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Actualités - BOOK REVIEWS

CORRESPONDANCE - « L’épouse qui abdique pour mieux aimer » - Un ouvrage parjure au post-féminisme ou sa sinécure ?

WASHINGTON-Irène MOSALLI Liberté chérie, émancipation absolue, avaient réclamé à cor et à cri les féministes, il y a quelques décades. Aujourd’hui, une voix s’élève sur un tout autre ton. Elle dit, femme baissez les bras pour mieux vous libérer. En d’autres termes, «La femme qui abdique : ou un guide pratique pour trouver la passion et la paix avec son homme. C’est là le titre d’un ouvrage, portant ce titre, qui vient d’être publié sous la plume de Laura Doyle et qui, comme on s’en doute, crée des remous. Abdiquer ? Quel mot parjure et infâme, s’est-on écrié de prime abord. Attendez de lire pour voir, dit l’auteur. Tout le monde ou presque a lu. Il y a les convaincus et les toujours sceptiques et offusqués. Quid de cette nouvelle théorie ? L’auteur prend pour point de départ une expérience personnelle. Voulant au départ que son mariage soit parfait, elle incite son mari à pousser la romance, à être plus ambitieux et à tout partager avec elle. Résultat, il s’éloigne d’elle et se replie sur lui-même. Elle se retrouve isolée et épuisée d’avoir voulu tout prendre à sa charge. Pour reconquérir à nouveau son mari, elle décide de ne plus lui dicter ce qu’il faut ou ne faut pas faire. Lorsqu’elle «abdique» dans ce sens, c’est-à-dire qu’elle cesse d’exercer son contrôle, la magie opère à nouveau. Alors elle veut partager ce vécu avec les autres femmes. Laissez au vestiaire votre esprit dominateur, leur dit-elle. Elle leur dit aussi comment exprimer leurs besoins et leurs désirs en respectant les choix de leur conjoint. Ses grands principes sont les suivants : – Renoncer aux responsabilités de peu d’importance. – Résister à la tentation de critiquer, d’amoindrir et d’envoyer sur les roses son époux. – Lui faire confiance dans tous les aspects de la vie matrimoniale : des finances au lit. Bien qu’elle précise qu’abdiquer n’est pas synonyme de sujétion ni de démissions, ses détractrices sont légion et ne veulent rien entendre à la nuance entre soumission et assouplissement. Les féministes pur sucre sont indignées à l’idée d’abdiquer et de remettre leur sort entre les mains d’un homme, tout époux qu’il soit. Une attitude qui fait renoncer à l’estime de soi, à la passion, au pur épanouissement, à l’esprit d’entreprise. Tout cela pour pacifier une relation. Pourquoi alors, disent-elles, avoir lutté tout ce temps. Sûrement pas pour vivre à l’ombre d’un homme. Ce livre, s’exclame l’une d’entre elles, doit être placé sur le rayon «fiction» et non celui d’«essai et documents». Des temps durs pour le mâle Les modérées, et elles sont légion, trouvent que ces temps de post-modernisme ont été quand même durs pour le mâle, au nom de l’équité, de l’égalité et de la parité. Une légère rectification du tir ne serait pas de trop. Sans aller jusqu’à faire de ce nouveau guide, ou de tout autre livre du genre, un livre de chevet, elles rappellent qu’un excès de contrôle dans une relation n’est d’aucun apport pour l’un ou l’autre des conjoints. Il y a des domaines (l’argent, sa carrière, l’éducation des enfants) où la femme doit certainement avoir son mot à dire. Et d’autres où le conflit est inutile. À quoi servirait de perdre son temps et son énergie à vouloir changer coûte que coûte la manière de s’habiller de son mari, sa façon de conduire sa voiture, de communiquer avec sa propre famille, etc. Pour ces mêmes modérées, l’ouvrage de Laura Doyle, à l’instar de celui intitulé Les hommes sont de Mars et les femmes de Vénus, porte à réfléchir sur la complexité du dialogue entre les deux genres. Un point qui reste épineux et qui est peut-être la source de toutes les tensions conjugales. C’est pour cela que ce guide incite la femme à rendre à l’homme son dû, en prenant le sien. Abdiquer dans ces conditions devient pour l’auteur sinécure plutôt que parjure.
WASHINGTON-Irène MOSALLI Liberté chérie, émancipation absolue, avaient réclamé à cor et à cri les féministes, il y a quelques décades. Aujourd’hui, une voix s’élève sur un tout autre ton. Elle dit, femme baissez les bras pour mieux vous libérer. En d’autres termes, «La femme qui abdique : ou un guide pratique pour trouver la passion et la paix avec son homme....