Rechercher
Rechercher

Actualités - CHRONOLOGIES

THÉATRE - Au Monnot, jusqu’au 1er avril - « Thaalab el-Chimâl », une œuvre forte, violente de modernité

Mis en scène par Nabil el-Azan, Thaalab el-Chimâl (Le renard du Nord) de Noëlle Renaude se joue sur les planches du Théâtre Monnot par une brochette de très bons acteurs. Traduite en arabe par Abdo Wazen et merveilleusement libanisée par Nabil el-Azan, cette œuvre violente de vérité, d’actualité et de modernité colle parfaitement à la réalité du Liban d’aujourd’hui. Dramatique, absurde, comique, les genres se mêlent, venant souligner l’atmosphère d’éclatement de la pièce. La scénographie (Etienne Charasson) est surtout fonctionnelle, épurée, représentant partout et nulle part. Les lieux sont suggérés seulement, l’éclairage joue un rôle important. Il y a d’abord Widad (Randa Asmar), que son mari Riad al-Dacher (Radwan Hamzé) a quittée depuis 20 ans, et qui a élevé seule, et au prix de nombreux sacrifices, son fils Hikmat al-Dacher (Jad Abou Jaoudé). Elle ne cesse de lui rappeler sa généalogie, répétant sans se lasser les noms de ses grands – parents et arrière grands-parents. Lui ne l’écoute pas, il court, court, court à la recherche de son identité, mais aussi de l’amour, qu’il trouve en Poupette (Maya Zbib). Poupette, jeune fille venue de nulle part – sauf peut-être de Saint-Jean des Dunes où elle a passé ses dernières vacances – croise Angelo (Nicolas Daniel) sur son chemin. Un homme louche, un peu Satan, un peu poète, un peu clown qui essaie de la convaincre de partir avec lui. Mme Mankouz (Takla Chamoun) est une bourgeoise. Son amant, Saad Allah (Youssef Haddad), un intellectuel et écrivain, n’est autre que le meilleur ami de son mari M. Paul Mankouz (Radwan Hamzé). Il y a aussi Thérèse (Mireille Panossian), l’employée de maison, et les enfants Mankouz qu’on ne voit jamais parce qu’ils passent tout leur temps à jouer avec les enfants des voisins… Comme les habitants d’un même quartier, ces personnages se croisent, se parlent. Au fur et à mesure que la pièce avance, cet univers craque de toutes parts, et l’hypocrisie sociale et morale vole en éclats. Hikmat crache à la figure de sa mère toutes ses rancœurs et son mépris et l’on découvre que sa vie de mère n’a pas été «exemplaire» ; Widad est blessée par tant d’ingratitude mais ne relâche pas sa surveillance surprotectrice. Poupette commence par trouver Angelo laid, mais finit par le suivre, «parce qu’il a une belle voix». Mme Mankouz croyait tromper et se découvre trompée, et deux fois plutôt qu’une. Son mari et son amant préfèrent Thérèse, la bonne. Hikmat se pend. Son père réapparaît et demande à le voir. Il raconte que le célèbre catcheur, le fameux «Renard du Nord», c’était lui... Ici, on ne met pas de gants pour dire les choses. Pas de pruderie ou d’hypocrisie : la vérité éclate, brute, voire vulgaire, impitoyable, et au lieu d’être avili, l’homme n’en ressort que plus humain, plus grand aussi dans sa quête existentielle et son besoin d’amour. Le texte est beau, fort, et n’étaient de brèves expressions en français – une phrase par-ci, un mot par-là – on oublierait qu’il a été écrit en français, par un auteur français. Les acteurs sont très convaincants, la distribution parfaite. «Thaalab el-Chimâl» est un drame moderne dont les personnages pourraient être M. et Mme Tout-le-monde. Ils ne sont que plus attachants. Représentations tous les soirs à 21h précises. Relâche les lundis.
Mis en scène par Nabil el-Azan, Thaalab el-Chimâl (Le renard du Nord) de Noëlle Renaude se joue sur les planches du Théâtre Monnot par une brochette de très bons acteurs. Traduite en arabe par Abdo Wazen et merveilleusement libanisée par Nabil el-Azan, cette œuvre violente de vérité, d’actualité et de modernité colle parfaitement à la réalité du Liban...