profit cette tendance de réserve pour attaquer derechef l’ancien président du Conseil, en insistant sur les erreurs, qu’à leur avis, il aurait accumulées lorsqu’il se trouvait à Baabda. Ils affirment qu’il n’a pas su lire la conjoncture et qu’en proclamant la guerre de libération contre les forces syriennes, il a laissé croire qu’il était soutenu par des puissances extérieures, alors qu’il n’en était rien. Il en a payé le prix, ajoutent ses adversaires, par l’exil mais le pays de son côté a dû éponger, à cause de son pari, une note très lourde en termes de pertes en vies humaines comme en destructions. Aujourd’hui, pensent ces sources, le général Aoun se lance de nouveau, en solitaire, dans une tentative inopportune. Le patriarche Sfeir pour sa part s’oppose à tout projet qui peut mener à des heurts incontrôlables. D’autant qu’une manifestation peut facilement être infiltrée par des agents provocateurs à la solde de services manipulateurs qui cherchent un prétexte pour la répression. Donc, le patriarche souhaite que le mouvement de revendication des jeunes se cantonne dans les limites des campus universitaires ou des cours d’écoles. De leur côté, le PNL et les FL, selon les mêmes sources hostiles à l’ancien général, pourraient bien refuser de s’associer aux manifestations projetées par les aounistes, pour suivre plutôt les conseils de retenue de Bkerké. Les personnalités citées, évidemment favorables aux positions du pouvoir, dévoilent enfin leurs cartes en estimant que «les conditions qui règnent dans la région peuvent justifier le maintien des forces syriennes, car le Liban n’est pas encore en mesure d’assumer ses responsabilités stratégiques. De plus aucun État, même s’il est soutenu à fond par sa population, ne peut défier tout seul la volonté internationale. La preuve en est faite chez nous où, malgré sa forte représentativité populaire, la partie hostile à Taëf n’a pas pu le torpiller». Ce n’était pas la peine, pourrait-on remarquer, puisque cet accord n’a pas vraiment été appliqué, sauf d’une manière discriminatoire. Toujours est-il que des sources proches de Damas affirment quand même que le redéploiement est sérieusement sous étude. En précisant que ce n’était pas pour faire une fleur à quiconque, mais pour des raisons techniques. Surtout à un moment où Israël, dirigé par Sharon, se fait particulièrement menaçant. De son côté, un ministre estime que le gouvernement doit contrer le général Aoun en établissant un pont de dialogue positif avec Bkerké. Pour conforter la stabilité intérieure.
La puissance du verbe plutôt que la force des armes : c’est ainsi que le patriarche Sfeir entend mener le combat contre la présence militaire syrienne. Il s’interdit donc d’agiter la rue. Et isole par là l’appel aouniste à l’action directe. Car la situation économique difficile du pays n’autorise pas des secousses sur le terrain. En d’autres termes, la sécurité et...