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Actualités - OPINIONS

Baby alone in Babylone

Voilà ce que l’on appelle un jugement sans appel. La francophonie, et en particulier au Liban, n’intéresse qu’une très petite fraction de la population. Concrètement : pas grand monde. Ou presque. Et ce n’est pas parce qu’ils maîtrisent, parlent ou baragouinent le français, que 875 000 Libanais – dit-on – s’intéressent automatiquement, nécessairement, à la francophonie. Pauvre petite chose, pauvre petit David, tous les moulins à vent, tous les Goliath se sont ligués contre toi, tu as peut-être même fait en sorte, volontairement, involontairement, de te les mettre à dos, biche blessée, p’tit bébé perdu sans collier dans une infernale tour de B... mondialiste. «Baby alone in Babylone»... Il faudrait peut-être commencer à se mettre en tête que la francophonie, ce n’est pas uniquement manier à la perfection l’imparfait du subjonctif, épater un(e) fonctionnaire en prenant l’accent français, jacasser, toujours en français et à voix haute en terrasse ou inscrire ses enfants dans l’une des quatre ou cinq écoles hyperfrancophones du Liban. Il faudrait peut-être commencer à se mettre en tête que la francophonie ressemble, doit ressembler beaucoup plus à une façon de voir, de concevoir les choses, les rapports à l’autre, à soi, au monde. Une vision, une conception plurielles, un pont entre mille rives, beaucoup plus qu’une synthèse lisse et aseptisée, au sein de laquelle se noieraient toutes les spécificités. En la francophonie, doivent cohabiter, coexister toutes les unicités, avec – et toute la saveur est là – beaucoup de plus grands communs diviseurs. Voilà pourquoi, entre autres, un(e) Libanais(e) qui ne parle qu’arabe ou qu’anglais peut très bien défendre et faire évoluer la francophonie. Tout autant qu’un francophone. La francophonie est certainement une politique – la francophonie est surtout politique. Au Liban, plus que partout ailleurs, c’est à elle de faire se dialoguer les cultures. Plus qu’un dialogue : c’est sur une véritable polyphonie que cela devrait déboucher. Un concert de voix aux tessitures sans doute les plus variées mais qui, ensemble pour le Liban, se compléteraient, harmonieuses. Au service de tous les Libanais. Et pour qu’évolue le Liban. C’est ça, la francophonie.
Voilà ce que l’on appelle un jugement sans appel. La francophonie, et en particulier au Liban, n’intéresse qu’une très petite fraction de la population. Concrètement : pas grand monde. Ou presque. Et ce n’est pas parce qu’ils maîtrisent, parlent ou baragouinent le français, que 875 000 Libanais – dit-on – s’intéressent automatiquement, nécessairement, à la...